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Des Invisibles rendus visibles

Le musée Michelet accueille à partir de ce vendredi 10 septembre une belle exposition photographique qui rend hommage aux anciens combattants africains, les tirailleurs sénégalais. Des portraits poignants à voir jusqu’au 9 janvier. Entrée libre et gratuite. L’artiste burkinabé Warren Saré sera en résidence à Brive tout novembre.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, ceux que l’ont appellent les « tirailleurs sénégalais », des hommes issus en fait de différentes colonies africaines de la France, ont âprement combattu (comme d’ailleurs lors de la Première) pour défendre les couleurs du drapeau tricolore. À la Libération, la France ne leur accordera que de maigres droits. L’Histoire elle-même les a ignoré, à peine voit-on leur ombre furtive dans les documentaires consacrés à cette période… Des invisibles.

C’est une démarche toute personnelle qui a lancé Warren Saré sur la trace de ces oubliés. “Dans mon village de Kadiogo, Mon grand-père parlait souvent de son père, mon arrière-grand-père, parti combattre en France pendant la Première Guerre mondiale et qui n’était pas revenu. J’ai découvert que d’autres avaient aussi combattu, et à la Seconde Guerre mondiale en Europe, mais aussi en Indochine et en Algérie. Je suis allé à leur rencontre pour recueillir leur témoignage.” Animé par le devoir de mémoire, seul et avec peu de moyens, Warren Saré a sillonné l’Afrique de l’Ouest depuis 2005 à la recherche de ces témoins de l’Histoire. Chez lui au Burkina Faso, mais aussi au Niger, au Bénin, en Guinée Conakry, au Mali, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Togo…

L’objectif du photographe immortalise ainsi les portraits de ces anciens combattants africains. Un remède contre l’oubli sur son propre sol africain: “On ne l’enseigne même pas chez nous à l’école. Les enfants ne savent pas que leurs parents ont contribué à combattre les nazis. Alors, j’interviens aussi dans les établissements scolaires.” Et pour tous, un message d’humanité sans frontière: “Dans ces guerres, nos grands-parents de part et d’autre ont partagé les mêmes valeurs, ont mangé ensemble, souffert ensemble… Il n’y a pas de raison pour qu’on ne s’entende pas aujourd’hui et que l’on ne puisse construire ensemble un monde de paix.”

C’est aussi la première fois que le musée Michelet accueille une exposition photographique. “C’est un souhait de renouveler notre approche sur la forme, la photo, comme sur le fond, un sujet très actuel qui touche les problèmes de colonisation/décolonisation. Sans oublier qu’Edmond Michelet a été ministre des Armées puis des Anciens combattants”, rappelle son directeur Thierry Pradel qui a découvert l’artiste grâce aux réseaux sociaux.

L’exposition présente une vingtaine de portraits. Elle s’accompagne également d’une résidence de l’artiste du 1er au 30 novembre. Une première là aussi en matière de photographie. “J’aimerais rencontrer ceux qui ont combattu avec ces tirailleurs sénégalais, ainsi que les infirmières qui les ont soignés. Dans une autre démarche, je vais aussi aller à la rencontre des anciens qui ont vu Brive évoluer.” Regard d’un photographe africain sur notre propre histoire. Des travaux qui pourraient se concrétiser par une exposition ou un album…

Les Invisibles de Warren Saré, au musée Michelet à Brive, 4 rue Champanatier. Ouvert du lundi au vendredi de 11h à 18h et samedi de 13h à 18h et à partir du 1er octobre du lundi au samedi de 13h à 18h. Infos au 05.55.74.06.08 et sur centremichelet.brive.fr.

 

 

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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