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Violences conjugales: l'affaire de tous

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Ce 25 novembre est la journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes. A Brive, cette journée de mobilisation et d’information se traduit par une intervention au centre hospitalier, tout cet après midi, du docteur Gérard Lopez, médecin-psychiatre et fondateur de l‘Institut de victimologie de Paris. Le thème: L’approche médico-légale dans le processus de prise en charge des femmes victimes de violences conjugales.

Hopital conference les femmes battues 007C’est le Préfet de la Corrèze qui a ouvert cette rencontre à la salle des conférences de l’hôpital. Dans son allocution, Bruno Delsol, a rappelé 2 chiffres qui démontrent l’ampleur du problème: 20% des homicides en France le sont dans le cadre conjugal. Seuls 8% des actes de violences conjugales donnent lieu à un dépôt de plainte. Cela montre à quel point il est primordial de sensibiliser, d’informer, de se mobiliser pour répondre à ce qu’il qualifie “d’enjeu de santé publique mais aussi d’enjeu de civilisation“.

Pour répondre à cet enjeu, il convient de mobiliser toutes les énergies, forces de l’ordre, professionnels de santé, associations, qui sont d’ailleurs nombreux dans la salle. Mobiliser, pour donner les moyens aux femmes victimes de ne pas rester seules face à leur détresse. Sur ce point, l’approche médico-légale mise en avant par le docteur Lopez est un outil supplémentaire et non négligeable.

Le système de santé est en effet le premier lieu de recours pour les victimes de violence. 25% des femmes concernées se rendent chez un médecin et notamment aux urgences de l’hôpital. Par comparaison, elles ne sont que 13% à trouver secours auprès des forces de l’ordre. Il est donc important que les médecins puissent “acter” cette démarche. Pour cela, un accord peu connu, bien qu’il existe depuis 2007, est conclu entre les caisses d’assurance maladie et les 3 hôpitaux corréziens dont celui de Brive. Hopital conference les femmes battues3Cette convention permet la prise en charge financière des actes médico-légaux pour les femmes victimes, hors réquisition judiciaire.

Ainsi, tout médecin urgentiste, ou de n’importe quel service hospitalier, peut pratiquer un examen médico-légal d’une victime, pour lui remettre un certificat médical, et cela, que cette victime ait déposé plainte ou non, et quelle que soit la gravité de ses blessures. C’est un acte gratuit et anonyme qui permettra à la personne de faire valoir ses droits quand elle en sera décidé. Pour ce faire bien entendu, il faut que les médecins soient formés aux phénomènes de violences conjugales. 60% d’entre eux le souhaitent, et l’expérience du docteur Lopez à la tête de l’Institut de victimologie de Paris, distillée cet après-midi, est pour cela un atout important.

Le but est avant tout de ne jamais laisser sans soin ni accompagnement une victime de violences. Car c’est bien une victime. La violence conjugale, comme l’a précisé le Préfet est un délit, un acte illégal. Hopital conference les femmes battues 6Qui dit délit dit auteur et sanction, victime et assistance. Outre les personnels hospitaliers, les policiers et les gendarmes sont aux premières loges. Ils ont obligation d’enregistrer une plainte, ou au moins de faire une “main courante” pour, là aussi, acter le fait de violence. Pour Bruno Delsol, de gros progrès ont été fait dans ce domaine pour que les victimes soient accueillies avec “tact et discernement”.

Médecins, policiers, gendarmes, la mobilisation est aussi l’affaire de chacun d’entre nous. Briser le silence est le premier geste à avoir, que l’on soit victime, ou que l’on soit témoin. L’important est de montrer à ces femmes qu’elles ne sont pas seules face aux violences, qu’elle soient physiques, sexuelles, verbales, psychologiques, économiques, ou plusieurs à la fois. Il faut signaler les faits aux services d’urgences par le 15, aux forces de l’ordre par le 17, le 18 ou le 112 par portable. Et parce qu‘il faut en parler pour s’en sortir, il existe un numéro national d’écoute: le 3919.

Patrick MENEYROL

Patrick MENEYROL

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