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Festival du cinéma: Gainsbourg le cinéaste à l’honneur

Le 8e Festival du cinéma de Brive, qui se déroule du 6 au 11 avril, va rendre un superbe hommage à Serge Gainsbourg. Les 4 films du cinéaste vont être diffusés, pour le plus grand plaisir des fans de l’homme à tête de chou qui nous a quittés il y a 20 ans déjà.

Déjà 20 ans que le grand Serge nous a quittés. De Gainsbourg, beaucoup connaissent son mister Hyde, Gainsbarre. Celui qui trimballait sa fine silhouette sur les plateaux de télévision après quelques bulles de champagne. Depuis, le temps a fait son effet, et Gainsbourg apparaît enfin comme ce qu’il était dès ses débuts en 1958: un génie des mots et de la musique.

Mais Gainsbourg, ça n’est pas qu’un auteur compositeur interprète. Il a écrit, il a photographié, il a fait le comédien sur petit et sur grand écran. Il a aussi réalisé quatre films. On peut, sans risque de se tromper, considérer que Gainsbourg a abordé le cinéma comme un palliatif à la peinture, qu’il a abandonnée avant de chanter, déçu de n’avoir pas réussi dans cet art majeur.

Gainsbourg et le cinéma, c’est une histoire dense. Du plateau de Voulez-vous danser avec moi où, en 1959, il croise Brigitte Bardot, qui, des années après, deviendra l’objet d’une folle passion et l’inspiratrice de succès colossaux (Initials BB, Comic strip, Bonnie and Clyde, Je t’aime moi non plus, etc.), aux tournages où il joue aux côtés de grands comme Jean Gabin, Michel Simon ou Yul Brynner (qui deviendra le parrain de Charlotte), l’artiste observe, découvre, respire l’ambiance. C’est ainsi que l’envie de mettre en image va naître.

La fin des années 60 sera déterminante. Le compositeur de nombreuses bandes originales de films, dont celle du magnifique téléfilm Anna de Pierre Koralnik avec la non moins magnifique Anna Karina, va rencontrer une jeune anglaise, Jane Birkin. Venue passer un casting pour le film Slogan, la comédienne d’Outre-Manche (qui ne connaît pas Gainsbourg et l’appelle “Serge Bourguignon”) va être accueillie par un Gainsbourg glacial, blessé par sa toute récente histoire d’amour avec BB. Le réalisateur de Slogan, Pierre Grimblat, va tenter de détendre l’atmosphère, et va y parvenir au delà de toute espérance! Jane Birkin va devenir la muse de l’auteur et du compositeur, mais aussi l’inspiratrice du cinéaste.

Je t’aime moi non plus (1976)

Quelques années après avoir composé son meilleur album, L’Histoire de Mélody Nelson, à l’écriture déjà très cinématographique, Gainsbourg s’attelle à la réalisation de son premier long métrage, Je t’aime moi non plus.

Ce qui reste son meilleur film – avec peut-être le plus beau rôle offert à Jane Birkin – va recevoir un accueil glacial. Le thème: une histoire d’amour entre une serveuse androgyne, incarnée par Jane Birkin, et un éboueur homosexuel, Joe Dallesandro, célèbre égérie d’Andy Warhol. On peut comprendre que le public ait boudé le film. Et rares seront les critiques à défendre cet OVNI cinématographique. Henri Chapier s’y risquera. François Truffaut aussi.

Ayant échappé de peu au classement X en France, c’est grâce aux ciné-clubs que Je t’aime moi non plus deviendra, au fil du temps, un film culte.

Equateur (1983)

film-equateurAdaptation du roman Coup de lune de Georges Simenon, ce film décrit une histoire passionnelle vécue dans la moiteur de la jungle gabonaise. De ce film à la bande-son particulièrement soignée, beaucoup n’ont retenu que l’audace de quelques plans séquences, dont un, particulièrement long, qui fut sifflé lors d’une projection à Cannes: des pagayeurs sur un fleuve.

Charlotte for ever (1986)

Les plans sont superbes mais, après la polémique née de la chanson Lemon incest, que Serge interprète avec sa fille Charlotte, le public boudera Charlotte for ever, où le cinéaste montre une relation père-fille sans doute trop intense pour ne pas susciter une certaine gêne. Longtemps Gainsbourg a regretté d’avoir lui même incarné le père alcoolique et suicidaire de Charlotte dans ce film. Au départ, Christophe Lambert était pressenti.

Stan the flasher (1990)

Un vieux prof, joué par Claude Berri, nu sous son imper et obsédé par les Lolitas. Encore un thème sulfureux pour Gainsbourg le cinéaste. Dans ce long où les aphorismes s’enchaînent, les scènes sont d’un intérêt inégal. Sans doute Stan the flasher aurait-il fait un excellent moyen métrage. Mais c’est un long. Quoique d’une durée relativement courte d’une heure et dix minutes. Parmi les curiosités, outre la prestation de Claude Berri dans ce rôle inédit, on découvre la Lolita Elodie Bouchez dans son premier film.

Si Je t’aime moi non plus reste “le” film à voir sur les 4 proposés lors du Festival du cinéma, découvrir l’œuvre complète de Gainsbourg cinéaste peut permettre d’avoir une vision encore plus large de l’artiste. Rares en salle, ces longs métrages sont de toute façon à découvrir ou redécouvrir. Et c’est un sacré bel hommage que rendent les organisateurs à l’un des artistes les plus importants du XXe siècle.

Olivier SOULIÉ

Olivier SOULIÉ

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