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Laurent Gaudé : l’écriture au secours du silence injuste

Salle comble, recueillement et beaucoup d’applaudissements cependant : Laurent Gaudé ouvre en beauté et en dignité les débats de la Foire du Livre sous le signe d’une présidence éclairée.

Elle est arrivé bien en avance. Il ne fallait surtout pas le manquer. Elle a déjà lu tous ses livres et jamais elle n’aurait espéré le rencontrer. Claudine se fait toute petite sur sa chaise. Elle a choisi le premier rang pour pouvoir le regarder. Plus tard, elle dira qu’elle était là tout près de lui, de ce président démiurge et passionné qui apporte un souffle d’humanité aux préoccupations qui nous taraudent. Chut… Il vient d’entrer dans la salle. Il pose ses habits dans le petit local aménagé à côté de l’estrade et gentiment prend place face à son auditoire.

« Cela fait quinze ans que j’écris des livres, raconte-t-il, et que je rencontre des auteurs. Les uns comme les autres s’étonnant que je ne sois jamais allé à la Foire du Livre. C’est chose faite et me voilà président. » Nombreux sont ceux, parmi les organisateurs de la Foire du Livre, à avoir mentionné que Laurent Gaudé était un président « engagé », entendez par là un président qui saisit l’opportunité de sa gouvernance pour faire valoir ses idées, ses peurs et aussi ses combats. Laurent Gaudé aime l’humanité. Toutes les humanités. « Je crois en la puissance et en la force des mots, insiste-t-il. Poser des mots sur des choses, ce n’est pas anodin. On écrit pour ceux qui n’ont pas de voix ou pour ceux que l’histoire a balayé. L’écriture a toujours eut envie de se porter au secours de ce silence injuste ».

Au cours de ce grand entretien, Laurent Gaudé nous parle des mythes fondateurs de l’humanité. Il aime la tragédie grecque. Il se passionne pour ces héros universels, ceux qui perdent tout. « Parler de la perte, ce n’est pas la même chose que de parler de la perte imposée ou de celle de l’âge. Dans la mythologie, ces êtres qui perdent ce qu’ils étaient, nous bouleversent. Qu’est ce que c’est de perdre tout ? Soudain, tout disparaît. L’homme a inventé la consolation. La littérature a beaucoup à voir avec l’idée de la consolation. Consoler n’est pas guérir, mais il y a quelqu’un qui se met à côté de moi et qui prend un peu de ma peine. La tragédie grecque nous enseigne le don de ceux qui n’ont rien à ceux qui n’ont rien. » Pour ces raisons, ces raisons humaines, Laurent Gaudé déclare sa sidération pour le drame des migrants. Ce sont eux qui vont continuer à m’accompagner pour un bout de temps », insiste-t-t-il en guise de conclusion.

A lire : Le soleil des Scorta, prix Goncourt en 2004 Eldorado, La mort du roi Tsongor, Ecoutez nos défaites. Quelques titres d’une présidence éclairée.

 

 

Frédérique Brengues, Photos : Sylvain MARCHOU

Frédérique Brengues, Photos : Sylvain MARCHOU

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