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Deux classes brivistes élisent le César des lycéens

Deux classes de terminale, l’une à d’Arsonval, l’autre à Lavoisier, participent au premier César des lycéens du cinéma français. Nous les avons rencontrés lors d’une séance de projection commune au Rex. Que du bonheur!

On connaissait le Goncourt des lycéens, voici qu’a fleuri cette année le César du même nom. À l’instar de la distinction littéraire qui, depuis 1988, propose à 2.000 jeunes lecteurs de toute la France de dévoiler leur prix Goncourt, 2.000 élèves de terminale ont également été mis à contribution pour cette élection cinématographique. De quoi rafraîchir l’image de l’institution auprès d’un jeune public généralement friand de blockbusters US, tout en participant à son éducation à l’image.

Une centaine de lycées généraux, technologiques et professionnels ont d’emblée candidaté pour cette première édition et deux classes brivistes font partie de la cinquantaine sélectionnée sur lettre de motivation par l’Éducation nationale : l’une en CAP ébénisterie au lycée professionnel Lavoisier et l’autre en option cinéma audiovisuel au lycée d’Arsonval. Une belle opportunité qui ravit aussi bien les 25 lycéens que leurs deux professeurs de lettres, déjà impliqués dans des actions similaires comme Lycéens au cinéma, le Prix Renoir ou le Goncourt des lycéens. L’initiative est accompagnée par le cinéma Rex et le Pôle régional d’éducation à l’image Les Yeux verts.

Parmi les 2.000 électeurs, donc 25 Brivistes. Le timing n’en est pas moins serré pour les élèves qui doivent visionner en deux semaines les 7 films de la sélection officielle. En lice La Douleur d’Emmanuel Finkiel, En liberté de Pierre Salvadori, Les Frères Sisters de Jacques Audiard, Le Grand bain de Gilles Lellouche, Guy d’Alex Lutz, Jusqu’à la garde de Xavier Legrand, Pupille de Jeanne Herry. Cette sélection offre un large éventail de la production française dans toute sa diversité. Bien que le vote soit individuel, les élèves n’en partagent pas moins projections et points de vue, histoire d’enrichir les débats. Ainsi vendredi matin, les deux classes ont visionné ensemble au cinéma Rex La Douleur et Guy. À la pose entre les deux, les mines étaient concentrées. “Le film est un peu trop long”, estime l’un d’eux. “Oui, mais c’est une façon de montrer la mélancolie”, nuance une autre. “Il y a de belles images, c’est bien tourné, avec le parti pris d’un narrateur. C’est une belle histoire”, s’accordent les deux. Certains font déjà leur palmarès personnel: “Jusqu’à la garde, j’ai vraiment accroché, ça m’a touché émotionnellement”. Mais il reste encore des films à visionner. Les deux classes vont aussi prendre le temps de confronter leurs regards lors d’une réunion commune.

Les lycéens auront ensuite jusqu’au 22 février 16h, soit juste avant la cérémonie d’ouverture des 44e César Salle Pleyel, pour élire leur Meilleur film, qui sera dévoilé quelques jours plus tard le 25 février. La remise du prix est prévue à la Sorbonne le 13 mars, en présence de l’équipe du film. Et les professeurs font tout pour qu’un maximum d’élèves puisse y assister. En attendant, l’heure est toujours au choix délicat…

Ce qu’ils en disent:

Estéban Jacquet, 17 ans, terminale ébénisterie: “Je regarde beaucoup de films, de tout. Ce César des lycéens m’enrichit car je peux donner mon avis et il va compter. Mon choix a un poids, mais il ne suffit pas de désigner simplement le film que j’aime. Il faut argumenter, analyser l’histoire, le cadrage, l’émotion… Ça permet de mieux comprendre mon regard sur les œuvres.”

Fanny Muller, terminale option cinéma: “Il ne s’agit pas de dire j’aime ou je n’aime pas. Les films sélectionnés sont tous des bons films, mais qu’est ce qui fait qu’un va ressortir comme meilleur. Il faut avoir une analyse poussée. C’est une belle expérience et un atout pour mes études, sur mon CV… et dans ma vie.”

Carole Cremoux, professeur de lettres et cinéma à d’Arsonval: “C’est une superbe idée en lien avec notre programme et ça permet de l’aborder sous un autre angle, en adoptant l’aspect jury, en argumentant la réflexion. Les élèves sont accompagnés, mais ils sont à 100% libre dans leur choix et c’est leur regard de spectateur qui compte.”

Éric Moniez, professeur de lettres et histoire à Lavoisier: “J’aime bien proposer des projets culturels à mes élèves de lycée professionnel. Ce César les ouvre à un cinéma français contemporain, des films actuels qu’ils ne vont pas voir spontanément et ça leur apprend à structurer leur réflexion.”

Romain Grosjean, directeur du cinéma Rex: “Il faut absolument que ça continue. C’est une belle initiative qui ne touche pas que les élèves de cinéma audiovisuel. C’est tout à fait dans notre mission de pouvoir éduquer aussi le jeune public et lui transmettre le plaisir du cinéma.”

Valérie Mocydlarz, médiatrice du Pôle régional d’éducation à l’image, Les Yeux verts: “Ce ne sont pas de simples spectateurs, en tant que votant, ils ont une responsabilité et donc un regard d’analyse. C’est très intéressant aussi que les classes puissent échanger car elles viennent d’horizons différents.”

 

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Diarmid COURREGES

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Diarmid COURREGES

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