La Ville met en place des mesures incitatives pour faciliter l’installation à Brive de nouveaux praticiens. Bourse d’études, aides au logement, au déplacement, prêt à taux zéro, centres de santé… Une démarche qui associe avec pertinence à la réflexion de jeunes et futurs médecins.
À Brive comme ailleurs, la pénurie de médecins généralistes se fait de plus en plus ressentir. Une étude de l’ORS, Observatoire régional de santé, pointe sans surprise le vieillissement inquiétant des professionnels de santé : à Brive, 31 % des généralistes ont 60 ans et plus, ce qui pose à court terme la question cruciale de leur renouvellement dans une population elle aussi vieillissante et donc en besoin grandissant de prise en charge. Ce qui se traduit déjà au quotidien pour les patients par des difficultés croissantes pour trouver un médecin traitant et des délais à rallonge pour obtenir un rendez-vous.
« On ne peut pas accepter aujourd’hui que la seule réponse vienne de la suspension du numerus clausus levé par le gouvernement, même si c’est une bonne chose. Les études de médecine durent dix ans et c’est dès maintenant qu’il faut agir », argumente le maire Frédéric Soulier. « La profession rencontre aussi une mutation radicale : les médecins d’aujourd’hui ne souhaitent pas travailler plus de 70 heures par semaine comme leurs prédécesseurs, ils veulent pouvoir concilier vie professionnelle et vie personnelle, préférant souvent opter pour un statut salarié que libéral. La vraie question est donc comment attirer de jeunes médecins. »
La Ville de Brive a ainsi mis en œuvre une stratégie d’accès aux soins, priorité qu’elle a inscrite dans le Contrat local de santé signé en octobre dernier. Pour cela, elle s’est appuyée sur un groupe de réflexion qui inclut, et c’est là toute la pertinence, des étudiants en médecine ou jeunes praticiens, les plus à même d’exprimer leurs attentes ou les freins à l’installation et qui plus est venant de facultés différentes, Toulouse, Bordeaux, Limoges.
« Le principal frein, c’est le manque de maîtres de stage »
« Il est difficile de s’installer dans un territoire que l’on ne connaît pas, dans lequel on n’a pas effectué sa formation, apprécié l’environnement et tissé son propre réseau avec d’autres professionnels de santé. Cette accroche est la clé », avance Clara Colin, 30 ans, urgentiste, l’une des jeunes médecins qui participent au groupe de réflexion mis en place par la Ville. Pour elle, « le principal frein, c’est le manque de maîtres de stage en ville ». En effet, seulement quatre généralistes accueillent actuellement à Brive des internes au sein de leur cabinet pour leur enseigner la médecine de ville. Il est question de promouvoir la démarche d’agrémentation auprès des praticiens et d’organiser des sessions de formation délocalisées.
À l’instar de cette action, le groupe de réflexion a ainsi permis de flécher différents leviers à développer : bourse pour finir les études en contrepartie d’une installation, prêt à taux zéro, solution d’hébergement pendant les stages, création de deux cabinets médicaux, d’une pépinière accompagnant pendant trois ans l’installation, soutien à la téléconsultation… (voir encadré). « Ces mesures s’inscrivent dans la complémentarité des outils déjà déployés par les différents acteurs de santé, l’ARS, la CPAM, le conseil régional, le Département, le Conseil de l’Ordre, le centre hospitalier… », précise Sandrine Maurin, maire adjointe à la cohésion sociale et rapporteur de la délibération entérinée à l’unanimité en décembre dernier. « Cette première délibération est un acte fort, volontaire, qui n’est pas neutre financièrement. Pour une bourse d’engagement sur cinq ans, la Ville versera 60 000 euros », chiffre Frédéric Soulier, qui compte bien sur cet impact comme sur « le réseautage » dans les milieux universitaires pour gagner l’attractivité médicale.
Contact pour les professionnels de santé : 05.19.59.18.07 ou santecontact@brive.fr.
La Ville a acté plusieurs mesures :