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Noir, c’est noir de monde !

Signe des temps, à la Foire du livre de Brive, les auteurs de romans noirs génèrent des files d’attente toujours plus impressionnantes. D’où vient ce succès grandissant ? Éléments de réponse avec Karine Giebel.

Oliver Norek

“Ça fait bien au moins une heure que je patientais !”, calcule Eddie. Et chaque fois, mourir un peu et Trauma(s), les deux tomes composant le dernier opus de Karine Giebel, ont aussitôt rejoint dans son sac à dos Les guerriers de l’hiver, dernier roman d’un autre maître du genre, Olivier Norek. Le lecteur n’est pas forcément adepte du genre, n’a jamais lu ni l’un ni l’autre de ces deux auteurs, mais avait très envie de les découvrir.

Chanceux et courageux Eddie, car il aura été le dernier, à 12h30 ce samedi, à pouvoir emporter sa dédicace avant que Karine Giebel prenne enfin sa pause restauratrice. De toute la matinée, elle ne s’est pas levée, si ce n’est pour se prêter régulièrement à un selfie. Et si sa maison d’édition n’avait pas gentiment joué les gendarmes, le flot aurait pu perdurer…

“Le poignet, ça va, j’ai l’habitude, mais j’ai besoin d’une pause”, sourit Karine Giebel. Elle connait bien la Foire du livre de Brive. “La première fois, ça devait être en 2008, j’ai dû venir au moins 7 fois.” Un eprésence qu’elle juge bénéfique. “L’écriture, c’est une passion, des heures et des heures de travail solitaire en étant traversée d’émotions diverses car lorsque je commence une histoire, je ne sais pas jusqu’où elle va me mener. Alors, c’est super important de pouvoir rencontrer les lecteurs, de connaître leurs ressentis, leurs propres émotions. C’est aussi encourageant.”

Michel Bussi

À leurs kiosques disséminés à travers l’Espace Brassens, les Franck Thilliez (deux heures d’attente tout de même), Sandrine Collette, Olivier Norek, Sonia Delzongle ou Michel Bussi font également face à un flot incessant de lecteurs derrière des montagnes de livres qui fondent comme neige au soleil. Nous avons également nos locaux reconnus comme Franck Bouysse.

À chacun son registre, plus ou moins noir, et son lectorat qui goûte le style comme d’autres les arômes d’un bon cru. Car le genre, longtemps perçu comme du roman “de gare”, avouons-le, même méprisé, a vu sa réputation changer et son attrait s’affirmer.

Qu’on le taxe de policier, polar, thriller policier, thriller psychologique, cosy crime ou autre roman à suspense, il a gagné ses lettres de “littérature noire” en cataloguant du même coup la “blanche”. Comment expliquer ce succès grandissant qui se retrouve d’ailleurs au fil de plusieurs rencontres à thème programmées pendant la Foire du livre ?

Franck Bouysse

“Il y a l’intrigue, mais ça parle d’abord d’être humain, de la nature humaine et de la société qui nous entoure, de problèmes sociétaux”, avance Karine Giebel. “Et il y a aussi la façon de raconter qui tient en haleine.”

Une part de notre humanité et du style donc que les lecteurs dévorent, vite, comme en apnée. Frémir comme l’enfant aime se faire peur avec des histoires. C’est  aussi jubilatoire que libératoire. Alors le noir, c’est pas si noir et il y a de l’espoir.

Sandrine Collette

Franck Thilliez

 

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Fatima Kaabouch

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Fatima Kaabouch

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