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Un patrimoine arboré entretenu et à protéger

Dans le cadre de la Semaine (s) du développement durable, les services Espaces verts de la Ville ont organisé une visite du patrimoine arboré de Brive, en particulier de son centre. Mathieu Beringuier, le monsieur arbre de la Ville, accompagné de Frédéric Buisson, le chef du service, ont dirigé cette visite au pas de charge. Douze points et presque autant de lieux étaient à découvrir. Passionnant.

Rendez-vous était donné, à la Guierle, sous le kiosque, pour débuter cette visite du patrimoine arboré de la Ville organisée dans le cadre de la Semaine (s) du développement durable. Mathieu Beringuier, le monsieur arbre de la Ville, comme tout le monde le surnomme, peu habitué à ces prises de paroles, l’homme est plutôt réservé, débute par ce qui selon lui anime toute cette visite. « Ce que je souhaiterais transmettre aujourd’hui, ce que j’aimerais faire comprendre, c’est l’importance de préserver ce patrimoine, ces arbres, car c’est un patrimoine qu’on nous a légué. Il faut en prendre soin, c’est notre rôle en tant que service des espaces verts. » C’est aussi « prévoir et anticiper en remplaçant les arbres malades ou qui meurent pour faire perdurer ce patrimoine », ajoute Frédéric Buisson, chef de service. L’autre enjeu est bien entendu de faire absolument baisser la température dans la ville. Une ville végétalisée permet de gagner quelques degrés. C’est un constat. Le Service des espaces verts s’y emploie également.

Prendre soin et prévoir

Cette visite débute donc par la Guierle, véritable écrin de verdure et de biodiversité en cœur de ville. Ce nom Guierle vient de Hierle qui veut dire île marécageuse. Dès la fin du 18e siècle, on y plante principalement des platanes, d’abord le long du canal, qui a aujourd’hui disparu, puis, avec l’acquisition par la Ville de terrains appartenant à la famille Le Clere, on continue les plantations et on aménage des allées. La Guierle devient au cours du 19e siècle un parc. Depuis cette époque, elle a souvent évolué par l’intervention de l’homme, volontairement ou maladroitement, ou de façon involontaire, avec, par exemple, la tempête de 1999 qui a fait énormément de dégâts.

Finalement, des premiers aménagements, il ne reste que deux allées quasiment d’origine. L’allée centrale et l’allée Étienne-Patier, le long de la Corrèze, qui s’appelait autrefois allée du Tapis vert, en référence sans doute à la pelouse du parc. Ces deux allées ont donc été, au fil du temps, conservées. Encore aujourd’hui, le service des espaces verts veille méticuleusement sur ces deux voies ombragées. Malheureusement, récemment un platane de l’allée centrale a dû être arraché car malade, ce qui risque d’en bousculer tout l’équilibre. Mathieu Beringuier est particulièrement inquiet au sujet de l’arbre situé juste en face de celui qui est mort. « Il lui apportait son ombre de ce côté-là et le protégeait. » Un autre arbre de cette allée, malade du phellin, a toute l’attention de Mathieu. « On le surveille sans pouvoir faire grand chose. C’est incurable ».

Les maladies puis la mort des arbres viennent de nombreux phénomènes, comme particulièrement de la sécheresse, mais aussi parfois de l’intervention de l’homme. La taille, qui a souvent été mal maîtrisée, a infligé de nombreuses blessures aux arbres entrainant presque automatiquement des maladies. Mais aussi, et cela peut paraître paradoxal, les maladies peuvent surgir par un trop bon entretien des parcs notamment. En fait, il faudrait laisser les feuilles au sol plutôt que de les ramasser. Elles apportent de la nourriture à l’arbre. « Aux Pierrières nous ramassons moins, comme nous pratiquons également une tonte raisonnée, pour préserver la biodiversité. Nous avons des remarques, mais pourtant c’est une solution pour entretenir et prendre soin des arbres et des espaces verts », explique Frédéric Buisson. De la même manière, un trop gros arrosage peut entraîner un phénomène de tassement et priver l’arbre d’oxygène…

