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L’Homme à tête de chou entre dans la danse

La musique de Gainsbourg, la voix de Bashung et une chorégraphie, celle de Gallotta. Trois artistes. Une alchimie. Un spectacle phare. L’Homme à tête de chou, variations sur l’œuvre culte de Gainsbourg, a pris corps ce soir à l’espace des Trois Provinces devant plus de 600 personnes. Le spectacle a lancé le début des festivités de “Danse en mai” , orchestré par les Treize arches qui ont, avec lui, frappé fort. “Je pense que ça l’a fait”, s’est exclamé le chorégraphe Jean-Claude Gallotta, à la fin du spectacle tandis qu’il a rejoint le devant de la scène pour échanger avec le public. Un public nombreux, une salle comble, comblée et impressionnée.

Des corps, sans décor et une atmosphère plongée dans une nuit profonde, très bleue, bleue pétrole, forcément. Dans L’Homme à tête de chou, 14 danseurs du Centre chorégraphique national de Grenoble, évoluent sur une scène dépouillée et les 12 tableaux qui composent la pièce, entre narration et abstraction, retracent l’histoire d’un quadra qui tombe amoureux d’une shampouineuse délurée. Telle est la trame délirante imaginée par Gainsbourg lorsqu’il crée son album concept sorti en 1976 qui ne rencontra pas immédiatement le succès.

Avec la narration des sentiments amoureux et l’incarnation des jeux érotiques des amants, la danse imaginée par Gallotta est volubile et jouissive. Pas très orthodoxe même, mais tellement savoureuse, charnelle, érotique. La passion de leur histoire, distillée par la danse, enfle et s’envenime jusqu’à l’épisode final : l’assassinat de Marilou, petite Lolita qui joue les femmes fatales, par son amant jaloux.

La danse qui propage l’histoire, oscille entre gravité et légèreté. Chaque mouvement laisse flotter derrière lui un parfum entêtant qui prend corps dans les mots. Ceux prononcés par Alain Bashung, de sa voix sombre et moelleuse. Si dans les effluves musicales et gestuelles dominent parfois des notes morbides et désespérées, c’est l’énergie, la vitalité qui l’emportent.

Malgré l’absence, celle de Marilou, celle de Gainsbourg mais aussi celle de Bashung, disparu peu avant la première du spectacle, c’est la vie qui domine et qui déborde, de la scène, de la chair. Le fauteuil vide présent sur scène tout au long du spectacle et autour duquel s’articule la danse, témoigne de cette absence. Pourtant, ils sont bel et bien là, les deux grands: Gainsbourg et Bashung, les deux idoles de jeunesse de Gallotta qu’il respecte et admire pour leur élégance morale et artistique, leur liberté, leur dérision et leur talent.

Jean-Claude Gallotta discute avec le public“Le fauteuil vide que vous avez vu tout au long du spectacle, c’était lui, c’était Bashung”, raconte Jean-Claude Gallotta à la fin du spectacle. “J’ai créé la danse en fonction de sa présence sur scène. Il était là, il évoluait sur scène au milieu des danseurs, dans le fauteuil monté sur roulettes. Mais il est tombé malade. Il savait qu’il ne pourrait pas venir sur scène ; mais il a quand même terminé d’enregistrer l’album. Alors, même s’il ne pouvait plus être là, dans le fauteuil, j’ai voulu tout laisser en l’état, faire comme au début, faire comme s’il était toujours là.”

Spectacle phare du troisième volet de la saison des Treize arches, L’Homme à tête de chou a inauguré “Danse en mai” : une semaine où la ville se fait scène. L’événement s’achèvera samedi prochain, le 15 mai, aux Trois provinces avec la pièce chorégraphique de Robyn Orlin. Consultez tout le programme de “Danse en mai” sur le site Les Treize arches.

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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