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Rugby : l’Europe s’éloigne pour Brive

On s’était pris à rêver d’une nouvelle aventure, sans y croire vraiment. On avait même fini par s’en persuader. La raison aurait voulu que l’on soit plus mesuré. Le champion d’Europe en titre, ça doit être quelque chose, puis Brive carbure moyennement ces temps ci, mais non, on se disait qu’à domicile, il va se passer un truc, un événement. Mais voilà, la réalité l’a emportée. Ces Irlandais du Leinster ont tellement bien joué qu’ils ont brisé tous nos rêves sans doute farfelus. Brive trébuche et chute sur ce score (36-13).A la fin du match, comme toujours, il y avait autant d’entraîneurs, de techniciens que de spectateurs dans le stade. Les commentaires fusent : il faut faire ceci, il faut changer cela. Rien de neuf sous le couchant du soleil. En revanche, un ancien champion d’Europe, qui souhaite garder l’anonymat, sait de quoi il parle, son analyse est sans concession : “Quand nous avions joué les Harlequins, nous avions d’emblée mis une pression d’enfer sur tous les impacts, et, au bout de dix minutes, nous étions les patrons sur le terrain. Aujourd’hui, je n’ai pas vu d’agressivité, les joueurs ne se sont pas sublimés comme ils auraient dû. On aurait peut-être perdu, mais le match aurait pris une autre tournure. Le public n’a pas bronché, ou si peu”.

Ce sont les chœurs irlandais qui ont résonné dans ce stade. Il faut dire que les raisons de s’enflammer pour les supporters brivistes ont été rares. Les Irlandais ont envoyé du jeu, bien qu’ils aient été menés au score d’entrée sur une première pénalité de Goode. Ce ne fut qu’une illusion de domination. Les gars du Leinster vont tisser une toile implacable. Leur jeu est structuré autour d’une troisième ligne qui pète le feu au sein de laquelle Jamie Heaslip est apparu comme le fer de lance. Les Brivistes ont été trop spectateurs et pas suffisamment acteurs dans les premières minutes face aux champions d’Europe, ça ne pardonne pas. Rob Kearney, l’arrière auteur du premier essai, s’est retrouvé étrangement seul, il a marqué sans aucune opposition.

Les Irlandais ont profité des fautes à répétition de leurs adversaires régulièrement sanctionnés. La technique de l’étau que l’on resserre sans pitié a parfaitement fonctionné. Le buteur visiteur a marqué encore et toujours. Une sacrée gâchette, ce Jonathan Sexton, qui en première période va réussir 14 points sur les 19 de son équipe. Brive affiche 6 points, deux pénalités de Goode.

En seconde mi-temps, on prend les mêmes et on recommence, aucun changement dans les deux armées. Les Irlandais sont dominateurs, ils sont à deux mètres de la ligne au terme d’un enchaînement de haute volée. O’Kelly veut tordre le coup à son compatriote briviste Christian Short. Pénalité pour Brive mais aussi sursis. Quelques secondes plus tard, Sexton ajoute 3 points (22-6).

O’Kelly évite la prison pour ce geste pour le moins dangereux, mais l’ailier Isa Nacewa ira purger dix minutes de purgatoire pour un plaquage haut sur Alexis Palisson.  A 14 contre 15, on se dit qu’il y aura forcément des nouvelles possibilités pour Brive, et bien non!

L’essai tant attendu viendra, mais trop tard : Vosloo conclut une phase de domination collective. Transformation de Goode (22-13). Il reste un bon quart d’heure à jouer, alors pour la première fois, on entend le public. Illusion encore : sur le renvoi, les Irlandais du Leinster réagissent en champions. En deux temps trois mouvements, les voilà derrière la ligne. Et toc, la réaction a été cinglante. Transformation assurée par Sexton au physique de gendre idéal (29-13). La ballade irlandaise se poursuit avec un troisième et dernier essai de MClaughlin qui a bénéficié d’une passe en or massif de l’ailier Nacewa, vif comme l’éclair. L’empreinte du talent. Essai transformé (36 – 13). Les Irlandais ont concrétisé leur suprématie sur le terrain. Les espoirs brivistes de poursuivre l’aventure européenne sont réduits en cendres. Maintenant, il faut se replonger dans le Top 14 avec la venue, dès samedi prochain, du Racing qui devrait être privé de son géant, Chabal, qui aurait toujours bobo au genou. Et dire que cette coupe d’Europe devait régénérer les ambitions sur ce terrain là aussi. On peut bien parler de défaite.

Jean René LAVERGNE

Jean René LAVERGNE

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