Si l’égalité femme-homme gagne tant bien que mal du terrain, certains stéréotypes de genre s’avèrent coriaces. Aussi, le centre socioculturel municipal Jacques Cartier a-t-il décidé de se frotter à ces idées reçues de rien du tout qui, mises bout à bout, font le lit des inégalités entre les sexes. Leur arme ? Le jeu, avec un test ludique à destination des enfants et des plus grands.
Ils ont entre 10 et 12 ans. Ils font partie du centre de loisirs du centre socioculturel Jacques Cartier et hier en début d’après midi, ont déambulé entre les panneaux colorés installés dans la salle d’exposition avec, dans leurs mains, l’exemplaire d’un test. Le principe de cette exposition est simple: répondre le plus honnêtement possible aux questions figurant sur les panneaux en cochant une des quatre réponses du formulaire.
Les avis sont jusqu’ici bien tranchés et ça défile du côté des garçons mais la question sur la principale qualité d’une fille leur pose une colle! Entre l’humour et la beauté, leur cœur balance! ” Les avis sont partagés. L’animateur menant cette joyeuse troupe sourit sans chercher à les influencer.” Les 12 questions sont à présent cochées, c’est l’heure de faire les totaux et de découvrir “quels stéréotypés ils sont?” Le débat s’installe.
“Les hommes au boulot, les femmes aux fourneaux… Non ! Ça ne se fait pas ça !”, s’exclame un des garçons. Ça sort visiblement du cœur. Et c’est à ce genre de petites réflexions qu’on mesure le chemin parcouru, les générations passant.
Les loisirs, le sport, l’amour, les goûts, la mode, l’homosexualité, la violence conjugale… Sous l’apparence du jeu, de la légèreté, le test, mis en mots par Zad et Didier Jean et illustré par Sergio Marques avec humour et couleur, aborde un large éventail de domaines. L’objectif: non pas juger les avis mais sensibiliser les enfants à l’égalité femme-homme.
C’est pleinement d’actualité. Pourtant, cela fait maintenant un an que l’équipe de Jacques Cartier œuvre sur ce projet. “Nous voulions travailler avec Zad et Didier Jean”, explique Emilie Josse-Delmas, responsable du pôle socioculturel. “Ils ont accroché avec ce projet.” Un projet qui au-delà de l’égalité femme-homme et d’un discours féministe a voulu se focaliser sur les stéréotypes de genre. Les garçons, ça ne pleure pas ou encore, le foot, ce n’est pas pour les filles… des idées reçues apparemment insignifiantes mais dont l’accumulation et la transmission bloquent l’évolution profonde des mentalités.
“On voulait se rendre compte du poids des stéréotypes véhiculés par la société, la publicité, la famille…”, poursuit la responsable. “L’équipe du centre aussi a fait ce test qui propose une entrée enfant et une autre adulte. On s’est rendu compte que, sans le vouloir, à un moment donné, dans notre manière de faire de la communication ou de définir un projet, on en était tous victimes.”
Derrière le jeu l’enjeu, celui de faire réfléchir au rôle de chacun dans la famille et la société. L’occasion également de rappeler certains chiffres et dates et de mesurer le travail restant à accomplir. 1946: c’est le moment où le principe d’égalité dans tous les domaines a été inscrit dans la Constitution et supprimé la notion de salaire féminin, remplacé par la formule “à travail égal, salaire égal”. Pourtant, le revenu mensuel moyen des femmes plafonne toujours à 1394 euros. 1835 pour les hommes. Et sous les chiffres, quelques citations plaisantes, comme celle de Françoise Giroud: “La femme sera vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignera une femme incompétente.”
Quel “stéréotypé” êtes-vous, du 1er au 30 avril au centre socioculturel Jacques Cartier, place Jacques Cartier. Du lundi au vendredi de 8h à 12h e de 13h30 à 19h. Entrée libre. Plus d’infos: 05.55.86.34.60.