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Ma vie avant le déconfinement : Sandrine Vareille, infirmière (19)

Infirmière dans le service de chirurgie vasculaire et thoracique à l’hôpital de Brive, Sandrine Vareille a été placée en confinement le 1er avril comme tous les personnels à risques du fait de leurs pathologies. Une décision qu’elle a d’abord eue du mal à accepter. Mais aujourd’hui, c’est le 11 mai, date du déconfinement et de son anniversaire, qu’elle regarde avec inquiétude.

Sandrine Vareille est confinée chez elle avec ses deux fils depuis qu’une directive a imposé l’éviction de tous les personnels à risques. « J’ai une pathologie qui m’oblige à être sous immunosuppresseurs. » L’annonce de son confinement a suscité chez elle une réaction ambivalente. « D’un côté, j’étais soulagée, je me disais qu’on nous protégeait, mais de l’autre, je l’ai mal vécu. Dans les services, il manque déjà du personnel. J’ai ressenti de la culpabilité par rapport à mes collègues du fait de ne pas pouvoir travailler alors que je me sentais apte. »

Dans son sac, l’infirmière est rentrée chez elle avec les dessins d’enfants d’une classe de CE2 de Cosnac adressés à tout le personnel soignant. « Ils étaient affichés sur les murs dans les services et on a pu en faire des photocopies pour les emmener chez nous. C’était très touchant, d’autant que ce geste venait des enfants et que sur leurs dessins, on voyait qu’ils avaient compris le sens du confinement, parfois même mieux que certains adultes. » Le mot d’ordre était clair : rester chez soi.

C’est ce qu’elle fait à longueur de journée. « Je n’ai jamais autant lu et ma maison n’a jamais été aussi propre ! », sourit-elle. En revanche, les applaudissements à 20h n’ont jamais fait partie de ses habitudes. « C’est gentil mais un peu douloureux. Pendant des mois on s’est battus, on a fait grève et c’est maintenant qu’on nous applaudit. Mais on est là tout le temps, on fait notre boulot. Ce serait bien que cela ne soit pas reconnu que pendant la crise…. »

Puis il y a le manque de vie sociale qui commence à peser à cette mère qui élève seule ses enfants et la difficulté de faire l’école à la maison… « On est parents, pas professeurs. C’est un peu dur de mettre chaque jour au travail deux ados.” Aujourd’hui, prolonge-t-elle, “ils sont contents à l’idée de reprendre pour retrouver leurs copains mais aussi inquiets par rapport aux cours et au fait de se retrouver tous ensemble dans une classe. » Elle aussi est inquiète à présent à l’idée de reprendre du service. « Les cas de coronavirus ne vont pas disparaître du jour au lendemain dans les services. »

Mais elle attend pourtant le déconfinement avec impatience tout en sachant pertinemment que la vie ne reprendra pas comme avant. Si elle devait pouvoir « fêter » son anniversaire ce 11 mai, ce serait forcément en petit comité, elle le sait. « Il va falloir vivre avec ça dorénavant ». La conscience de notre vulnérabilité, la poursuite des gestes barrière… « C’est comme cela qu’on s’en sortira. »

Mais aussi, espère-t-elle, en n’oubliant pas tout à fait les aspects bénéfiques qu’a pu faire émerger ce temps suspendu du confinement. « À la maison, on a profité les uns des autres sans être speed, on a partagé des moments de vie différents, redécouvert des plaisirs. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas fait de jeux de société avec mes enfants. Et même si, en rebossant cinq voire six jours par semaine, la réalité risque de nous rattraper, il faudra peut-être se forcer à profiter du quotidien comme on le faisait au temps du confinement, à retrouver ces choses qu’on avait su apprécier avant. »

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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