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Patrick Deville: “Pour moi, l’écriture c’est la grande jubilation”

Patrick Deville, prix Femina de cette rentrée pour Peste & choléra (Seuil), épopée sur le destin de Alexandre Yersin, explorateur du bout du monde qui a découvert le bacille de la peste, est sur la Foire ce week-end. Il était aussi ce matin dans l’Orient Express et s’est livré sur la place du voyage dans ses travaux, sur sa vision de la littérature. Rencontre avec l’écorché voyageur. 

Il a le visage marqué, pas seulement par la fatigue, par la vie sans doute aussi. Le cheveux est faible, blanchissant mais le regard perçant. Pas seulement perçant par la couleur, perçant surtout par son intensité A voix basse, entrecoupé de nombreux silences, Patrick Deville s’est confié ce matin, bercé par le tremblement et le ronron de l’Orient Express.

Brive Mag: Quelle est la place du voyage dans votre œuvre?

Patrick Deville: Il est central. Si les sujets sont ailleurs, je m’y rends. C’est indispensable. Mon travail se décompose en plusieurs phases: le voyage, la documentation. Ce n’est qu’après que l’écriture peut se faire. Enfin, écrire! Pour moi, c’est la grande jubilation. Il n’est plus question de voyager, de vérifier. Enfin tout ça c’est fini. L’écriture peut se faire n’importe où. Cela peut tout aussi bien être dans une cave, peu importe. Moi j’ai écrit mon dernier livre dans trois hôtels du Vietnam, sans sortir, jour et nuit, en utilisant le room service. La création artistique est un moment de solitude.

Une solitude subie ou chérie?

A un moment donné, je me suis demandé si j’étais seul pour pouvoir écrire ou si j’écrivais pour pouvoir être seul. Je suis quelqu’un de très solitaire. Parfois, le fait d’être écrivain devient une excuse pour justifier mon attitude: je disparais et ça devient acceptable socialement parce que j’écris.

Que représente la littérature pour vous ?

La littérature, c’est la saisie poétique du réel, c’est aussi un rempart contre la barbarie. Je me demande d’ailleurs si ça ne serait pas une bonne idée de payer les gens pour qu’ils lisent. Que lecteur devienne un métier rémunéré. On reprendrait tout, des œuvres grecques jusqu’à celles d’aujourd’hui pour que le souvenir des textes reste, que les livres survivent aux générations.

 

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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