“C’est nous les Africains qui revenons de loin” ont chanté les Bisons sur la place d’armes livrée au vent mordant. Gros écart de température en effet pour les 200 militaires qui étaient en mission pendant plus de 4 mois en Centrafrique avec leur chef de corps. Leur retour a été marqué ce matin par une cérémonie présidée par le général Hervé Gomart, commandant la 3e Brigade légère blindée. “Solides sous le feu” les a-t-il félicité.
On les différenciait sans mal de leurs camarades en treillis. Eux, avaient gardé leur tenue FELIN, ainsi que l’écusson bleu EUFOR RCA qu’ils devront remplacer dans la journée par celui de leur régiment. Ils ont également le teint un peu plus halé et grelottent aussi certainement plus. Pour eux, passant des plus de 30° à des températures proches de 0, le choc a été brutal. Ils sont revenus en tout début de semaine, après quelques jours de sas à Dakar pour leur permettre de lâcher la pression avant de rentrer en France.
“Solides sous le feu”
A part la 3e compagnie actuellement déployée sur Vigipirate, tout le régiment était rassemblé ce matin sur la place d’armes pour le retour des siens, y compris des effectifs venus de la Courtine ou du Groupement de base de défense, des porte-drapeaux, personnalités et familles. Tous figés dans le vent glacial pour entendre l’ordre du jour du commandant de Brigade. En commençant par un hommage au caporal-chef Heiarii Moana décédé du paludisme pendant la mission, “Mort pour la France”, a martelé l’officier. “Vous devez être fiers de ce que vous avez accomplis”, n’a pas faibli le général: “C’était une mission exigeante, complexe et intense. Vous avez acquis une expérience opérationnelle qui vous rend plus apte à mener à bien vos missions futures”.
Pendant plus de 4 mois, les Brivistes ont patrouillé dans les rues de Bangui, de jour comme de nuit, “sans jamais céder aux provocations”, “solides sous le feu”, a salué le commandant de brigade. Sur place, leur bataillon qui comprenait également des Géorgiens et des Lettons, devait contrôler la zone et défendre notamment l’aéroport. Un engagement multinational puisque les Bisons sont intervenus aux côtés de la force de gendarmerie européenne, composé de Français, de Polonais et d’Espagnols, ou d’unités spécialisés finlandaise ou italienne.
Les deux premiers mois auront été ceux d’une reconquête de zone “avec des pics de violence très importants”, explique le colonel Ponchin. “Nous avons passé beaucoup de temps dans la rue, à patrouiller jour et nuit dans les zones les moins accessibles comme les plus visibles, à prendre la liaison avec les groupes armés chrétiens comme musulmans, à mettre en confiance les institutionnels pour favoriser le retour des institutions étatiques.” Cette présence a permis de ramener le calme et surtout de “rétablir le dialogue entre les deux communautés”, insiste le chef de corps, ce dont il se dit le plus fier, avec comme récompense “la vie, revenue le long de l’avenue de France ou de l’avenue Koudoukou“.
Nul doute aussi que les Bisons de Centrafrique garderont, à l’instar de leur commandant, le souvenir prégnant “de la camaraderie et de l’aventure”. Un colonel “particulièrement heureux de retrouver la cité gaillarde” et qui n’aura pas manqué lui non plus de saluer l’action accomplie, ici, par ceux de leurs camarades restés à Brive. Les Bisons de retour doivent désormais “faire le vide afin de pouvoir au plus tôt relayer l’action de la portion centrale”, et être ainsi engagés dans la mission Sentinelle sur le territoire national.
Un temps menacé, le régiment briviste a vu son horizon s’éclaircir et le chef de corps a salué l’action conjointe menée par le maire Frédéric Soulier et le député Philippe Nauche, également vice-président de la commission défense à l’Assemblée nationale. Pour preuve, les travaux vont reprendre dès le printemps à la caserne Laporte avec la construction du bâtiment Felin pour l’appareillage de l’infanterie moderne, celui aussi de l’infirmerie et la réhabilitation d’un premier bâtiment de compagnie. Le chef de corps y voit “une preuve de l’intérêt porté par les pouvoirs publics au régiment“. Pour lui “une certaine forme d’assurance vie”.
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