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Michelet: “la gauche lui a été nécessaire”

Michelet et la gauche

A l’occasion du 41e anniversaire de la disparition d’Edmond Michelet, Pascal Bousseyroux, agrégé d’histoire, a tenu une conférence dans la petite salle du théâtre. Elle a permis d’éclairer les convictions politiques de cette figure complexe alternativement de gauche puis de droite. Michelet, opportuniste ? Tout le contraire. 

Dépôt de gerbe à la stèle MicheletOrganisée par l’association Edmond Michelet avec le soutien de la Ville de Brive, la commémoration du 41e anniversaire de la disparition d’Edmond Michelet a commencé par un dépôt de gerbe, lundi, place de la liberté. Elle s’est poursuivie dans la petite salle du théâtre municipal où Pascal Bousseyroux a proposé une conférence sur le rapport d’Edmond Michelet à la gauche. Un angle riche pour mettre en lumière toute la complexité de cette figure engagée tantôt à gauche, tantôt à droite, mais toujours restée fidèle à ses convictions.

Michelet et la gauche2“Bourgeois, clérical, bonapartiste. Edmond Michelet concentre toutes les figures combattues par la gauche. Pourtant, il suscite le respect de ces mêmes gens de gauche”, fait remarquer Pascal Bousseyroux en introduction à son propos riche et fouillé. Mieux comprendre la singularité des convictions politiques de Michelet nécessite de rappeler son département de naissance, la Corrèze, imprégnée de gauche, et sa formation intellectuelle: Michelet est un grand lecteur de Péguy qu’il n’aura de cesse de citer dans ses discours. Autre élément pour saisir toute l’étendue de ses influences, le fait qu’il soit une figure de la résistance, imprégnée de catholicisme social.

Reste que son premier engagement se fera du côté de l’Action française en mars 1918. Surprenant mais pas tout à fait illogique si l’on considère la prégnance de sa conscience politique nationaliste. Pourtant, la déclaration de guerre en 1939 va réveiller sa conscience patriotique du rassemblement. Désormais Michelet sera uni avec la gauche par souci d’union face à l’adversité, la défaite et l’arrivée de Pétain. Mais cette union nationale qui avait rapproché Michelet des socialistes comme des communistes bascule après guerre et s’accentue avec le départ de De Gaulle et le début de la guerre froide. Suit alors une période où Michelet s’affirme contre la gauche.

Michelet et la gauche3Pourtant, rien n’est aussi tranché qu’il n’y paraît. Son socialisme comme son anticommunisme sont à nuancer. S’il reproche aux premiers de ne pas s’être ralliés à de Gaulle, d’être archaïques et laïcistes, il conserve de vraies amitiés dans le parti avec Pierre Brossolette ou encore Léon Blum. Dans cette famille de gauche seuls restent finalement les chrétiens progressistes qu’il rejoint tout en leur reprochant d’instrumentaliser l’église à des fins politiques.

A travers sa présidence internationale de l’ICCL (International council for Christian leadership) dans les années 1950, Pascal Bousseyroux estime que “Michelet fait œuvre de prémonition, dix ans avant la naissance de l’humanitaire chrétien. Reste qu’après mai 68, il se retrouve sur le terrain du gaullisme de gauche, puis à la fin de sa vie, dans un gaullisme intégral.” Et Pascal Bousseyroux de conclure: “Je pense que la gauche lui a été nécessaire; elle a affermi son gaullisme comme dynamique de rassemblement et elle l’a amené à renouveler sa réflexion sur l’homme.” Quant à s’interroger sur les rapports de Michelet avec la droite comme le lui conseille un membre du public, ceci est une autre histoire: “Vous verriez pourtant que de toute sa vie, Michelet n’a eu que des ennemis de droite.”

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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