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Quand survient la première gifle

La lutte contre la violence faite aux femmes était au cœur des préoccupations hier après-midi à la CCI de la Corrèze, à Brive, où le docteur Roland Coutanceau tenait une conférence. Organisée à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes – fixée par l’ONU le 25 novembre de chaque année -, elle a permis au psycho-criminologue d’ouvrir de nouvelles perspectives pour la prise en charge des victimes de violences conjugales.

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Organisée par la direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations, via la mission aux droits des femmes et à l’égalité, la conférence-débat tenue hier par le docteur Roland Coutanceau a permis de mieux comprendre l’origine de la violence conjugale comme la loi du silence qui règne encore trop souvent chez les victimes. Un public nombreux était rassemblé pour y assister. Et pour cause, Roland Coutanceau est une personnalité connue et reconnue dans son domaine.

C’est surtout un docteur aux opinions atypiques qui ne s’est pas contenté de brasser les idées qu’on entend d’ordinaire sur ce thème ni de rabâcher des chiffres qu’il est pourtant toujours bon d’avoir à l’esprit: une femme meurt encore tous les 2 jours et demi en moyenne sous les coups de son mari et l’an passé, 20% des homicides ont été le fait de violences conjugales.

De gauche à droite, le préfet de Corrèze Sophie Thibault, le procureur de la République et le docteur Roland Coutanceau“En France, on a trois instances de parole distinctes: une pour l’auteur de violences, une pour la victime et une pour l’enfant témoin. Mais elles ne communiquent pas entre elles alors que certaines familles continuent de vivre ensemble après le dévoilement des maltraitances. Je ne trouve pas cette prise en charge-là brillante. Dans ce cas-là particulièrement, il faut accompagner la famille comme elle est et si elle se reconstruit, comme il n’est pas si rare que ça arrive, et même si ça en choque certains, il faut la prendre en charge dans son ensemble”. Sa solution: “la pluridisciplinarité d’un réseau complémentaire dans le post-dévoilement”. Et sur ce terrain, même si de nombreux dispositifs ont été créés avec un réseau dense d’associations, comme l’a rappelé Sophie Thibault, préfet de Corrèze, il reste beaucoup à faire pour relier toutes les instances entre elles.

“La faiblesse de l’échiquier français est que chacun travaille dans son coin en étant persuadé de faire le meilleur travail. Or il faut travailler ensemble”, n’a eu de cesse de répéter le docteur qui en a profité au passage pour remettre en cause la légitimité du secret médical idéalisé dans l’hexagone, selon lui. Dans le cadre d’une complémentarité des réseaux, le respect de ce secret ne ferait que bloquer le travail des soignants. “Ce secret est au service de qui? Du patient ou de la bonne image que le professionnel a de lui-même”, a-t-il interrogé lors d’une conférence qui a eu soin d’apporter des solutions nouvelles et qui a osé questionner certaines pratiques et habitudes installées mais peut-être pas si sensées.

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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