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Ma vie au temps du confinement : Saïd Hirèche, rugbyman (8)

Tous les jours d’ordinaire, ils s’entraînent, ils sont en mouvement, vont au contact. Ils sont happés par une dynamique de groupe, une existence collective. Comment les rugbymen vivent-ils dans leur corps et dans leur tête cette immobilisation forcée, cet isolement prolongé ? On a posé la question à Saïd Hirèche, capitaine du CABCL.

« La journée commence par un réveil moins matinal. » Entre 9h et 9h30 lorsque sa compagne qui travaille dans une pharmacie va embaucher. Suivent les tâches de la vie courante et quotidienne puis la première séance de sport de la journée faite de renforcement ou de gainage. Il y en aura une deuxième dans l’après-midi axée sur la course et la musculation. Mais rien de comparable à leur quotidien habituel. « Tous les matins, on se retrouve normalement, on se raconte deux trois saucisses et on se met au travail sur le terrain ou en salle de musculation. »

Le on, toujours le on. L’isolement est, sinon difficile, en tout cas inhabituel. Pour y remédier, le staff a dû s’adapter. « Ce n’est pas obligatoire mais le club organise un circuit training en visio. On prend aussi des nouvelles des uns et des autres sur un groupe de discussions. » Pour offrir aux joueurs d’entretenir leur forme physique dans les meilleures conditions possibles, le club leur a aussi permis juste avant le confinement d’aller récupérer du matériel d’entraînement au stade. « Moi j’ai pris deux altères, une barre de muscu et un vélo à résistance variable. » Le programme est envoyé par nos préparateurs physiques, « un moyen de ne pas être à la ramasse et de ne pas prendre trop de retard si jamais la reprise avait lieu avant la fin de saison. »

Il poursuit : « J’ai l’impression d’avoir déjà pas mal perdu de mes capacités physiques », reconnaît le joueur. « Il faut dire que ces exercices n’ont rien de comparables avec l’intensité élevée de l’entraînement. Pourtant, même chez nous, on essaie de pousser la machine dans ses retranchements. » Mais pas trop, exhortent les docteurs Frechinos et Noguera. « Faire trop monter les pulsations peut être néfaste. » Un équilibre à trouver, tout à inventer.

Mais, rassure Said Hirèche, « ça ne se verra pas des tribunes. A vivre, ce sera plus difficile, comme un match de reprise, un début de saison quand les chocs sont plus durs à encaisser, que la récupération se fait moins vite. » Mais tous les joueurs du top 14 en seront de là. « Pour certains, ce sera même encore plus difficile. » Il pense à ceux qui habitent des grandes villes, dans des appartements, ceux qui n’ont pas pu récupérer de matériel pour s’entraîner à la maison. Élastique, bouteilles d’eau à la place des altères, ils doivent faire avec les moyens du bord.

C’est inédit, déstabilisant, tout ce qu’on veut mais, relativise le capitaine d’équipe, « ce n’est pas le bagne non plus. Tout ce que l’on nous demande, c’est de rester chez nous. Ceux à qui il faut rendre hommage, c’est à ceux qui continuent de travailler dans ces conditions et en prenant des risques. A commencer par le personnel médical. Il faut souligner et saluer leur dévouement. » En attendant, seul mot d’ordre du capitaine aux supporters, « restez chez vous, prenez soin de vous et de vos proches. La santé, c’est le plus important. Et si on a hâte de retrouver les tribunes pleines, c’est car cela signifiera que la situation se sera améliorée et que nous serons sortis de la crise. »

Jennifer BRESSAN, Photos : Diarmid COURREGES

Jennifer BRESSAN, Photos : Diarmid COURREGES

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