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Haïti: invités par le CMJ, des pompiers témoignent

Mélina Audevard, Eddie Marcos et jean-Marc Jacob ont témoigné de leur expérience haïtienne

“Nous avons été contactés le 17 janvier à 22h pour un départ à Haïti le lendemain.” Trois sapeurs-pompiers de Brive, Tulle et Lubersac se sont rendus dans l’île une semaine après le tremblement de terre qui a fait des dizaines de milliers de victimes. Ce matin, à l’invitation du Conseil municipal des jeunes, ils témoignaient sous la halle Brassens.

Le CMJ vendait café et gâteaux au profit d'HaïtiLes gâteaux se sont bien vendus et des litres de café ont été bus. Ça valait la peine, pour une douzaine de jeunes élus du Conseil municipal des jeunes et leurs responsables, de se lever tôt pour monter leur stand sur le marché et vendre ces quelques denrées au profit d’Haïti. Les Brivistes ont répondu présent. Comme des membres du Conseil des sages qui ont porté quelques gâteaux et acheté ceux réalisés par les jeunes élus ou fournis par des pâtissiers de la ville. Derrière le stand, des banderoles réalisées par les enfants du centre Jacques Cartier.

Les fonds récoltés seront reversés à l’UNICEF, Brive étant depuis 2006 “Ville amie des enfants” sous l’égide de l’organisme international. A côté du stand du CMJ se tenait celui de l’association Amis, avec des ventes de parts de couscous, là aussi pour Haïti.

Outre récolter des fonds, le but de l’opération était de parler de la catastrophe haïtienne, pour que la mobilisation ne s’atténue pas, ou le moins possible. Ainsi, trois pompiers de Brive, Tulle et Lubersac, partis à Port-au-Prince une semaine après le tremblement de terre, sont venus témoigner de ce qu’ils ont vu là-bas, et de ce qu’ils ont fait pendant les 18 jours qu’aura duré leur mission.

Les pompiers“C’est une leçon de vie que de voir les victimes d’une telle catastrophe aussi solidaires et aussi humains.” L’infirmière Mélina Audevard faisait là sa première expérience sur le terrain d’une catastrophe. “Dans un tel contexte, on est à l’essence même de la relation avec l’autre.”Même son de cloche pour Eddie Marcos, secouriste: “Je me suis beaucoup nourri des échanges avec les Haïtiens, et une telle expérience fait progresser sur le plan humain. Même si être pompier implique que nous sommes déjà soucieux des gens qui nous entourent.”

Le médecin Jean-Marc Jacob confesse “ne pas avoir vécu l’expérience exactement comme ses deux camarades”: “Le travail était très intense, j’étais à fond dedans, et je n’ai pas forcément perçu les événements de la même manière.” Sa mission était d’assurer l’accueil des urgences de la clinique du Sacré-Cœur, au centre de Port-au-Prince. Avec quelque 160 arrivées par jour, peu de temps pour avoir un véritable échange avec les patients. La tête dans le guidon, Jean-Marc Jacob l’avait même parfois un peu trop. Au point où Mélina a dû, une fois, le contraindre à sortir du service pour décompresser un peu avant de repartir au charbon. L’infirmière sera elle aussi soutenue par Eddie et Jean-Marc juste après le décès d’une enfant dont elle s’était occupée.

“Nous ne nous sommes jamais quittés de tout le séjour”, expliquent les pompiers. “Malgré la tension, il n’y a jamais eu de clash entre nous, car, dans ce contexte, nous sommes obligés de ne donner que le meilleur de nous même.” Un esprit de groupe qui poussera même Jean-Marc Jacob à rentrer en France avec ses deux collègues alors qu’on lui avait proposé de rester une semaine de plus. “Nous sommes partis à trois, nous rentrons à trois, c’est comme ça.”

Sur place, dans la cour d’une clinique en partie détruite et aux rares murs encore debout et très instables, une cinquantaine de soignants, Français et Américains. “Au début, il y avait des tensions avec les Américains, car ils ont l’habitude de travailler seuls. Mais, rapidement, tout est rentré dans l’ordre”, explique Jean-Marc. Pour Eddie, “les Américains prennent en charge un patient, nous, on s’occupe d’une personne”. Néanmoins, chacun a donné le meilleur de lui même avec les moyens du bord. Des chaises à l’extérieur en guise de salle d’attente, une dizaine de tentes sur le parking pour les différents soins, le manque de matériel, notamment pédiatrique. “Par contre, nous avions des sédatifs en nombre, pour soulager les douleurs. C’est important.” 

Vente de couscous par l'association AMISEn 18 jours, les Français ont pu voir évoluer la situation. “Nous avons logiquement eu beaucoup de traumatologie lors de notre arrivée. Puis, au fur et à mesure, on était plus dans la pathologie infectieuse et psychologique.” Mélina fut marquée par la manière d’aborder la catastrophe par une population forcément  meurtrie: “Très rapidement, les Haïtiens ont monté des petits marchés un peu partout. Ils avaient le sourire, et la religion les a sans doute aidés à vivre tout ça ainsi. Je garde l’image de petites filles bien habillées, bien coiffées. Un peuple qui continue à vivre, à qui nous devons passer le flambeau pour que les Haïtiens gèrent la reconstruction de leur pays. Même si l’émotion est passée, nous devons continuer à les soutenir.” 

Olivier SOULIÉ

Olivier SOULIÉ

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