Pas de tilleul sur la promenade des Tilleuls

Alors que nous quittons la Guierle pour nous diriger vers un autre site, nous apprenons que la Promenade des Tilleuls n’est pas plantée de tilleuls mais de chênes rouges d’Amérique. Arrivés avenue de Paris, l’artère possède aussi un alignement de platanes. Si Mathieu souhaite s’arrêter quelques instants ici, c’est pour nous montrer le travail du service des espaces verts dans la sécurisation du domaine public, puisque sur un arbre encore une fois malade, on peut apercevoir qu’un système de haubanage maintient des branches de l’arbre. Autre lieu, autre arbre, même s’il s’agit toujours d’un platane, le préféré de Mathieu. C’est peut-être le plus ancien de Brive, il est impressionnant par sa circonférence et il trône majestueusement dans le petit jardin du collège des Doctrinaires qui accueille la mairie. Entouré d’érables du Japon, cet arbre a certainement plus de 200 ans. « C’est un des plus beaux et un des plus emblématiques ». Creux à l’intérieur, il a subi de nombreuses tailles, il vit toujours malgré tout. Lui aussi a un système de haubanage pour éviter que ses grosses branches s’affaissent. « Son tronc creux est un incroyable biotope. »

Petit décrochage par la place du Civoire pour observer l’immense cèdre de l’Himalaya parfaitement entretenu et taillé par les services de la Ville. « Il mesure une vingtaine de mètres, on le taille au sécateur de façon arrondie pour qu’il épouse les lieux. On appelle ça une taille d’adaptation. » Un travail sensible et d’une extrême précision. L’arbre s’est également parfaitement accommodé aux contraintes des lieux. Dans un sol totalement artificiel, il arrive à trouver les ressources nécessaires pour se développer. Il y a au moins autant de longueur de racines dans le sol qu’il est grand en surface.

Un arbre coupé = un arbre replanté

On remonte vers le sud de la ville, arrêt boulevard de Puyblanc, sur lequel des platanes jeunes ont été plantés récemment après que certains, malades, aient été coupés. « Dans le cadre du plan 1000 arbres, à chaque fois que nous coupons un arbre, nous en replantons un. » A l’origine ce sont des ornes qui étaient plantés, sur cette première ceinture des boulevards, puis on a planté des platanes à la veille du 19e siècle. Il ne reste plus beaucoup d’anciens arbres… on renouvelle tous les ans et on replante des platanes pour garder l’ensemble paysager le long de ces boulevards. On a renouvelé au 3/4 la première ceinture.» A chaque nouvel arbre planté, les services des espaces verts créent une fosse de 9 m3 en sous-sol afin que l’arbre en surface puisse s’épanouir. Il lui faut de l’espace. « Les racines qui remontent et qui cassent les trottoirs, c’est parce que l’arbre vient chercher de l’air…»

L’occasion aussi d’apprendre que le phénomène de courbe qui crée une voûte sur les boulevards n’a pas été voulu à l’origine. « C’est par défaut qu’elles ont été créées ». Aujourd’hui, l’idée serait de revenir à un mode de gestion comme par le passé où on laissait l’arbre pousser sans taille intempestive. Cela créerait également beaucoup d’ombre et apporterait de la fraîcheur.

Les particuliers ont aussi un rôle à jouer

A deux pas de là, le square Auboiroux, derrière la halle Gaillarde, présente une belle diversité d’espèces, même si certains ont disparu, la faute en particulier à la sécheresse. Notamment les vieux Cèdres qui ont a priori du mal à s’adapter aux épisodes de fortes sécheresses.

Si la Ville a son rôle à jouer dans la préservation des arbres, les particuliers aussi. La preuve, non loin de là, avec ce magnifique arbre couché sur la terrasse d’un restaurant boulevard Jules-Ferry. Le propriétaire a même fait un peu plus que le conserver, puisqu’il a créé tout un environnement adapté pour que ce Catalpa continue de vieillir paisiblement.

On poursuit vers l’avenue Alsace-Lorraine. Mathieu souhaite nous montrer ce qui, pour lui, est l’avenir en termes de gestion des arbres le long des boulevards. En début de voie, de l’hôtel Le Collonges jusqu’au bar Le Lord environ, l’alignement de platanes et leur coupe sont parfaits. « Les arbres amènent de l’ombre à la fois sur la route et sur les façades des maisons. »

La visite se termine. Mathieu et Frédéric nous font passer par la magnifique allée de platanes du musée Labenche avant un dernier focus sur l’ancienne sous-préfecture qui désormais abrite la Croix-Rouge française avec son magnifique Cèdre.

Julien Allain

Julien Allain

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