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La grande guerre vue par les écoliers de Saint-Germain

Les écoliers de Saint-Germain comptent parmi les trois lauréats du département au concours de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre intitulé “les petits artistes de la mémoire”. Ils ont reçu leur prix tout à l’heure, en sous-préfecture, grâce à leur projet épistolaire et illustré mené avec les archives municipales.

“Un jour à votre âge, j’ai grattouillé dans le grenier de chez mes grands-parents et j’ai trouvé un petit coffre avec des vieux papiers dedans”, confiait tout à l’heure Guy Mascrès, sous-préfet de l’arrondissement. “Ils commençaient tous par ces mots: “Mes chers parents, je vais bien…” C’étaient les lettres de mon grand papi. Depuis, je les ai toutes retapées à la machine. C’est ce même parcours que vous avez fait pour Alfred Delavallade.”

Les élèves de CM2 de l’école Saint-Germain se sont en effet lancés sur les traces laissées par un poilu, originaire de leur commune ou de leur département, puis ont raconté son parcours pendant la guerre, comme le concours mené pour la 8e année consécutive par l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre le propose. L’occasion pour les jeunes de s’approprier leur histoire et de la transmettre. C’est bien là tout l’enjeu de ce concours scolaire qui compte parmi les actions mémorielles labellisées dans le cadre du Centenaire de la première guerre mondiale.

Laure Lambert de Cursay, directrice de l'école Saint-Germain a mené les enfants dans ce projet“On cherchait un poilu”, raconte Laure Lambert de Cursay, directrice de l’école. “J’ai lancé une bouteille à la mère aux archives municipales…” Valéry Humbert, chargée de médiation, leur a dégoté plus ce que la directrice était venue chercher. Choisi pour la richesse de sa correspondance, Alfred Delavallade est, en outre, issu d’une famille qui a été propriétaire du Cardinal, alors auberge de la Digue.

Marié à la Jeanne et père de trois enfants, Alfred Delavallade, originaire d’Angoulême, est sabotier à Brive. Mobilisé comme beaucoup d’autres, il devient combattant et croit fermement que la guerre ne durera pas. En attendant, pour se donner du courage, il donne tous les jours des nouvelles à sa famille et sa femme lui répond avec la même régularité. Mais les tranchées de la Marne devaient interrompre cette correspondance. Alfred Delavallade est mort le 23 juillet 1918.

De cette matière d’hier, les enfants de l’école Saint-Germain ont fait œuvre bien vivante aujourd’hui. Guidés par le service des archives, les élèves ont pu travailler sur les documents originaux et se frotter aux affres du décryptage. Chaque élève a ainsi recopié une lettre choisie et réalisé une illustration. 26 en tout. “Un travail très beau et émouvant”, a pointé le sous-préfet, et pour lequel ils se sont vu attribuer le second prix par un jury départemental. Le premier étant allé à l’arbre de la mémoire et de l’espoir de l’école de Saint-Yrieix-le-Déjalat.

Ce n’est pas évident de faire aimer l’histoire aux enfants… Vous avez réussi je pense”, a avancé Anne Colasson, conseillère municipale. “Au début, ils mélangeaient tout. Grâce à ce travail, les élèves savent maintenant identifier la première guerre mondiale et ses spécificités”, a confirmé Laure Lambert de Cursay. “Mener à bien ce projet nous a aussi permis de convoquer différents domaines: l’histoire bien sûr, mais aussi la littérature, les arts visuels et l’instruction civique. Puis, comme en faisant cela ils n’ont pas l’impression de travailler, ils ne sont pas blasés, on ne les entend pas souffler.

“Il faut se souvenir que ça a été horrible pour ne pas que ça recommence”, s’élève une petite voix. “Cent après, vous avez pensé à Alfred Delavallade. C’est formidable!”, avance le sous-préfet. Et la directrice de terminer: “Vous aussi continuez à raconter votre vie, pour laisser des traces, et faire que “les petits artistes de la mémoire” de demain puissent raconter la vôtre.”Les écoliers de Saint Germain ont reçu le second prix du concours "Les petits artistes de la mémoire"

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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