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Sylvain Tesson et son “peut-être rien jamais”

Bien avant de recevoir lundi dernier le prix Renaudot, sa Panthère des neiges chez Gallimard avait déjà engrangé un beau succès qui tient autant à cette ode à l’une des dernières beautés sauvages du monde qu’à l’esprit vagabond de son auteur insatiable arpenteur.

“On ne la voit pas arriver. Tout à coup, elle est là.” Sylvain Tesson a réalisé son rêve: il a vu  la panthère des neiges, l’un des rares spécimens qui se cachent sur les plateaux du Tibet. Et il fallait bien l’espérance d’une apparition pour que  Sylvain Tesson accepte de se tenir immobile. Lui plus enclin aux bonheurs trépidants et au goût pour le monologue dans la solitude de ses longs voyages, a dû se soumettre à l’immobilité et au silence de l’affût. “Il faut accepter le peut-être rien jamais”, la possibilité d’un rendez-vous manqué. Que seul ne compte que le chemin.

Une attente qui relèverait “presque de la foi”, si ce n’est “qu’à la différence du religieux, l’objet du désir est bien réel et non pas une chimère”. Il n’empêche, l’apparition touche au domaine du sacré: “À chaque fois que je l’ai vue, j’ai eu la sur apposition des visages de deux femmes. Nous allons très loin, nous voulons faire des choses très compliquées, pour rallumer des souvenirs en nous-mêmes. “Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais pas trouvé” écrivait Pascal.” Et d’invoquer Saint-Augustin avant lui: “Oh beauté, je te cherchais en dehors de moi et voici que tu étais en dedans”.

L’écrivain, géographe, aventurier, homme de lettres assurément, arpente les mots comme les paysages: en suivant un long cours. “Ma capacité de déclencher de l’émerveillement doit être très bas. Tout m’émerveille. Tout me donne envie de vénérer ce que je vois par des mots. J’aime créer un formulation à partir d’une sensation.” Ce qu’il finit par vulgariser: “J’aime écrire ce que je vis”. Car Sylvain Tesson se veut “un auteur de l’observation”. Ses “organes de captation du réel” – ses cinq sens – lui “suffisent largement à la moisson” qu’il fait. “J’ai une immense admiration pour les romanciers qui font jaillir des mondes et créent des royaumes. Moi quand je ferme les yeux, c’est noir”, s’amuse-t-il. Insatiable amoureux des mots. Inassouvi voyageur. “Vieillir, c’est ne plus avoir d’appétit. Moi, j’ai encore faim.” Pour notre bonheur aussi.

 

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Marie Christine MALSOUTE, Photos : Diarmid COURREGES

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