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Hôpital de Brive: “On ne retrouvera pas un niveau global d’activité avant début 2021”

“On ne retrouvera pas un niveau global de l’activité avant début 2021. Si tout va bien”, nuance François Gauthiez. Le directeur de l’hôpital de Brive a présenté hier le plan de reprise progressive et partielle des activités hospitalières traditionnelles, consultations et hospitalisations. La première phase de relance a été entamée lundi tout en maintenant une capacité d’accueil Covid-19: “Un double défi avec des effectifs déjà fortement éprouvés”. Soignants épuisés, pathologies aggravées… le retour à la normale sera complexe.
“Ce qui compte ce n’est pas l’argent mais la réalité des moyens disponibles“, explique François Gauthiez. À ses côtés, le coordonnateur des soins Philippe Faugeron compte ses troupes, raccrochant juste d’une visio réunion avec l’ARS. Trois grands facteurs pèsent dans la balance. Les unités Covid, d’abord, qui sont très consommatrices en personnel: “Il faut y multiplier par 3 les effectifs pour un même nombre de lits”. A cela s’ajoute les agents dispensés de service car sujets à risque face au virus ainsi que les arrêts de travail en raison du Covid lui-même et d’autres pathologies, des arrêts en nombre supérieur comparé à une période normale. “Tout confondu, nous sommes à 20% d’absentéisme”, chiffre le coordonnateur.
“On consomme davantage de ressources et on en dispose de moins, c’est compliqué de relever le défi”, résume le directeur de l’hôpital. Le challenge désormais, continuer à pouvoir accueillir les cas suspects de Covid-19, tout en permettant aux autres malades de revenir dans le parcours de soins. “Il nous faut concilier les deux alors que nous sommes déjà en tension.”

Maintenir une capacité d’accueil importante en Covid

Tant au vu de la situation actuelle que des incertitudes pour l’avenir proche, l’hôpital se doit de maintenir une capacité d’accueil importante en Covid. En réanimation, 12 lits y sont dédiés parallèlement aux 8 en classique. S’y ajoutent les 15 lits Covid à l’étage P10 et en gériatrie les 10 lits pour les personnes âgées atteintes par le virus. “Nous avons réservé également 3 lits Covid en pédiatrie qui n’ont heureusement pas jusqu’ici servi.”
Les urgences fonctionnent toujours quant à elles avec un deuxième circuit pour accueillir les cas suspectés Covid qui sont dirigés en attente après examen vers une unité de 9 lits en UHCD (Unité d’hospitalisation de courte durée). “Nous avons désormais les moyens de connaitre les résultats des tests rapidement, c’est ce qui nous a permis d’ouvrir cette unité”, explique François Gauthiez. “L’hôpital s’est doté depuis fin avril d’automates d’analyses qui nous ont permis de faire nos propres tests auparavant sous-traités au CHU et d’accélérer les résultats”, a expliqué le docteur André Sommabere, chef du laboratoire et président de la Commission médicale d’établissement (CME). “Nous avons une capacité de 40 tests par jour, mais nous ne sommes pas en mesure de faire une dépistage massif.”
Deux secteurs nouveaux ont rejoint ce dispositif Covid pour accueillir les patients sortant de réanimation et qui doivent passer par une rééducation: 5 lits en pneumologie pour une réhabilitation respiratoire et 5 en médecine physique et réadaptation pour les patients souffrant de poly-déficiences.

Une reprise partielle et très progressive des activités

“Le plan de reprise partielle va se faire très progressivement”, a insisté le directeur. Un plan qui a été mis en route dès ce lundi 11 mai accompagnant le déconfinement. “Nous avons rouvert une unité de médecine interne de 15 lits et nous allons essayer d’arriver à 20.” La chirurgie reprend progressivement, mais on ne peut pas encore dire qu’on est dans un fonctionnement habituel. Elle était jusque là “fortement réduite aux urgences avec deux salles en utilisation normale et une dédiée Covid”. Une 3e salle rouvre cette semaine et début juin, si tout va bien, une 4e. “Les chirurgiens doivent reprioriser les opérations dans tous les domaines. Des opérations non urgentes il y a 4 semaines peuvent après examen clinique être devenues urgentes. Nous sommes dans l’appréciation au cas par cas. D’autant, comme le précise le directeur que “nous ne serons qu’à 50% du potentiel de notre plateau opérationnel”.
Côté consultations, il a fallu organiser la mise en place des consignes barrières et aménagé les locaux en conséquence avec distanciation des sièges. Une procédure a été définie: le patient doit se présenter seul, à l’heure exacte ni avant ni après, avec un masque, se lavera les mains à l’arrivée et en passera par un questionnaire en rapport avec le Covid. Évidemment, la procédure est plus longue et impacte directement le planning. “Là où l’on faisait 30 consultations, on va être plutôt à 15 ou 20.” Pour limiter l’exposition et éviter l’engorgement, les médecins hospitaliers vont, comme leurs confrères en ville, essayer de gérer un programme mixte de téléconsultations et consultations présentielles, surtout pour les patients qu’ils reçoivent pour la première fois. “Nombre de médecins s’inquiètent sur le fait d’avoir perdu le lien avec leurs patients et pour leur santé. Il faut que les soins se poursuivent”, insistent le directeur. “Tous les circuits de consultations ont été validés par l’équipe d’hygiène de l’hôpital”, renchérit le docteur André Sommabere.

Les visites toujours interdites

“Les visites aux patients hospitalisés ne sont pas encore autorisées, sauf dans des cas très particuliers”, précise François Gauthiez. Pour la maternité, un dispositif très encadré a été mis en place, autorisant la visite du père ou d’une deuxième personne, “amis très canalisée et une seule personne”.
Si l’hôpital remonte en puissance depuis lundi, on est donc loin encore du retour à la normale. Difficile pour son directeur de pronostiquer sur le retour complet. “On ne peut pas faire de projection chiffrée. Ce n’est qu’une première étape. À l’été, si tout va bien, on pourra faire 40% de notre volume global”, tente le directeur rejoignant les projections similaires du CHU de Limoges.  “La deuxième phase, en supposant qu’il n’y ait pas de rebond, sera en septembre. On ne retrouvera pas un niveau global de l’activité avant début 2021. Si tout va bien. Car il y a encore beaucoup d’incertitudes”, table François Gauthiez.
Marie Christine MALSOUTE, Photos : Diarmid COURREGES

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Diarmid COURREGES

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