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De nouveaux défis pour l’aide sociale

La Ville de Brive engage pour les années à venir un plan d’actions qui fédère tous les acteurs autour de son CCAS et Brive Solidarité. Trois publics prioritaires sont ciblés : les seniors, les jeunes et les familles monoparentales. Une volonté affichée de faire du sur-mesure, du “aller vers” et “avec” pour lutter contre la précarité.

“Une politique sociale doit être adaptée et ajustée pour être au plus près des glissements sociaux et notamment des personnes les plus fragilisées“, a ciblé le maire Frédéric Soulier. Les précarités évoluent et l’action sociale doit faire de même. Encore faut-il au préalable identifier ces nouveaux besoins. D’où l’Analyse des besoins sociaux (ABS) qui a été portée sur le terrain par le Centre communal d’action sociale, en s’appuyant pleinement sur l’Office municipal Brive solidarité.

Autour du maire Frédéric Soulier, son adjoint à l’action sociale Michel Da Cuhna, le président de Brive Solidarité Michel Blancher et Fatima Jacinto, conseillère municipale déléguée

“On a pris le temps de travailler ensemble”, cadre Michel Da Cuhna, adjoint en charge de l’action sociale. “Ce travail prospectif était long mais nécessaire afin que tous les acteurs, institutionnels et associatifs via Brive Solidarité, mais aussi les agents et les usagers, puissent apporter leur contribution. Cela a permis d’élaborer un plan d’actions pragmatique.” Les résultats et le plan ont été présentés au dernier conseil municipal de décembre et vendredi dernier lors de l’assemblée plénière de Brive solidarité. L’idée en réunissant toutes les ressources, est de pouvoir, outre de bien sérier les problèmes, se coordonner, travailler mieux ensemble, décloisonner les parcours, pouvoir anticiper. Bref, être le plus efficient possible avec des usagers qui ont souvent une méconnaissance des dispositifs dont ils pourraient bénéficier. “Nous avons travaillé en transversalité pour mieux comprendre les problématiques”, précise Michel Blancher, président de Brive Solidarité.

Car l’ABS met en lumière un réel enjeu sur le bassin de Brive avec un taux de pauvreté de 17% et même une “forte précarité en QPV (Quartier prioritaire de la politique de la ville, NDLR) et en centre-ville où le revenu médian est inférieur à 1.500 euros par mois”. Si Brive reste un pole attractivité avec une part importante d’emploi pérennes (80% de CDI ou fonction publique), l’analyse révèle d’importantes inégalités territoriales avec 23% d’emplois précaires dans les quartiers prioritaires, parlant même de “décrochage” en ce qui concerne le taux de chômage. il grimpe par exemple à 31% aux Chapélies. Des problèmes aussi de  logement, notamment d’obsolescence: 54% sont construits avant 1970…

On évalue entre 10 et 20% la hausse des besoins dans les six mois à venir”, quantifie Michel Da Cuhna. “Nous n’avons pas attendu pour mettre en œuvre des actions en prévision de la période hivernale qui va être difficile”, assure-t-il. “Tous les services du CCAS ont déjà été renforcés, comme les aides d’urgence ou l’épicerie sociale qui est ouverte aux étudiants.” À l’épicerie sociale, on constate cette évolution avec un augmentation des publics touchés, notamment des familles monoparentales.

La précarité est une réalité qui se décline avec plusieurs facteurs pesant sur l’insertion sociale: l’alimentation, le logement (40% des aides financières du CCAS le concerne), l’accès aux loisirs, à la culture, à la pratique de la langue française…

La Ville a décidé de cibler en priorité trois publics les plus touchés: les familles monoparentales, les jeunes et les personnes âgées. Les familles monoparentales représentent 18% des familles. 35% d’entre elles sont sous le seuil de pauvreté, avec une forte densité en centre-ville et les QPV. Avec des problèmes de modes de garde d’enfants qui leur sont difficilement accessibles, de mobilité aussi, d’alimentation bien sûr…

On note aussi une importante précarité chez les jeunes de moins de 25 ans: 28% sont sous le seuil de pauvreté avec un taux de chômage de 27,4%. L’ABS identifie les étudiants comme un “angle mort” des politiques sociales locales. Enfin nos aînés dans un contexte de vieillissement de la population, ils représentent malgré la disparité de leurs situations socio-économiques, un risque important d’isolement: 52% des plus de 80 ans vivent seuls. Avec des questions de maintien de l’autonomie à domicile et de soutien des aidants.

Pour relever ces nouveaux défis, les actions seront guidées par une volonté d’aller au devant de ces publics pour mieux les accompagner. “Nous devons alléger les travailleurs sociaux des tâches administratives et privilégier le contact humain” précise Michel Da Cuhna. “Le CCAS ne gèrera plus l’action depuis ses bureaux, mais en allant vers”, a insisté le maire qui a annoncé le projet de transformer le médiabus (n’attirant plus que 6 lecteurs jour) en un bus reconverti dans l’aide sociale. Un poste avancé qui est en cours d’élaboration. Il est aussi question de créer un “ticket retour à l’emploi” pour les familles monoparentales à 95% féminines, un peu comme ce qui a été fait avec le “Pass’pro” pour les jeunes. Ce dispositif favoriserait une réinsertion rapide avec des aides pour la mobilité, au mode de garde, intégrerait une tarification sociale pour accéder à des équipements… “On peut apporter les aides possibles, mais il faut un engagement des deux parties, avec les personnes concernées, pour aboutir à un résultat”, insiste Fatima Jacinto, conseillère municipale déléguée.

D’autant que ces nouvelles démarches devront pour le CCAS être menées à budget constant: 9 millions d’euros dont un tiers de subvention par la Ville. D’où la nécessité d’être le plus efficient possible et de coordonner les actions de tous les acteurs.

 

 

 

 

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Fatima Kaabouch

Marie Christine MALSOUTE, Photos : Fatima Kaabouch

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