Le Comité d’entreprise de Deshors a assigné en référé la direction pour obtenir des réponses motivées concernant le projet alternatif qu’elle propose face au plan de licenciement. L’audience s’est déroulée à 14h et le délibéré est attendu ce mercredi 15 septembre dans l’après-midi.
A l’extérieur, apposée contre les grilles du tribunal de grande instance, une grande banderole rouge. Sur le trottoir, une bonne vingtaine de salariés faisant le pied de grue. Dans la circulation de ce début d’après-midi, quelques automobilistes n’hésitent pas au passage à témoigner leur soutien par des grands coups de klaxon.
A l’intérieur du palais de justice, dans une salle du rez-de-chaussée, les avocats font effet d’arguments. “Il y a un besoin absolu d’arrêter l’hémorragie financière”, avance l’avocat de la direction. “Les mesures évoquées par le plan alternatif sont pour l’essentiel en place depuis des années. Le contenu de ce plan est totalement hors sujet et ne résout en rien les problèmes. Il s’agit aussi de ne pas mettre en danger l’entreprise par des retards suspensifs. D’autre part, nous avons mis en place des réunions.”
“Ce n’est pas le marasme total”, répond l’avocat du CE en demandant la suspension du plan de licenciement. “Il semble qu’au jour où nous plaidons, les commandes se réactivent. La Région a jugé le projet alternatif plus sérieux que l’employeur, à tel point qu’elle est prête à en financer l’étude.” Et maitre Eric Diaz de conclure: “Nous n’avons aujourd’hui aucune garantie sur les discussions à venir.”
A la sortie de l’audience, la direction comme son avocat n’ont pas souhaité s’exprimer et étayer leurs propos, s’extrayant par l’arrière du tribunal et évitant ainsi une rencontre avec les salariés. Les représentants du CE et leur avocat ont été plus diserts. “Jusqu’ici, il n’y a pas eu de véritable débat mais des questions que l’on pose dans le vide. Nous avons proposé un projet et la direction ne nous a toujours pas répondu, le trouvant d’abord intéressant puis maintenant hors sujet”, s’agace Emmanuel Defrancq, secrétaire du CE. “Nous voulons des réponses motivées avant l’envoi des lettres de licenciements.”
“Hors sujet, le terme me paraît excessif“, reconnaît maître Eric Diaz, “surtout lorsqu’on parle de licenciements. Mais aussi sur le contenu. Le plan est fondé sur des éléments chiffrés fournis par des experts comptables et le fait que les décideurs politiques s’y intéressent est symbolique et témoigne de sa qualité.” Le plan assorti de 22 propositions intègre entre autres un renforcement du bureau d’études, se tourner vers des pièces plus complexes, des nouvelles technologies…
Certes, l’avocat ne nie pas les difficultés économiques. “Mais elles sont ponctuelles. Les chiffres laissent apparaître une reprise de l’aéronautique et du niveau de commandes. La direction a sous-estimé cette reprise et les salariés n’ont pas à en souffrir. Avec un peu de bonne volonté, on peut trouver d’autres solutions”, invoque-t-il.
Preuve pour le secrétaire du CE: “Le chômage partiel dans l’entreprise commence à baisser, les commandes reviennent petit à petit.” Pour son adjoint Denis Porte, également délégué syndical CGT Deshors moulage: “Ça pourrait sauver des emplois, peut-être pas à l’instant T, mais pour la suite. Dans le secteur du moulage, il y a du boulot. Aujourd’hui, on manque de personnel et on le récupère dans d’autres entités. Le problème, c’est qu’avec les licenciements, on va enlever dans notre secteur douze personnes qui ont entre 10 et 15 ans de métier, même plus. Ça fait partir les compétences.”
Les salariés veulent rester confiants quant à l’issue de ce référé. “Les lettres de licenciements devaient partir le 15 septembre. Déjà, elles pourraient partir plus tard et s’il pouvait y avoir une baisse du nombre…” La direction a également prévu une réunion ce jeudi pour apporter des réponses au plan alternatif. “Sans cette procédure de référé, il n’est pas sûr qu’elle l’aurait fait…”
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