Le Conseil local en santé mentale (CLSM) de Brive a été créé ce matin à l’initiative de la Ville et de l’hôpital. Parce que la réponse à la souffrance psychique n’est pas que médicale, ce réseau de concertation regroupe autour de la table tous les acteurs intervenant dans ce domaine afin de fédérer les moyens: élus, professionnels du médico-social, de la psychiatrie, de la sécurité, associations… Son ambition est de mieux détecter toutes ces souffrances, de mieux les prendre en charge pour un mieux vivre ensemble.
Lorsqu’on parle de santé mentale, on a plutôt tendance à penser aux cas les plus sévères comme la schizophrénie et aux personnes soignées ou suivies en institution. Mais le spectre est plus complexe: “Le terme ne concerne pas seulement les maladies mentales mais aussi toute la souffrance psychologique mal connue et facteur d’exclusion sociale“, explique le docteur François Vieban, chef de pôle du service psychiatrie au centre hospitalier de Brive. “Notre société évolue et les gens sont beaucoup plus en souffrance. Nous sommes dans un monde qui est devenu très exigeant en terme de performance, l’exclusion est devenue aussi plus rapide”, constate le médecin.
Dépendance, bipolarité, addiction, boulimie, dépression, burn out… “Il faut destigmatiser ce problème psychique qui touche tous les publics, quel que soit l’âge, la classe sociale, la profession… Tout le monde est susceptible d’être concerné, soi-même ou d’avoir un de ses proches dans cette situation”, insiste le directeur de l’hôpital Vincent Delivet. Aujourd’hui, près d’un quart de la population française souffrirait de troubles mentaux. Ce serait même la troisième cause de mortalité après le cancer et les maladies cardiovasculaires. Un réel enjeu sociétal, d’ailleurs “intégré au Contrat local de sécurité qui en fait une action prioritaire”, rappelait Dominique Eyssartier, maire adjoint à la sécurité et tranquillité publique.
“Nous rencontrons des personnes qui arrivent beaucoup trop tard. On aurait pu éviter des drames et beaucoup de souffrances sociales, pour eux comme pour leur environnement, leurs proches et leur voisinage”, reprend le médecin. En réunissant tous les interlocuteurs, et notamment le CCAS (Centre communal d’action sociale), l’une des missions du CLSM est de favoriser une détection plus précoce et donc la mise en place de solutions adaptées avant que le problème ne s’aggrave.
“Le CLSM permet de mobiliser tous les acteurs, de fédérer l’ensemble des moyens présents, souvent cloisonner et disparates, avec comme enjeu l’inclusion sociale et professionnelle“, cible le maire Frédéric Soulier. La feuille de route est donnée: il s’agit tout à la fois de coordonner l’action des différents acteurs, d’améliorer la réponse faite aux usagers, mais aussi de prévenir les situations d’urgence, repérer les besoins, favoriser l’inclusion sociale, l’autonomie et la pleine citoyenneté des usagers, participer aux actions contre la stigmatisation et les discriminations et enfin promouvoir la santé mentale. En ligne de fond, il s’agit aussi pour le maire de “préserver notre modèle de santé publique en le rendant plus efficient avec une prise en charge plus globale et concertée.”
Ce matin, le CLSM a tenu sa première assemblée plénière, structuré son fonctionnement et défini ses groupes de travail pour une meilleure synergie. Avec un premier public cible: les jeunes afin d’améliorer leur prise en charge et éviter les ruptures dans les accompagnements, une préoccupation d’ailleurs partagée par Brive Solidarité.