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Ma vie au temps du confinement : Maguy Cisterne, du festival du cinéma de Brive (10)

Crédit photo: festival du cinéma de Brive

Le monde du cinéma est lui aussi en quarantaine et jusqu’à nouvel ordre. Tournages à l’arrêt, festivals annulés ou reportés comme celui de Brive. Il aurait dû avoir lieu au Rex du 7 au 12 avril. A l’heure qu’il est, la 17e édition qui était reportée du 2 au 7 juin vient d’être à nouveau repoussée à la rentrée (si les conditions d’accès aux salles le permettent). Entre sidération et inquiétude, Maguy Cisterne, secrétaire générale, partage quelques idées de films anti déprime.

« Nous avons été stoppés en plein vol », commence Maguy Cisterne, secrétaire générale du festival du cinéma de Brive, sidérée et inquiète elle aussi par l’ampleur de la crise et ses effets sur les plus démunis.

« A la conférence de presse qui avait eu lieu quatre jours avant l’annonce du confinement, on sentait venir les choses sans l’imaginer vraiment. » Dès le vendredi suivant, le choix a été fait de ne pas annuler la 17e édition mais de la reporter du 2 au 7 juin, puis aujourd’hui à la rentrée à une date qui reste à définir et qui tiendra compte de la date de réouverture des salles de cinéma au public .

« On continue à travailler à la grille, la programmation, le catalogue pour que tout soit prêt quelle que soit la date. Un gros bémol concerne l’annulation des séances scolaires car on imagine que les enseignants auront à se concentrer sur les programmes. On ne fait pas cela de gaieté de cœur car outre notre mission d’éducation à l’image, partagée avec le Pôle Les Yeux Verts, cela nous prive de plus de 2000 entrées…»

Il faut aussi tabler sur un format réduit à trois jours et resserré autour de la compétition. Une manière de ne pas priver le Rex de l’exploitation de tous les films qui seront en embouteillage au moment de la réouverture. « En même temps, le festival est un booster pour le cinéma d’art et essai de Brive et il est aussi important en local, pour les hôtels et restaurants. L’annulation serait un manque à gagner supplémentaire pour l’économie du territoire.»

Pour le monde du cinéma, la situation est inédite aussi. « Tous les tournages sont à l’arrêt et du côté de la distribution, on est sur un calendrier repoussé à la fin de l’année voire à 2021. On va perdre quelque chose comme 6 mois de production et ça ne sera pas rattrapable. » En outre, une autre inconnue demeure en terme de fréquentation des salles. « Comment les gens vont-ils réagir après le déconfinement ? Vont-ils se précipiter dans les salles pour rattraper le temps perdu ou l’inquiétude va-t-elle perdurer ? »

Du côté des réalisateurs en revanche, il y a fort à parier selon elle que la situation fasse travailler les imaginaires. Des films de fin du monde avec virus ou épidémie ont toujours existé. Une série américaine, All Rise, vient d’ailleurs de tourner un épisode 100% confinement. « Ce n’était pas prévu. Les acteurs ont fait avec les moyens du bord et se sont filmés avec leur téléphone portable. » Sur le plan des relations humaines portées à l’écran, on peut aussi tout imaginer. « Une situation comme celle-là est l’occasion de se demander comment les couples, les familles, les amitiés et les sociétés vont se comporter… »

Au quotidien aussi, la situation incite à redoubler d’imagination. « On invente de nouveaux codes comme des apéros skype. On échange comme jamais avec notre famille et nos amis, on partage infos, nouvelles, blagues, conseils, recettes… en tout cas quand on a la chance d’avoir accès à ces outils et que l’on ne doit pas tout simplement essayer de survivre. Dans cette situation de confinement, je ressens un énorme sentiment d’impuissance face à ce qu’on imagine de la misère subie par certaines personnes, celles qui sont confinées dans des espaces réduits, qui ont du mal à se nourrir, les réfugiés aussi. »

Mais, bon an mal an, la vie continue pourtant. Alors, pour passer ce temps, Maguy Cisterne se plonge dans le cinéma évidemment. Pour elle, le film anti-déprime par excellence c’est Les Blues brothers avec son florilège de stars. Elle revisite aussi les filmographies de réalisateurs. Les frères Cohen y sont passés, ainsi que Billy Wilder un de ces soirs derniers. Elle cite aussi LaCinetek.com, site de vidéos à la demande qui propose quelque 1300 films du patrimoine à louer pour 2,99 euros. « Son mérite par rapport à d’autres plateformes, ce sont que les films proposés sont éditorialisés. » L’occasion de pénétrer dans la cinémathèque idéale de réalisateurs du monde entier et notamment de Varda, Audiard, Klapish, Ozon, Lelouch, Gavras, les Dardenne, Depardon, Hazanavicius, Podalydès…

« Puis on peut aussi facilement trouver en streaming Le Chant d’Ahmed moyen métrage de Foued Mansour, prix du public à Brive l’an dernier, nommé aux César et qui a eu de nombreux prix dans le monde entier. » En attendant les pépites de 2020 et celles de 2021 où il nous sera peut-être offert de revivre par le détour de l’art et la distance du grand écran ce qui fait notre présent, aujourd’hui.

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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