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Un prestigieux prix pour un couple d’artistes innovants

Dom et Jean-Paul Ruiz étaient déjà connus pour leurs photographies, peintures, installations et livres d’artistes. Voilà leurs gravures à quatre mains auréolées de la première mention au prix international René Carcan en Belgique. “C’est la reconnaissance d’un travail inédit entamé depuis six ans“, se réjouit Jean-Paul, bien connu du Centre municipal d’arts plastiques de Brive où il a enseigné de très nombreuses années.

Leurs gravures paraissent abstraites et en un déclic surgit un paysage, pour chaque observateur le sien. “C’est le cerveau qui construit l’image“, raconte ce couple uni depuis plus de 40 ans dans la vie comme dans l’art. “C’est une expérience visuelle, on ne peut pas l’expliquer: il faut la vivre, être devant pour comprendre.” On va malgré tout tenter de vous expliquer succinctement ce qui sous-tend leur créativité.

Leur démarche émane du concept de “géotopoét(h)ique” que ce duo de plasticiens en totale synergie, a inventé il y a six ans. Ils se sont rapprochés des neurologues pour comprendre la façon dont notre œil envoie les infos à notre cerveau et comment celui-ci reconstruit l’image par corrélation avec nos acquis. Ils ont ainsi composé une démarche artistique basée sur nos perceptions du paysage. Leur façon de traduire les relations tenues qui existent entre l’être humain et son environnement, leur façon aussi d’habiter ce paysage par un travail qui se revendique poétique.

“Il y a dans notre travail quelque chose d’inédit. Ce que l’on voit parait abstrait. Mais il faut qu’il y ait le déclic pour que dans un second temps, avec le jeu de la lumière, apparaisse un paysage révélé.” Et chacun y trouve ainsi une évocation personnelle. “C’est comme une Madeleine de Proust.” Plus étrange, ce que notre œil ne capte pas spontanément, l’appareil photo, lui, est capable de le figer. Preuve que les méandres de l’humain sont décidément bien complexes.

C’est le conservateur de la Bibliothèque nationale, Jean-Marc Chatelain, qui après avoir vu des gravures dans un de leurs livres d’artistes, les a orientés vers les galeristes et notamment la réputée Paul Prouté à Paris, l’une des plus anciennes galeries françaises, consacrée à l’estampe et aux dessins anciens et contemporains. L’accueil a été des plus élogieux, au point de retenir aussitôt des œuvres. “Elle n’a qu’une dizaine d’artistes vivants et on en fait partie!”, s’étonne toujours Jean-Paul.

Ils ont également commencé à faire des concours internationaux. Ils ont ainsi participé au concours Mario Avati de l’Académie des beaux-arts en figurant dans la sélection des 16 finalistes sur 800 candidatures. Au tout aussi prestigieux prix René Carcan, ils viennent de recevoir cette première mention du jury international, équivalente à la place du deuxième meilleur artiste. Les règlements de ces prix n’admettant pas les œuvres collectives, ils ont concouru d’un commun accord sous le nom de Jean-Paul Ruiz, en prévoyant d’inverser la donne la prochaine fois.

Le prix leur a été remis le 5 février dernier à Bruxelles, à la bibliotheca Wittockiana, à l’occasion du vernissage de l’exposition des lauréats qui s’y tiend jusqu’au 1er mars prochain. Les artistes corréziens exposent aussi actuellement à la médiathèque de Carros dans la région niçoise et à la manufacture d’images à Ambert. Leur carnet d’expositions comme de résidences témoigne d’un parcours sans frontière: Beaubourg, le Musée d’art et d’histoire de Genève, la Bibliothèque nationale, Nyamey au Niger, Alexandrie et Port-Saïd en Égypte, Dreux, Biarritz… Nul n’est prophète en son pays dit-on. À quand une exposition des Ruiz à Brive ?

Pour en savoir davantage sur leur démarche, leur site djpruiz.fr/fr et cette vidéo réalisée par Carros TV dans le cadre de leur exposition à la médiathèque André Verdet.

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Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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