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Des amateurs entrent dans le cercle privé du théâtre professionnel

Ce week-end, quatorze comédiens amateurs ont participé à un atelier organisé au théâtre par les Treize arches et mené par Solange Oswald et Sacha Saille du groupe Merci. Un groupe qui présentera, en clôture de saison, La Mastication des morts de Patrick Kermann. Une aventure plus qu’un spectacle qu’il est donnée de vivre à certains de ces amateurs, de l’intérieur.

Si la finalité de cet atelier permettra à la quinzaine de comédiens amateurs de la ville et des environs d’être associés au spectacle La Mastication des morts qui sera donné en fin de saison, du 13 au 17 mai dans un endroit encore tenu secret, l’essentiel n’est pas vraiment là. Solange Oswald, metteur en scène du groupe Merci, y tient. “Ce n’est pas un casting. Le théâtre n’est pas un concours.” Effectivement, l’esprit de l’atelier tout autant que celui du groupe est ailleurs.

Il se trouve dans le partage d’une aventure humaine et théâtrale. “L’idée étant, tout en respectant leur pratique du théâtre, de partager quelque chose avec eux, de se mêler un moment“, explique Solange Oswald. Une proximité propre à l’esprit de ce groupe qu’elle a formé à Toulouse: “On a décidé de ne plus jouer dans les fauteuils rouges d’un théâtre où les spectateurs, confortables, consomment le théâtre.” Pour raviver les débats, les échanges, le groupe a fait le choix de jouer hors les murs du théâtre.

C’était le cas pour le spectacle Europeana, joué il y a deux ans à l’Espace des Trois provinces, à l’intérieur d’une structure cylindrique. Et ils vont même jusqu’à mettre les spectateurs dans un état d’inconfort. “Ce n’est pas pour faire des manières, c’est pour rapprocher les acteurs des spectateurs. On ne joue jamais pour plus de 190 personnes. Dans La Mastic’, il y a 130 spectateurs pour 22 acteurs…”

La Mastic’, comme le surnomme Solange est un des plus beaux événements théâtraux de ces dernières années, écrit par Patrick Kermann. Là, “les morts d’un village racontent comment ils y sont passés”, finit par obtenir Solange de son groupe. Des mésaventures qui mêlent la petite et la grande histoire. Des morts qui ressassent des choses pas franchement transcendantes. “Alors c’est ça que les morts ont à nous dire?”, finit par conclure Solange!

Le point de départ d’un éclairage sur le théâtre contemporain et sa forme fragmentée née après la première guerre mondiale avec les dadaïstes, confirmée après la seconde. “Si même la belle prose lyrique n’a pas pu éviter la guerre, alors à quoi bon!” L’écriture fragmentaire sera désormais l’écriture d’un siècle qui se délite, une écriture où il manque quelque chose. “C’est justement grâce à cela qu’on va discuter. La clé, c’est vous qui allez la trouver.” De ce texte, comme de plusieurs autres, ils ont parlé ce week-end mais aussi réfléchi sur sa mise en scène possible. “Il y a 400 monologues et 36.000 solutions! Alors oui, ça demande un effort, mais ça en vaut la peine.”

Le groupe de comédiens amateurs semble bien de cet avis. “Vraiment un beau groupe”: un groupe riche et dense, mêlant les genres, les sexes, les âges, réunissant des amoureux de théâtre, des très jeunes à l’expérience déjà bien garnie, des plus âgés qui s’y sont investis dans l’ombre durant toute une vie ou qui y reviennent aujourd’hui.

Un par un, vendredi soir, dans la petite salle du théâtre et jusqu’à minuit passé, ils ont proposé une interprétation d’un passage de la pièce. Par-delà le trac, ils ont su faire rire, beaucoup! Ont ému aussi et, à vrai dire, plutôt surpris. “Ils sont naturels et vivants, on voit qu’ils aiment le théâtre, qu’ils sont amoureux du jeu. Il est très rare que lors d’ateliers comme ceux-là, on nous ait fait de vraies propositions comme ils l’ont fait.” Ça promet !

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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