Depuis deux jours, le grand orgue de la collégiale Saint-Martin a retrouvé celui qui l’a si bien restauré: le facteur Philippe Emeriau est venu dépoussiérer ses vieilles peaux. D’autres opérations d’entretien devraient être programmées pour lui redonner un souffle neuf. En tout cas, c’est dans les tuyaux.
Avec sa lampe frontale, il se glisse sous le clavier, se faufile tel un spéléologue dans les entrailles de l’instrument qu’il bichonne et pour lequel il ne cache pas son admiration: “C’est l’un des très beaux sur lequel les organistes aiment jouer. Ils sont tous unanimes“. Ce grand orgue construit en 1860, c’est aussi son œuvre puisqu’il l’a lui-même restauré voila 22 ans, en 1989. Depuis, l’artisan d’Angers vient deux fois par an pour effectuer un entretien régulier. Cette fois, l’intervention est différente: la poussière qui s’engouffre par les vitraux, s’est accumulée au fil des ans et encrasse la moindre parcelle de l’orgue. Philippe Emeriau exhibe les peaux des soufflets de pédales qu’il vient de changer: elles sont devenues poreuses et une épaisse couche noircit l’un des côtés. Il lui reste maintenant à accorder l’instrument pour que ce qu’il appelle “les poumons de l’orgue” puisse souffler à plein tube. L’organiste titulaire Charles Balayer suit attentivement l’opération.
“Une deuxième opération similaire sera nécessaire, cette fois sur la machine Barker”, prévient le facteur. Il s’agit de la mécanique proprement dite: un dispositif pneumatique qui permet de diminuer la résistance des touches des claviers. “Il y a 54 peaux de soufflets, l’intervention sera forcément plus importante”, prévient le spécialiste. “La Ville envisage l’opération”, répond Thierry Pradel, responsable des archives municipales. “Cet orgue est un patrimoine vivant et nous faisons en sorte de conserver l’instrument en bon état.”
Dans un troisième temps, il faudra aussi en passer par un relevage, c’est à dire un grand nettoyage assorti d’un accord général. “Un minimum de trois mois de travail sur place et à quatre personnes” évalue Philippe Emeriau. L’occasion d’ajouter des combinateurs qui permettraient à l’organiste de préparer des séries de registrations pour faciliter l’exécution.
Ce week-end, dans le cadre des journées du patrimoine, le public pourra mieux admirer ce grand orgue de Jean-Baptiste Stoltz et apprécier sa facture plus appropriée au registre du romantique français: