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Les métiers ont-ils un sexe ?

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Face aux 3e du collège Jean Moulin, en plein choix d’orientation, deux jeunes intervenants pour parler de la mixité des métiers : Nina, en tailleur jupe et talons hauts, Yann en basket et gros pull. Contrairement aux apparences, c’est lui l’esthéticien et elle qui veut devenir ingénieur en mécanique. De quoi méduser les élèves et balayer bien des idées reçues. C’est déjà un bon début.

sandrine maurinCette table ronde était organisée par la Ville de Brive dans le cadre de la Charte européenne qu’elle a signée pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale. Avec un public très ciblé: les élèves de 3e qui doivent déterminer leur première orientation. “L’idée est que vous ne restiez pas sur des a priori et de vous donner un plus large choix de métiers“, expliquait en préambule l’adjointe au maire Sandrine Maurin. Les établissements participant sur la base du volontariat, six tables rondes vont s’enchaîner sur deux jours avec les 4 classes de Jean Moulin, une du collège d’Arsonval et une de Jean-Lurçat.

“Moi, je vois plutôt les garçons dans les métiers physiques et les filles dans des métiers calmes, où il faut penser”, lance timidement un ado après avoir vu la vidéo montrant des témoignages recueillis auprès d’autres collégiens. “Un des métiers les plus pénibles aujourd’hui est celui d’aide à domicile et il est principalement féminin”, nuance Valérie Dupuy, directrice du CIDF (Centre d’information sur les droits des femmes et des familles) en Limousin qui anime les débats.

les deux intervenantsLes métiers auraient-ils donc un sexe? Le dernier bastion masculin, sous-marinier, est tombé seulement en 2014. “Quand on dépose son enfant à la crèche, on a encore 9 chances sur 10 d’avoir à faire à une puéricultrice et quand on laisse sa voiture à réparer dans un garage, on en a 9 sur 10 d’avoir à faire à un mécanicien“, amorce l’intervenante. “On peut avoir peur parfois d’aller vers ces métiers dits masculins ou féminins car on a peur avant tout d’être jugé.”

Comme tous ceux qui choisissent cette voie hors de sentiers battus, Nina a été confrontée au regard des autres, dans sa famille, avec ses profs, pendant les stages et ça l’a fait plus vite mûrir : “Un fille dans un monde d’hommes, il faut montrer qu’on a notre place. C’est notre vie, il ne faut pas laisser les autres la commander et avoir confiance en ce que l’on fait.” Pas le moins décontenancée. La jeune femme de 18 ans est en première année de BTS conception de produits industriels à spécialité mécanique et envisage de devenir ingénieur. “Dans ma classe, sur les 17, il n’y a que 3 filles.”

une questionImage inversée avec Yann, 28 ans, esthéticien. Cet ancien agent de sécurité s’est reconverti dans un métier où n’exerce encore que 15% d’hommes. “J’ai tout de suite su que ça allait me plaire, j’aime le contact avec les gens.” CAP d’esthétique en poche, il se spécialise aujourd’hui dans le modelage et massage. Son choix aura fait gros débat parmi les siens. “Les rêves de princesses, c’est pas pour un grand gaillard comme toi, m’a dit mon père. Je n’ai pas été encouragé et je me suis poussé tout seul.” Les garçons de 3e le scrute avec perplexité. “Là, je suis maquillé”, leur lance-t-il. “Le maquillage, ce n’est pas que du rouge à lèvre et du mascara. J’ai camouflé mes boutons avec du fond de teint”, s’amuse-t-il devant leur étonnement.

“Vous n’avez pas honte du regard des autres?” s’enquiert une collégienne. “On apprend à s’en défaire. Je sais ce que je veux faire, c’est le plus important”, renvoie Nina. “Quand vous avez découvert votre voie, il faut foncer, même si on vous met des bâtons dans les roues”, appuie Yann, en reprenant sa formule favorite: “Vis tes rêves et ne rêve pas ta vie”.

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Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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