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Gilles Verlant: “Gainsbourg était un de mes héros de jeunesse”

Gilles VerlantNous avions rencontré Gilles Verlant, auteur de livres de référence sur Gainsbourg, avant la projection de Je t’aime moi non plus jeudi soir au Rex. Interview.

Brive magazine: Gainsbourg et le cinéma, c’est une histoire qui débute bien avant le tournage de Je t’aime moi non plus.

Gilles Verlant: En effet, Serge commence à fréquenter les plateaux de tournage à la fin des années 50 en jouant un petit rôle aux côtés de Bardot, déjà star, dans Voulez-vous danser avec moi. A l’époque, il n’ose pas lui parler. Dix ans après, ils vivront pourtant une folle passion… Au début des années 60, on retrouve Serge dans des péplums, avec une petite jupette de centurion! Il avait été repéré dans des cabarets. Sa gueule faisait l’affaire pour ce genre de rôle. A la même époque, il écrit des bandes originales, dont la première sera en fait son premier petit succès public: L’eau à la bouche. Il a ensuite enchaîné pas mal de navets, et au final il doit avoir une trentaine de films à son actif en tant que comédien. On l’aperçoit tout de même aux côtés de Michel Simon ou Jean Gabin, mais souvent en tant que pièce rapportée. Un exemple avec le film Le pacha: Lautner, le réalisateur, avait surtout besoin d’un chanson pour une scène du film. On y voit donc Gainsbourg chantant son Requiem pour un con. La motivation première du réalisateur, c’était la bande originale plus que Gainsbourg en tant que comédien. Ensuite, à partir du moment où il rencontre Jane Birkin sur le plateau du film Slogan, il va encore plus s’intéresser au cinéma, essentiellement pour être le plus souvent possible avec elle. A cette époque, difficile de les voir l’un sans l’autre dans un générique.

Gilles Verlant

Pourquoi attend-il 1976 pour devenir réalisateur ?

On est à une période où il ne vend pas énormément de disques. Son dernier succès, certes immense, était alors Je t’aime moi non plus, à la fin des années 60. Quand il écrit l’album L’histoire de Mélody Nelson au début des années 70, on voit bien qu’il est déjà dans un scénario car cet album raconte une histoire. Puis il suit de plus en plus Jane sur les tournages, et l’envie grimpe jusqu’à ce qu’il se décide. Avec une actrice comme Jane Birkin sous la main, il avait déjà une vraie raison de filmer.

Je t’aime moi non plus est son meilleur film. Que pensez-vous des autres ?

Gainsbourg a toujours eu un vrai souci pour ses films: il écrivait des scénarios trop courts! Pour Charlotte for ever, il a montré le scénario à Bertrand Blier pour avoir son avis. Blier m’a raconté que le scénario se résumait à 15 feuillets avec 2 lignes! Sur ce film, autre erreur: jouer lui même le père et laisser Charlotte jouer la fille. Pour Stan the flasher, la scripte a raconté qu’on pouvait, au grand maximum, avec un tel scénario, tourner 23 minutes. Sauf que le film en fait plus de 65. Gainsbourg a rallongé son film de manière artificielle. Et personne ne lui a rien dit car il venait de se faire enlever 2/3 du foie et il devait être le seul à ne pas savoir qu’il avait un cancer. Tout ceux qui ont participé au film l’ont d’abord fait par compassion. Quant à Equateur, un film très ennuyeux, sa grande erreur, c’est Francis Huster en acteur principal. C’était Dewaere qui devait le faire, mais il s’est suicidé… Ceci dit, Gainsbourg, formé à la peinture, savait faire des images. Dans ses films, il y a de très belles fulgurances esthétiques. Mais ça ne suffit évidemment pas pour faire un bon film.

Comment devenez vous biographe de Gainsbourg ? Une envie, une commande ?

Quand j’étais jeune, j’avais deux héros: Bowie et Gainsbourg. Dans les années 70, j’écoutais autant les Sex Pistols que Gainsbourg, car je lui trouvais un côté punk. Quand il a fait une tournée avec les musiciens reggae, je l’ai fait venir à Bruxelles où j’organisais des concerts. Puis tout s’est enchaîné, on se voyait assez régulièrement. Par contre, soyons clair, je n’étais pas ami avec lui et nous avions une relation uniquement professionnelle. J’étais de toute façon trop jeune et trop fan pour envisager une amitié. Je ne pouvais rien lui apporter. A force de récolter des informations, j’ai sorti une première biographie en 1985. A cette époque, il n’y avait rien, ou presque, d’édité sur Gainsbourg. C’est fou quand on y pense! A fortiori quand le moindre artiste actuel a déjà au moins un bouquin sur lui, comme Biolay par exemple.

Justement, les artistes français actuels, parlons-en. Lesquels écoutez-vous ?

Benjamin Biolay justement. J’aime beaucoup ce qu’il fait. Je vous conseille aussi Archimède, un groupe avec un super parolier, ou encore L. Et j’aime énormément deux paroliers, les meilleurs actuels à mes yeux: Jacques Duvall et Pierre-Dominique Burgaud. Tous les deux ont travaillé avec Alain Chamfort, qui est un artiste qui a toujours su très bien s’entourer.

Quels livres sur Gainsbourg conseilleriez-vous, en dehors des vôtres bien sûr ?

Les miens sont les meilleurs, je n’ai aucun problème à dire ça car j’ai fourni un travail énorme. Sur la biographie plusieurs fois rééditée bien entendu, mais aussi sur celui que Loïc Picaud et moi même avons sorti récemment, L’intégrale Gainsbourg, avec l’histoire de toutes les chansons de Serge. Sinon, il faut avoir également Les Manuscrits de Serge Gainsbourg et L’intégrale et caetera signée Yves-Ferdinand Bouvier. Si vous possédez ces livres là, vous avez tout!

Le site officiel de Gilles Verlant, c’est ici !

Olivier SOULIÉ

Olivier SOULIÉ

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