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Fabienne Civiol, femme de tête, de cœur et d’honneur

Fabienne Civiol

Elle est femme qui fonce, qui ne perd pas de temps mais qui sait aussi prendre du temps pour les combats qui lui tiennent à cœur. Après 22 ans d’investissement dans l’association SOS violences conjugales qu’elle a créée avec Catherine Ducruezet, Fabienne Civiol sera faite ce soir à 20h dans la salle d’honneur chevalier de la Légion d’honneur. Ou plutôt chevalière. Elle y tient et n’est pas femme à baisser les bras pour ce en quoi elle croit.

Madame CiviolFabienne Civiol est une femme en marche: elle ne s’arrête pas de courir. En actes, elle fait beaucoup. En paroles, elle parle beaucoup. Mais un blanc s’étire lorsqu’on lui demande ce que lui inspire la récompense qu’elle va recevoir ce soir. Un blanc qu’elle conclut par un “Je ne sais pas. J’ai demandé. On m’a dit qu’on qu’on ne pouvait pas la refuser. Juste ne pas aller la chercher.” Un frein qui n’est pas fausse modestie mais vraie considération du travail en équipe.

“Cette association, on l’a créée avec Catherine Ducruezet qui a d’ailleurs été faite chevalier de la Légion d’honneur l’an passé. C’est au nom de la République et pour l’association et le travail engagé par ses 12 salariés et autant de bénévoles que je veux la recevoir“, explique-t-elle. Un travail initié il y a 22 ans: “Nous étions mamans de trois enfants, chacune de notre côté, et nous cherchions à nous occuper des autres. Michèle André, alors secrétaire d’Etat chargée des droits des femmes avait lancé en 1989 la campagne “L’important est d’en parler”. Ainsi, durant un mois et dans tous les départements, une écoute téléphonique pour les femmes victimes de violences conjugales avait été mise en place. Nous y avons participé.”

Elle poursuit: “Dès le premier soir, on est rentrées chez nous, sans formation mais avec des téléphones pour recevoir les premiers appels. Le mois terminé et la campagne avec, on trouvait dommage que l’opportunité de parler, offerte à ces victimes, reste lettre morte. Alors, on a lancé une pétition pour poursuivre l’action. On a commencé dans l’école de nos enfants, à Jeanne d’Arc et il s’est trouvé que les deux premières dames à la signer nous ont avoué qu’elles étaient elles-mêmes victimes de violences conjugales. Dès lors, on a foncé.”

stèle des violences conjugales, RoseraieVingt deux ans plus tard, l’association, portée par ces deux femmes, et toute une équipe derrière, a bien évolué. Elle est aujourd’hui composée du pôle écoute et entretien. Dirigé par Catherine Ducruezet, il a reçu, en 2011, 237 appels et réalisé 116 entretiens. L’association dispose aussi d’un pôle formation et les deux fondatrices sont référentes départementales. Elle compte enfin le Centre d’hébergement et de réinsertion sociale Solidarelles, agréé en 1995, dirigé par Fabienne Civiol, et dont la première mission est la mise à l’abri des femmes en danger. A l’année, il accueille dans ses 9 chambres une cinquantaine de femmes et autant d’enfants qui sont hébergés jusqu’à quatre mois. L’équipe leur offre un accompagnement social, éducatif et psychologique, une aide administrative et un accueil mères-enfants de moins de 3 ans. “Aujourd’hui, on est connu et reconnu.” C’était ce que les deux fondatrices voulaient pour partir sereines à la retraite, en laissant derrière elles des pôles professionnalisés.

Le sens aigu de l’autre que Fabienne Civiol a développé n’est pas le fruit du hasard. Mais plutôt d’une éducation grande ouverte aux autres. Il a été confirmé par un investissement dans les Scouts et les Guides de France et porté par un naturel optimiste, autant que nécessaire. “En 22 ans, on a perdu 3 femmes. ” Des coups durs qui n’ont pourtant pas entamé sa volonté de faire changer les choses, guidée par une conviction: “Je sais qu’on pourrait éradiquer toute forme de violence, en commençant par l’éducation. Je crois aussi beaucoup en la jeunesse, en la transmission.” Et ce ne sont là pas les seuls de ces “dadas”, comme elle dit elle-même. En tête de liste, l’égalité femme-homme. Entière, Fabienne Civiol se fiche pas mal de certaines bienséances et sait envoyer valdinguer certains usages. Même après son mariage, elle a conservé son nom. Une pratique qui ne se faisait pas du tout alors. Et lorsqu’elle s’est vue demander si elle n’était pas fière de porter le nom d’un homme, elle a répondu du tac au tac: “L’honneur est sauf, je porte le nom de mon père!”

En se retournant sur les 22 années passées, Fabienne Civiol ne ressent pas à proprement parler de la fierté. Mais poussée par ses idéaux de justice et d’équité, elle continue son action, guidée par le respect de l’autre. L’autre, un mot qui effectivement revient souvent dans ses propos: “On l’a voulu cette reconnaissance. On va sûrement pas râler maintenant qu’on l’a, mais je connais plein de gens qui la mériteraient autant que moi.” Elle n’en est pas moins méritante pour autant.

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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