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Un imam à Bossuet

L'imam Tareq Oubrou devant les lycéens de Bossuet

Cet après-midi, les 250 élèves en 1ère et terminale du lycée Bossuet avaient tous rendez-vous à l’ancienne chapelle pour écouter l’imam Tareq Oubrou venu leur parler de laïcité. Une rencontre plutôt insolite qui n’a pas manqué d’échanges et d’humour en forme d’arabesque: “Si le ciel nous divise, la terre nous réunit”.

Le directeur François David, l'imam Tareq Oubrou et Philippe Lapousterle, cofondateur du Grand débatOn est dans un lycée privé catholique, ça prouve qu’on est ouvert. C’est ça la laïcité, le respect des personnes”, estiment Clémence et Jeanne parmi les élèves de 1ère. “Ça va enrichir notre culture, notre raisonnement et nous aider en philosophie”, considèrent Louise, Claire et Samira dans les rangs des terminales. Il fallait oser cette rencontre qui n’a pas fait l’unanimité chez les parents d’élèves. Alors d’emblée, le directeur François David a cadré l’événement: “La liberté c’est d’accepter la contradiction.”

Tarq OubrouTrès vite, l’auditoire a été séduit par ce médiatique imam de Bordeaux à l’intonation modulable. “En France, la laïcité n’est pas une doctrine mais le cadre dans lequel se rencontrent et s’expriment les religions, un espace public de régulation. Elle se construit au fil de l’histoire. Les catholiques, les juifs, se sont adaptés à cette sécularisation. Pas les musulmans. L’intégration s’accomplit de fait, mais le morceau est un peu gros, il faudra du temps.” Un travail d’adaptation qui pour lui doit s’accomplir de part et d’autre. “Par le dialogue, pour pouvoir découvrir l’universel en nous. Tous les enfants d’une même famille ne se ressemblent pas. C’est le singulier qui est universel.” Ce discours semé d’allégories a captivé les élèves qui en oubliaient même de prendre des notes.

Les questions n'ont pas manquéL’intervention a soulevé les questionnements chez les jeunes esprits: Pourquoi vous êtes-vous tourner vers l’islam? Comment expliquer les guerres entre les religions? La montée de l’extrême droite? De quelle égalité parle-t-on?… “Il faut que la foi soit éclairée par la raison“, a répondu Tareq Oubrou. “Les guerres sont faites par les hommes, pas pas les religions. Ce sont des idéologies séculières qui ont produit la barbarie du 20e siècle, les 1ère et 2e guerres mondiales, pas les religions.” Quant aux extrémismes, “c’est un mauvais symptôme qui indique un mal quelque part. Dans la misère, dans l’ignorance, se développe l’intégrisme, la radicalisation.” Un imam qui prêche “pour la modération, de part et d’autre et pour l’intérêt général de la nation française. Il ne peut pas se réaliser au dépend d’une partie de cette population.”

Tareq OubrouEt la burka, faut-il la tolérer?”, interpelle une élève. “La loi rien que la loi”, réplique aussitôt l’imam. “Pour moi, c’est une tente qui se déplace mais pas dans le désert. Je n’ai pas envie de discuter avec une femme voilée. C’est une insulte pour l’islam qui n’est pas là pour bâcher les femmes.” Le départ des transports scolaires aura quelque peu mis un terme à un dialogue qui aurait pu durer. La discussion reste ouverte et notamment ce soir, à 20h30 au théâtre municipal, au dernier Grand débat de la série, avec ce questionnement: Islam et laïcité sont-ils compatibles? Interviendront Tareq Oubrou, cette fois face à un plus large public, et Christian Makarian, directeur délégué de la rédaction de l’Express. Un intitulé que l’imam reformulerait plutôt en “L’islam dans la laïcité de la République.”

Des lycéens trés attentifs

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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