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Prévenir l’AVC à la force du mollet

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Philippe Meynard et son tricycle électrique a fait étape ce matin halle Brassens d’où il s’est mis en route pour Limoges. Parti de Pau le 14 octobre, cet ancien maire de Barsac (33), lui-même victime d’un AVC en 2014, arrivera à Bordeaux le 28 octobre, veille de la journée mondiale de prévention contre les AVC. Un périple de 1.000 km passant par les 12 départements de Nouvelle-Aquitaine et visant à sensibiliser la population à cette pathologie qui touche 170.000 personnes en France chaque année.

avc-2“C’était il y a 18 ans, un samedi soir”, commence non sans mal Didier. “Je venais de regarder un match du tournoi des Six Nations. J’étais fatigué d’un gros chantier sur lequel je travaillais. Il y avait un peu de cigarettes, un peu d’alcool, mais sans plus. En descendant soigner les bêtes, j’ai subitement perdu l’usage de la parole et tout mon côté droit s’est paralysé. Je suis tombé sur le terrain pentu. J’ai essayé de me relever en m’accrochant au grillage mais je n’y suis pas arrivé. Alors je me suis mis dans un coin et j’ai attendu qu’on vienne me chercher.” Aux côtés de kiné et d’ergothérapeute, avec patience et détermination, il a dû tout réapprendre: à écrire de la main gauche, à parler, se laver, manger. “C’était affreux.”

avc4Philippe Meynard, porte-parole de la campagne de prévention lancée par l’Agence régionale de santé (ARS) Nouvelle Aquitaine, et lui-même victime d’un AVC en 2014, a décidé d’agir. Après sa marche entre Bordeaux et Agen en 2015, il s’est lancé sur son tricycle électrique dans un tour de la Nouvelle-Aquitaine pour porter le message de prévention auprès des habitants de la grande région. Il a fait ce matin étape sur le marché de Brive où l’attendaient notamment l’élu municipal Christian Pradayrol et l’association des Aphasiques corréziens.

Première cause de handicap chez l’adulte, comme le rappelle le docteur Sami Boukhris, chef de service de neurologie de l’hôpital de Brive, mais aussi 2e cause de démence après Alzheimer et troisième cause de mortalité, l’AVC est une pathologie grave et très fréquente.” Il touche une personne toutes les 4 minutes en France. En Corrèze, 714 personnes en ont été victimes en 2015 et 89 décès liés à cette maladie ont été recensés. Selon le docteur, “quelque 400 personnes victimes d’un AVC transitent dans l’année par l’hôpital de Brive.”

Pourtant l’accident vasculaire cérébral peut être combattu efficacement. Et c’est ce message que l’Agence régionale de santé Nouvelle-Aquitaine veut porter sur le territoire. Elle rappelle d’abord les facteurs: hypertension artérielle, trouble du rythme cardiaque, diabète, alcoolisme, sédentarité et surpoids; mais aussi les signes qui doivent alerter: une hémiplégie, le trouble de la sensibilité, de la parole ou de la vue. La survenue soudaine d’un seul de ces symptômes doit suffire à agir. avc7Et dans ce cas-là, une seule chose à faire: appeler le 15. “Les études ont montré que toutes les autres actions font perdre du temps”, explique le docteur Sami Boukhris. “La fenêtre d’action est très étroite. La prise en charge doit être faite dans les 4h30.” Seule une intervention rapide est à même de sauver une vie et diminuer le risque de séquelles qui, dans un cas sur trois, demeurent invalidantes. “Seulement 10% des victimes peuvent bénéficier de la thrombolyse à temps, or c’est un traitement efficace qui permet de détruire le caillot sanguin.”

L’Agence régionale de santé qui a fait de ce combat “une priorité” s’attache donc à “amplifier la prévention, à promouvoir les actions de santé” (alimentation et activité sportive) et à garantir un maillage opérationnel pour que la prise en charge puisse intervenir “en tout point du territoire“, a terminé Romain Alexandre, pour l’ARS.

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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