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Ovation au tribunal de Brive

Une classe applaudie au tribunal de Brive

Il est rare d’entendre des applaudissements à l’issue d’un procès. Qui plus est une “standing ovation” décernée par des professionnels de la justice. C’est le jugement récolté par les 29 élèves de seconde 7 du lycée Cabanis pour le procès qu’ils ont créé et mis en scène dans la salle d’audience du tribunal de Brive. Avec un verdict jusque là gardé secret. Un grand bravo à tous.

Minutes du procès

La courLe verdict est enfin tombé : trois ans de prison dont un avec sursis contre les six requis par le procureur. S’ajoutent l’annulation du permis de conduire avec interdiction de le repasser pendant cinq ans, une obligation de suivre un stage de sensibilisation et un total de 250.000 euros au titre de divers dédommagements. Ainsi se clôt le vrai faux procès d’un accident de la route qui a causé la mort de trois personnes dont une femme enceinte de 7 mois, a cloué une jeune fille dans un fauteuil roulant et causé un traumatisme crânien irréversible pour une cinquième victime. Du lourd!

Que ce soit en robe noire laissant voir jeans et baskets, en polo bleu ciel de la gendarmerie ou assis dans un fauteuil roulant, chacun a tenu très sérieusement le rôle qui lui incombait dans cette affaire montée de toute pièce. Devant un public de professionnels, professeurs, parents et journalistes.

L'avocat de la défense sous l'oeil attentif du substitut du procureur“C’est remarquable”, s’extasie le procureur, le vrai, Edmond Bisiaux, venu assister en spectateur à ce procès pas tout à fait comme les autres. “Formidable”, s’accordent les représentants de L’aide aux victimes. “Impressionnant”, “Super boulot”, “Je pense qu’ils s’en souviendront longtemps”, glane-t-on à l’issue du procès. “Ils ont dû fournir beaucoup de travail en amont”, estime le procureur.

Le fait est que les lycéens préparaient ce projet depuis septembre, sous la houlette de deux professeurs Nathalie Marchou et Marielle Alary et de la CPE Michèle Coelho. L’expérience a déjà été menée dans l’hexagone, mais c’est la première fois qu’elle était tentée à Brive. Les 29 élèves ont créé l’affaire de A à Z, inventé les faits, rencontré des professionnels de la justice, de la police et des associations de victimes d’accidents de la route. Ils ont écrit les plaidoiries et les réquisitions, travaillé leur rôle avec le comédien Cédric Laroche.

L'entrée du prévenuEnfin, le jour tant préparé est arrivé, ce lundi 11 mai à 9h30, dans la salle d’audience du tribunal de Brive. Le jeune prévenu est entré, menotté, entre ses deux camarades gendarmes (de vraies menottes apportées juste avant la séance par un policier). La sonnerie a alors retenti et le public s’est levé pour l’entrée de la cour. Comme pour de vrai. Au brouhaha a succédé le silence dans l’assistance. La salle entrait dans une autre dimension.

Sur le banc des avocats de la partie civile

Les avocats des parties civiles ont alors à tour de rôle joué l’apitoiement en appelant à la vie gâchée des victimes, le procureur a appuyé son réquisitoire de silences accusateurs, l’avocat de la défense s’aidant de la colère a semé le doute dans l’assistance. Le prévenu, brisé lui aussi par cet accident, a subi ces paroles tête baissée… Il y avait même des journalistes d’un jour couvrant l’affaire. On s’y serait cru. Les professionnels, les vrais, cantonnés dans l’assistance ont apprécié… Et comme dans la réalité, il a fallu attendre les délibérations de la cour pour entendre le verdict, connu des seuls élèves et qu’ils avaient tenu secret jusqu’au bout, même à leurs professeurs.

Plaidoirie et jeux de manchesEt puis la cour s’est retirée définitivement, les gendarmes ont emmené le prévenu. Et tout de suite les applaudissements, reconnaissance suprême pour ces 29 élèves.

“Je suis soulagée. Le lieu était très impressionnant“, reconnaît Charlotte, l’une des avocats de la partie civile, qui n’en revient pas de sa performance. “Le plus stressant était le fait qu’il y avait de vrais juges et de vrais avocats dans la salle. Il fallait être à la hauteur”, ajoute Morgane, le procureur.

“J’étais complètement imprégnée de mon rôle. C’est la seule façon que j’avais pour réussir à défendre le prévenu. Je ne pensais pas à autre chose. Lorsqu’on voit de telles affaires à la télévision, on ne pense pas que ceux qui commettent des actes aussi graves peuvent être défendus. Avec ce procès, j’ai appris qu’en fait, on n’était pas si coupable ou si innocent que ça.” Un procès qui aura eu le mérite de susciter la réflexion chez ces futurs conducteurs.

La sortie vers la prison

Avant la plaidoirie de la défense

Derniers réglages juste avant le procès

Du côté des victimes

Du grand jeu d'acteur

Avant le procès: conseil de professionnel pour mettre les menottes

Petite photo entre "collègues"

Au cours du procès

Dans l'assistance, les acteurs du projet retenant leur souffle

Après le procès, sous le feux de questions de la presse, la vraie

Requisitoire du procureur du jour

Le prévenu à la barre

Le procès mis en scène

Véronique Seille, conseillère municipale, le substitut du procureur et le comédien Cédric Lavaud.

Quand la fiction rejoint la réalité: toutes ressemblances avec des personnages ou des faits connus ne serait que pure coïncidence.

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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