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Sur le chemin des mots

Jean-Robert Gaucher

Jean-Robert Gaucher vous entraîne Sur le chemin des mots, titre de son cinquième recueil de poésies classiques paru aux éditions du Ver luisant. Cet amoureux exigeant de la rime pose un regard attendri et plein d’humanité sur ce monde qui l’entoure. Le Briviste dédicacera son recueil samedi 14 mai à Cultura. Rencontre.

Du plus loin qu’il se souvienne, la poésie a toujours bercé sa vie. “Ma mère me lisait des poèmes. A quatre ans j’en récitais moi-même, oh, ce n’était que des petites choses d’enfants…” Et voilà le septuagénaire qui se lance, avec un œil malicieux: “Je suis le coq, cocorico…” Les vers jaillis d’un autre temps sont restés imprimés dans sa mémoire. Comme beaucoup d’autres depuis.

le bloc à poésiesLa poésie, c’est un mode de pensée“, affirme Jean-Robert Gaucher. Elle aura structuré la sienne et accompagné son adolescence. “J’en écrivais beaucoup, ils n’étaient pas très fameux”, confesse-t-il. Un temps, sa carrière professionnelle à la SNCF mettra sa boulimie de la rime en sourdine… jusqu’à ce que la muse vienne à nouveau le titiller, la quarantaine passée, et ne plus le lâcher. “J’écrivais trois ou quatre poèmes par jour. J’avais à dire… sur tout et rien en particulier, pas forcément autobiographique, et je n’arrivais pas à écrire tout ce que j’avais à exprimer. J’écrivais, j’écrivais… et je stockais. Je n’avais jamais eu l’intention de publier.”

C’est le peintre André Piazza, goutant son lyrisme, qui l’incitera à sauter le pas; il illustrera par la suite ses recueils. Ainsi parait en 2001 Voleur d’étoiles, “des poèmes tendres dans l’esprit des troubadours”, vite épuisé et qui pourrait bien connaître une troisième édition. Les recueils suivants parus à un rythme constant tous les deux ans, dont les trois premiers préfacés par Michel Peyramaure, mêlent ses réflexions diverses, sur les sentiments, la nature, l’espoir, la maladie, le temps qui passe mais aussi, notamment dans ce cinquième récemment paru, quelques beaux coups de rages savamment tournés comme Dénoncer, Solidarité?, Vingt ans après ou Filles des douleurs

“C’est une phrase entendue qui va faire le déclic, j’écris un premier jus qui n’est jamais définitif et que je vais ensuite policer et parfaire.” Car cet autodidacte acharné obéit à la plume exigeante de la poésie classique. Fables, flâneries ou sonnets se plient à la rime, au nombre égal de pieds… Une soumission aux règles indispensable d’où dépendent pour lui beauté et harmonie du texte. “On apprend vraiment que par le travail et la contrainte“, affirme Jean-Robert Gaucher. “Je suis content lorsqu’on me critique, ça me fait progresser, plus que les compliments, même s’ils font plaisir.”

Sa recette en poésie: “Il faut aimer, pouvoir le dire et surtout beaucoup, beaucoup travailler. Etre doué ne suffit pas.” Celui qui a été président du Club des arts et des lettres pendant 12 ans, son fondateur également, regrette que cette poésie tant aimé ne soit pas plus valorisée. “Vous dites que vous êtes poète et tout le monde sourit“, déplore-t-il. “C’est pourtant la base de l’écriture classique, comme le dessin est celle de la peinture. Elle permet d’apprendre à parler, à écrire, à s’exprimer, à structurer notre pensée, tout ce qui fait notre richesse.” Le passionné des mots aura même un temps assuré des cours de poésie en classe, de la CM1 à la 3e. “Je commençais par leur réciter le poème que j’avais composé pour mon petit-fils qui s’intitule Mon petit chat.”

Le canapé aux poésiesJean-Robert Gaucher vit poésie et compose presque comme il respire, une seconde nature. Ses poèmes qu’ils numérotent, se compilent en un stock impressionnant dont il préfère taire le nombre. “Vous savez, ils ne sont pas tous satisfaisants.” Quelques uns iront nourrir ses deux prochains recueils déjà en préparation: le sixième qui paraîtra l’an prochain sera consacrée au cyclotourisme, son autre passion. “Mais c’est en poésie néoclassique, moins recherchée, plus spontanée”, minore ce vélomane. Le septième prévu pour sortir l’année suivante reviendra à cette versification classique qui le passionne tant. Sa philosophie pour appréhender le monde et comme disait Beaudelaire capter ainsi ce qu’il y a “d’éternel dans le transitoire”.

Sur le chemin des mots de Jean-Robert Gaucher aux éditions du Ver luisant, 18 euros (2011). L’auteur dédicacera son ouvrage samedi 14 mai de 10h à 12h et de 14h à 18h à Cultura. Ses précédents recueils: Voleur d’étoiles (2003), Méli mes mots (2005), Autant en emportent les mots (2007), Au fils des mots (2009).

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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