La Victoire retrouve de son éclat perdu. De la pollution et des ans, ce monument dédié aux héros de 14-18 a subi un outrage heureusement réparable. “Il était temps d’intervenir”, explique Frédérique Nicot, restauratrice métal, qui effectue un micro-sablage… à la poudre de noyaux d’abricot. Un nettoyage très doux, eu égard à cette respectable structure, avant un triple cirage qui protègera le bronze. Tout devrait être terminé pour les cérémonies du 11 novembre.
“Ce monument, c’est un peu comme un grand malade“, compare la spécialiste. “Dans une première phase, avant l’été, nous avons procédé à l’analyse qui nous a permis de poser un diagnostic et de proposer un protocole de traitement, c’est-à-dire comment on va soigner la corrosion active, comment on va redonner de la lisibilité dans les visages, enlever les chlorures, ces grosses coulures vertes…” Sur le bronze, des soudures apparentes. Des croutes noires bien visibles ont fini par dévorer la patine. “Le but, c’est de stabiliser la structure. Très sincèrement, il était temps d’intervenir. C’est comme si le monument était à vif, sans rien pour protéger sa peau.”
Le monument n’avait jamais été rénové depuis sa mise en place en 1923. Mais ce qui pose le plus souci à l’équipe tri-disciplinaire (la restauratrice métal, une autre de la pierre et un logisticien pour l’agence Nova Cella), c’est le mauvais état des soudures et de la patine. “Les documents des archives municipales nous ont appris qu’il y a avait eu un problème de délai dans la livraison du monument qui devait être inauguré par Raymond Poincaré. Du coup, la patine et les soudures ont été faites à l’arrache. Cela nous oblige à faire très attention pour ne pas abîmer plus le bronze.”
Drapés dans un échafaudage, les trois poilus reçoivent stoïquement, en braves soldats de ce qu’ils croyaient être “la der des ders”, un traitement minutieux. Le sablage doit être très doux et se fait à la poudre de noyaux d’abricot à faible pression. “On projette l’abrasif à une pression adaptée à la couche noire ou de chlorure à enlever. Ensuite, on va protéger le bronze avec trois couches de cire, la première à chaud, les deux autres à froid.” Il faudra aussi en passer par quelques retouches pour homogénéiser l’ensemble. Un chantier suivi de près par les boulistes, naturellement aux premières loges. “C’est amusant, ça montre qu’ils sont très attachés à ce monument.” Ils pourront d’ailleurs lui rendre un bel hommage le 11 novembre prochain en commémorant l’armistice de ce qui fut un premier conflit mondial.
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