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Renan Luce: "plus rock'n'roll sur la scène que sur le disque"

Il parle comme il chante: d’une voix douce, un tantinet éraillée, au fil de mots pesés, de pensées posées. D’un naturel bienveillant, Renan Luce, joint il y a une poignée de jours par téléphone, s’est prêté au jeu de l’interview avec une agréable simplicité. Il sera sur le sable de Brive festival lors de la dernière des trois soirées de concerts, dimanche 20 juillet.

Quatre années ont passé depuis la sortie de son second album Le Clan des miros. Quatre ans durant lesquelles Renan Luce, dont le physique d’éternel ado a l’art de faire oublier sa trentaine bien entamée (34 exactement) , a pris le temps. Le temps de vivre, de voyager (il a fait une croisière sur le Mississippi), de grandir (il est devenu père) et d’écrire aussi. L’auteur compositeur interprète qui a explosé avec son premier opus Repenti, en 2007, revient aujourd’hui avec D’une tonne à un tout petit poids.

  • Les racines

“A la maison, on écoutait beaucoup de chansons françaises : Brassens, Trénet, Nougaro, Renaud. Ma mère était instit’; elle faisait écouter pas mal de chansons à ses élèves, pour les éveiller je pense. C’est sans doute lié, mon frère a commencé le piano vers 8 ans, et moi, comme un bon petit frère, j’ai fait comme lui. Plus tard, adolescent, j’ai été influencé par des artistes vus en concert comme Miossec, Louise Attaque, Noir Désir ou les Têtes raides.”

  • Etudes de commerce

“J’ai fait ça pour gagner du temps, je ne me voyais pas à l’époque partir avec ma guitare, je commençais tout juste à écrire des textes. Mais en vérité, depuis tout petit je rêvais de devenir chanteur ; en découvrant le chant, je m’étais rendu compte de l’incroyable moyen de communication qu’il représentait.”

  • La percée

“A la fin de mes études, je suis monté à Paris, j’ai fait un stage dans une boîte de production de concert et à côté, je faisais des concerts dans les bistrots. J’ai fait des rencontres importantes : mon manager, éditeur… Il y avait beaucoup de sérénité et d’insouciance dans cette période. J’étais finalement assez confiant. Des festivals m’ont vite accueilli, des artistes m’ont pris en première partie, et le choix de jouer tous les dimanches dans un petit théâtre parisien a été fructueux. Sans compter qu’au départ, on se satisfait de très peu. Je me souviens à Rennes de mon premier concert dans un petit bistrot. Après avoir écouté ma maquette, ils m’ont dit “Ok”! Ce oui était pour moi déjà gigantesque. Et la seule perspective du prochain concert suffisait à se motiver.”

  • Voix-guitare

“J’aime ce côté brut, épuré. Ça veut dire quelque chose pour moi si les paroles et la mélodie arrivent à fonctionner toutes seules comme cela. Puis, dans cette forme, il y a déjà la place pour faire plein de choses. Je n’en ai pas encore fait le tour.”

  • Vers et rimes

“Je pense que ça vient de l’enfance, des poésies qu’on nous faisait apprendre. J’ai le sentiment que les rimes renforcent le texte et confèrent plus de force au propos. C’est une contrainte, parfois un casse-tête, mais qui me guident aussi. Elles m’entraînent vers de bonnes surprises. Par exemple, pour la chanson La Boite, mon idée de départ était de parler de ce que l’on peut faire par amitié. La boîte a dû arriver car elle rimait avec quelque chose. C’est ensuite l’idée du texte qui est née.

  •  La bonne chanson

“J’essaie d’attraper l’évidence mais elle est souvent un peu coriace. Et j’essaie d’éviter d’écrire au kilomètre en enchaînant les rimes. Il faut que je sois porté par quelque chose d’intime même si après cela est fondu dans le récit.Il y a une part de magie dans cela. Cela fait écho à un sentiment au fond de moi. Je prends ma guitare et des phrases viennent qui accrochent ou pas. Quand elles se mettent à raconter quelque chose toutes seules alors je sais que je suis sur la bonne voie.”

  • La mélancolie

“C’est un beau sentiment, profond, propice à l’introspection. Un sentiment dans lequel j’aime me mettre pour composer même si dans la vie j’ai surtout besoin de bonne humeur.”

  • Au travail

“J’essaye différentes choses car je traverse pleins de phases. J’essaye parfois de m’astreindre à des horaires pour faire sérieux même si je sais qu’il n’y a rien de mieux que l’instinct. Une fois,  je vais passer une semaine dans mon studio en Bretagne, et c’est magique alors, plus tard, tu veux y retourner dans l’espoir que ce sera aussi bien mais c’est l’enfer, tu n’écris rien. Alors tu retournes à ta vie de famille et c’est pendant la sieste de ta fille que te viennent les idées. Il n’y a pas de règle. Je vis avec ça. C’est à la fois excitant et décourageant. Mais il n’y a rien de mieux que de trouver une porte d’entrée qui t’amène sur le chemin d’une bonne idée). Puis sur des textes, ça vient tout seul. Ça a été le cas avec Amoureuse d’une flic, La Boite ou Voyager qui sont ludiques ; moins avec Courage où je me retrouvais plus dans l’ordre de l’intime avec l’envie de vraiment bien tourner ce sentiment fugace. D’une manière générale, il me semble que cet album est plus riche musicalement, la voix posée différemment, moins chuchotée, moins rocailleuse avec un rendu plus pop. ”

  •  La scène

“Avant d’y être j’adore et j’angoisse. Voilà deux mois qu’on y est et ce n’est que du plaisir. C’est très énergique. Je suis dans le lâcher prise. Sur scène, c’est plus rock’n’roll que sur le disque. ”

  •  Brive comme…

“J’imagine une rivière ou un fleuve tout autour ; de l’eau vive, voilà ce que je ferais rimer avec Brive.”

  • Brive Festival

“En regardant sur internet, j’ai lu que la première soirée était décrite comme élégante, celle dont je fais partie, le 3e soir, comme populaire. J’aime écrire des chansons populaires, je n’ai pas de problème avec ça mais j’aime aussi l’élégance. Je ferais en sorte que le concert soit aussi populaire que classe et élégant !”

 

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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