Entrée en matière réussie avec le concert événement de Goran Bregovic donné en l’honneur de l’ouverture de la 29e foire du livre. Hier soir à l’espace des Trois provinces, l’artiste serbe accompagné de son Orchestre des mariages et des enterrements a fait salle comble. Le public en a redemandé. L’artiste, pas avare, en a resservi.
Paré de son habituel costume blanc, Goran Bregovic a rejoint la scène discrètement, en s’installant derrière sa guitare. Il ne la quittera que deux heures plus tard après plusieurs rappels. Accompagné de son irrésistible Orchestre des mariages et des enterrements qu’il a lui-même formé voilà plus de dix ans et avec lequel il parcourt le monde, Goran Bregovic a offert un spectacle à la croisée des chemins, à la croisée des influences, à l’image de la composition de cet orchestre peu conventionnel réunissant une fanfare tzigane, des percussions, des cordes classiques, des chanteuses traditionnelles et un chœur orthodoxe serbe.
Dans sa première partie, la pièce musicale fait alterner des ambiances mélancoliques et plus pêchues. Dans la seconde, l’atmosphère se fait vraiment stimulante et exaltante avec la percée des cuivres, la forces des cordes unies aux voix du chœur. Sans compter les cordes de la guitare qui prennent vie sous les doigts de l’artiste serbe et de la grosse caisse qui n’a pas son pareil pour emmener à sa guise toute la joyeuse parade.
Au cœur du concert, il y a aussi la pièce narrée par une jeune conteuse. Car cette musique a une histoire, celle de la reine Margot. Un sujet que Goran Bregovic connait bien puisque, en plus d’avoir réalisé la bande originale de plusieurs films de Kusturica, il a aussi composé celle du film de Patrice Chéreau, La Reine Margot. Mais, audace du compositeur, il fait le parallèle entre cette reine, souveraine manipulée et sacrifiée par son époux, et le destin de femmes prises dans la tourmente des années communistes de Staline et Tito.
L’artiste serbe, ancienne rock star reconnue, sait comment électriser son public. Il le prouvera dans ses rappels et offrira les très attendus In the death car extrait du film Arizona Dream et Kalashnikov, acclamé par un public qui a rejoint les abords de la scène. Son dernier rappel a été une chanson à boire de la première guerre mondiale. “Et 1, 2, 3… Chargez!”, crie le public à la demande de l’artiste. Désormais chargée à bloc, la salle ne s’est pas fait prier et l’a plébiscité.