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Les 1001 poèmes du Briviste Jean-Robert Gaucher

Ce sont en fait plus de 3000 poèmes que le Briviste Jean-Robert Gaucher, 85 ans, a composé. Son dernier recueil L’Uni Vers de mes mots en compte près de 100, tous écrit en vers classiques, dans le stricte respect de la prosodie. “Un phénomène” selon le propre mot de Michel Peyramaure qui préface cet ouvrage, le 10e que le poète publie, et qu’il dédicacera samedi 28 septembre à Cultura centre ville.

“C’est un gardien de phare”, écrit Michel Peyramaure dans la préface du dernier recueil de Jean-Robert Gaucher. “Je le considère dans son art comme un phénomène“. Cet amour des mots et de la poésie, le poète le doit d’abord aux femmes. C’est sa mère qui lui a transmis, enfant. “Dès l’âge de 3, 4 ans, elle m’apprenait des petits poèmes. Paraît-il que je les déclamais d’une manière humoristique.” Une passion encouragée par un de ses instituteurs. Puis c’est vers 10 ou 12 ans qu’il a commencé à écrire. “Adolescent, j’ai rencontré une fille. Je lui écrivais des poèmes tendres pendant le cours de français.” Preuve de la performativité de la langue, cette petite fille est devenue une dame qui est devenue sa femme !

Mais il y a eu “les vacances en Algérie”. 33 mois et 25 jours durant lesquels Jean-Robert Gaucher a cessé d’écrire de la poésie. Quand il est rentré, c’est sa carrière d’employé SNCF qu’il a privilégiée. Puis, passés 40 ans, quand il s’est vu libéré du souci des concours et autres examens, ça a été “le déferlement“. “Quand j’ai commencé à écrire, je faisais du néo-classique”, raille-t-il, “en appliquant des rimes plus ou moins boiteuses.”

Jamais il n’aurait pensé publier ses recueils un jour. Depuis 2003, il en édite tous les 2 ans et pourtant, beaucoup de ses poèmes sont partis aux oubliettes. “Quand j’ai commencé, je les écrivais à la main et les retapais à la machine.” Il a apprécié d’utiliser l’ordinateur pour les corrections et les sauvegardes. Mais que faire de tous ceux composés avant le clavier ? Il a commencé à les scanner puis a vite abandonné. La tâche lui apparaissait sysiphienne. “J’ai rassemblé un tas de quelque 2000 pages et j’ai tout balancé”, raconte celui qui a créé un club de poésie et sera intervenu dans les écoles et collèges en tant que poète.

Son crédo: les vers classiques. Jean-Robert Gaucher cherche la perfection formelle, comme si ses poèmes ne pouvaient tirer leur valeur que d’une stricte rigueur. “Jadis, dans les concours de poésie, un seul hiatus éliminait le poète dont le travail n’était pas même lu.” Ecrire un poème pour lui, c’est respecter toutes les règles prosodiques.” A la longue, il les a toutes intériorisées, digérées si bien qu’écrire un poème classique lui apparait aujourd’hui comme une seconde nature, quand d’autres jugeraient la tâche trop laborieuse et contraignante, voire passéiste. “Parfois, ça ne me prend que le temps de l’écrire et parfois c’est plus long. Mais j’en écris de moins en moins. Je ne sais plus sur quoi écrire!”

L’amour, la mort, la femme, la nature, il aura au fil des années écumé tous les thèmes possibles. Presque tous: “Dans le dernier recueil, c’est la première fois que je parle de ma mère et un peu de moi aussi.” Parmi la centaine de poèmes, nombreux sont aussi ceux portant un regard sans concession sur le monde présent sur fond de migrations et de terrorisme, ne délaissant pas des thèmes apparemment plus prosaïques comme dans Ordur-belles, un hommage aux ripeurs, “ces princes des résidus et rois de vos poubelles”.

Tour à tour objet, femme ou enfant, le poète s’exprime souvent à la première personne. Une manière pour lui de s’extraire de lui-même, de se réinventer et de vivre d’autres vies que la sienne. Une évasion qui lui est chère et qui n’a d’égale que le respect des règles prosodiques. Une soumission ? Peut-être mais aussi une source d’inspiration comme le pointait André Gide: “L’art naît de contraintes et meurt de liberté”.

Jennifer BRESSAN, Photos : Diarmid COURREGES

Jennifer BRESSAN, Photos : Diarmid COURREGES

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