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L’Abeille de la biosurveillance

Son Abeille Gaillarde, qu’elle a créée en 2021, ne produit pas seulement du miel et ses dérivés. Elle fournit aussi des ruches aux entreprises qui souhaitent mesurer et améliorer la biodiversité de leur site. Un engagement au service du vivant.

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Son miel toutes fleurs d’été a été primé en novembre dernier au concours Saveurs Nouvelle-Aquitaine et son projet de biosurveillance par les abeilles a remporté en décembre le deuxième prix du Créathon organisé par la CCI de la Corrèze. Deux distinctions successives qui viennent saluer une démarche territoriale de qualité autant qu’une belle reconversion professionnelle. Car, dans une première vie, cette pure Parisienne butinait loin du monde apicole, au gré d’une belle carrière dans les services financiers de grandes entreprises internationales, dans « un monde minéral et consumériste, un peu hors-sol et déraciné de la nature », reconnaît celle qui était en quête d’un autre sens : « la terre, les animaux, le vivant ».

« J’ai toujours eu une sensibilité écologique. Petite, je passais mes vacances à la ferme dans le Pays basque, avec cette liberté de gambader et de m’émerveiller », se rappelle la citadine qui écrivait alors dans une rédaction que plus tard « je ne me nourrirai que des fruits de mon jardin ». La petite fille rêvait d’autarcie avec son environnement avant d’être emportée dans un monde dominé par l’utopie d’une croissance infinie et la surconsommation.

« L’abeille m’a toujours fascinée. C’est un organisme parfait, qui sent bon, fait de la pollinisation… c’est l’origine de la vie », s’enflamme-t-elle. Bien avant sa reconversion, son nom était déjà inscrit sur une des ruches d’un réseau associatif qu’elle soutenait. Prémonition, peut-être, car tout est parti de là. Un jour, elle rencontre un des apiculteurs. « J’ai trouvé ça fantastique et je me suis inscrite au Rucher du Jardin du Luxembourg. Pendant un an, j’y ai suivi des cours. Dans la foulée, j’ai commencé à avoir des ruches, pour le loisir, d’abord à Paris, puis également à Brive. »

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Elle enchaîne les formations, de plus en plus poussées, sur l’élevage de reines, la génétique, la gelée royale… et finit au bout de dix ans par quitter son emploi. « Gagner de l’argent n’était plus un moteur justifiant de passer ma vie pour des objectifs qui ne résonnaient plus. »

En 2020, elle rapatrie toutes ses ruches à Brive où son mari, auparavant ingénieur IBM, entre-temps lui aussi reconverti boulanger, a planté à Bouquet son fournil. Elle se forme alors très concrètement à l’apiculture professionnelle, mais surtout elle veut donner une dimension plus engagée à sa nouvelle vie. « Du fait des activités humaines, plus de 30 % des colonies d’abeilles meurent chaque année en France, et 80 % des abeilles sauvages sont décimées. Ce déclin n’épargne aucun groupe, insectes, oiseaux poissons ou mammifères et la disparition du vivant est quelque chose qui depuis longtemps m’émeut. »

Une autre rencontre, cette fois avec le laboratoire de recherche Apilab de La Rochelle, spécialisé dans la biosurveillance, va faire mûrir le projet. « Je ne pouvais pas me contenter de mettre à disposition des colonies d’abeilles juste pour sensibiliser. Il fallait que l’action soit plus concrète. »

Pascale Couderc, qui a désormais une centaine de colonies lui donnant miel, pollen, propolis et gelée royale, propose aussi aux entreprises d’installer deux ruches pour mesurer la biodiversité de leur foncier. « En butinant, l’abeille est un bioaccumulateur d’informations, d’ADN environnemental, de polluants qu’elle collecte sur 3 hectares à la ronde et qu’elle ramène à la ruche. J’effectue des prélèvements tous les trimestres sur le miel, le pollen et sur les abeilles elles-mêmes qui sont ensuite scientifiquement analysées par Apilab. Il faut un suivi d’un an. L’entreprise dispose ainsi de mesures qualitatives, sur la base desquelles elle bénéficie de conseils et d’une stratégie pour améliorer la biodiversité de son foncier. » Un projet vertueux avec des abeilles nourricières et sentinelles.

Pour aller plus loin: son site labeillegaillarde.fr.

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Marie Christine MALSOUTE, Photos : Fatima Kaabouch

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Fatima Kaabouch

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