Des livres sur les étagères, des poèmes au bout des fils… C’est ce décor surprenant et aérien que la médiathèque offre à ses visiteurs tout le mois durant. Et un mois où la poésie est reine trouve naturellement son écho en un lieu où les mots sont rois. Alors, si la médiathèque s’est habillée de poésie, c’est que le cordel bat son plein en ce moment. Les poèmes des participants au concours resteront en suspension dans le grand hall jusqu’au samedi 27 mars, jour où les récompenses seront décernées à 15h.
Les coups d’œil des visiteurs sont furtifs, interrogateurs ou amusés. Une chose est sûre: le hall de la médiathèque ne sera pas qu’un espace de passage ce mois-ci. Epinglés sur les fils, les poèmes, impudiques, s’offrent à la vue de tous en ce moment à la médiathèque. Le cordel de poésie, organisé pour la 5e année consécutive, s’inspire d’une tradition d’origine portugaise qui consiste à épingler le long de ficelles tendues et zigzaguant d’un bout à l’autre des maisons de grandes feuilles sur lesquelles sont rédigées de courtes poésies.
Cette année, une partie des poèmes a été installée dans des arbres métalliques et tous les poètes ont composé sur le thème dévoilé au moment de la Foire du Livre 2009: “L’empreinte des mots”.
Près de 70 poèmes ont été récoltés dont une petite dizaine a été composée par des enfants. Un cru moins dense que les autres années mais les amateurs sont toujours au rendez-vous. “Cette initiative est très intéressante. Elle constitue un véritable éveil à la poésie”, observe Monique. “J’ai l’impression que la poésie n’est malheureusement plus dans l’air du temps. C’est presque ringard pour la majorité des gens. Pourtant, cette forme est la plus à même de mettre en valeur la richesse de notre langue”. “Alors c’est bien que la médiathèque la remette sur les rails, enfin, sur les fils”, ajoute Suzanne.
Si tous les lecteurs de ce jour partagent le même regard bienveillant sur l’initiative qui fait la part belle à la poésie, aucun n’a encore participé: “je ne me sens pas capable d’écrire de la poésie”, avance Louis. Suzanne précise son ressenti: “J’écris pour moi, mais je ne suis pas encore prête à affronter le regard de l’autre sur mes écrits. C’est un genre assez délicat et je le fais pour moi, dans mon cœur, mais c’est bien qu’il y en ait qui le fasse”, termine-t-elle.
Les poèmes seront lus par le jury composé de lecteurs, de bibliothécaires, d’élus et de jeunes du CMJ et trois catégories de récompenses seront décernées le samedi 27 mars: “Les poètes en herbe”, pour les enfants âgés de 8 à 12 ans, “les jeunes”, pour les adolescents âgés de 13 à 17 ans et “les adultes”, dès 18 ans.
Ce qu’il y a de mystérieux avec les mots, c’est que même si “certains sont tellement élimés qu’on peut voir le jour à travers” (Jean Tardieu), ils savent, sous une plume bienveillante, garder intacts leur fraîcheur et leur pouvoir évocateur. Est-ce à dire que ” sans empreinte de mots, la vie sonne faux”, c’est en tout cas l’excipit d’un des poèmes suspendus en ce moment à la médiathèque. Allez vous faire votre propre opinion en allant à la rencontre de ces poèmes.