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Un village ravive son “foyer”

L'inauguration du four à pain

C’est un samedi un peu “endimanché” pour le village de Lacoste, une dizaine de maisons sur la commune de Chasteaux. De mémoire, le hameau n’a jamais connu un tel attroupement: on inaugure le four à pain qui vient d’être restauré. Et tout se finira en partageant le pain cuit la veille dans ce même four.

Coupure du ruban 15h. Sur place, devant le four, les villageois attendent. Aujourd’hui, c’est jour de fête, on a soigné la tenue. Il y a là toutes les générations. Pour les autres, le rendez-vous est plus bas, à Chasteaux, afin de se regrouper dans les voitures pour monter à Lacoste, “la grand route” y est bien étroite. Enfin, tout le monde finit par arriver. La cérémonie peut commencer et chacun se presse autour de la petite construction qui a retrouvé sa splendeur pour garder dans sa mémoire ce jour inaugural.

La plaque inauguraleIl y a là les six maires de la communauté de communes Vézère Causse avec leur président également conseiller général Jean-Jacques Delpech, le maire de Brive Philippe Nauche, le sénateur René Teulade, Jean Combasteil, le sous préfet Francis Soutric… On coupe le ruban, on dévoile la plaque, on admire l’ouvrage: “Vous vous rendez-compte, la lauze pèse 250 à 300kg au m2!”, s’exclame un participant. “Oui, mais le poids porte sur le mur et non la charpente”, fait remarquer en connaisseur Etienne Patier. Le coût de cette restauration s’élève à 10.000 euros HT. Le conseil général de la Corrèze a accordé une subvention de 70%. Pour financer le restant à la charge de l’intercommunalité, un appel a été lancé en partenariat avec la Fondation du patrimoine aux généreux donateurs. La messe étant dite, tout le monde converge à Chasteaux pour les discours et surtout goûté à la tournée de ce four.

La veille, l'attente autour du pain qui cuitCar la veille, les habitants étaient aussi là autour de leur four qui ronronnait silencieusement. André y cuisait le pain pour l’inauguration. Spontanément, les villageois et d’autres résidents de la commune sont venus soutenir le boulanger occasionnel.

Dans le four, une vingtaine de pains doraient lentement, ainsi que quelques tartes apportées par Fabienne et Monique, adjointes au maire de Chasteaux. “On va les manger ensemble dès qu’ils seront cuits.” Et ça papote gentiment, évoquant histoires et nouvelles, comme avant, du temps où le four donnait à plein régime. “Houla! Ça doit faire 50 ans, oh bien”, lance Claude. “Pas plus”, atténue Renée. “Il fonctionnait encore quand je suis arrivée et c’était en 1952.”

André, le boulanger du jour“Le four appartenait au village. Les habitants l’ont cédé à la commune”, explique Thierry, lui aussi adjoint au maire. “Autrement, jamais, il n’aurait été réparé”, ajoute Claude. Le four délaissé, au toit branlant, avait fini par servir d’abri aux jeunes attendant le bus, puis interdit car trop dangereux. La restauration s’est faite dans l’été. La charpente a été refaite, ainsi que la toiture tout en lauze. L’ambiance est décontractée, conviviable. “Demain, ce sera plus officiel. On sera en costume cravate”, s’amuse un voisin. L’heure sera solennelle. Aujourd’hui, loin de la foule inaugurale, les habitants se sont réappropriés leur foyer d’antan.

Une appétissante fournée“Avant, la nuit, ils mettaient les betteraves à cuire, le four ne restait jamais vide”, rappelle une villageoise. Et de souvenirs en souvenirs, les liens se retissent. On papote pour passer le temps, en attendant que le pain cuise, savourant le plaisir d’être réunis. “Environ, une heure trente”, évalue André. “Il y a trois semaines, on a fait un essai, pour voir s’il fonctionnait bien. Tout le monde a porté des rillettes, à boire et on a fait casse croute. C’était sympa.” Et déjà de penser à faire chauffer le four pour les fêtes… et pourquoi pas une fête du pain? Allez, soyons fous et faisons lever la pâte: et si le village refaisait lui-même son pain un jour par semaine?

un exceptionnel toit de lauze

retour de flamme

le petit pain destiné à une petite fille

brossage de la tourte

alors il est bon ce quignon encore tiède

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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