Brive-Baku en Azerbaïdjan à vélo, quelque 6.500km à la force des mollets à travers 14 pays. C’est l’éprouvante mais belle aventure vécue par le Briviste Benjamin Continsouzas avec un ami Nantais. Ils se sont surnommés les “cycling frogs” (grenouilles qui pédalent en anglais), sans doute de l’humour british, puisqu’ils travaillent tous deux en Angleterre.
“Ça faisait un petit moment qu’on envisageait avec un copain de faire un périple à vélo, avec l’idée de suivre la route de la soie, plus loin, jusqu’en Asie“, explique Benjamin Continsouzas, 27 ans.”Mais je n’ai pas pu prendre plus de trois mois en congés sans solde, alors nous nous sommes arrêtés sur une mer.” Le Briviste s’est expatrié à Londres où il travaille dans l’industrie pharmaceutique. Son camarade d’expédition, Romain Lecomte, Nantais, travaille lui aussi en Angleterre, mais dans l’industrie pétrolière. Grâce à une bonne âme, nous avons d’ailleurs pu joindre notre compatriote avant qu’il ne s’en retourne dans la “perfide albion”.
“Nous sommes partis le 16 juillet de Brive pour arriver début octobre à Baku.” Entre temps, ils ont couvert quelque 6.500km, traversé 14 pays que Benjamin décline tout d’une traite: “France, Italie, Slovénie, Croatie, Bosnie, Monténégro, Serbie, Kosovo, Macédoine, Bulgarie, Grèce, Turquie, Georgie, Azerbaïdjan” et voir la mer Caspienne.
“Au début, c’était dur de trouver le rythme, même si chacun de nous avait déjà pratiqué le vélo quelques années auparavant. C’est sûr, c’était éprouvant. En partant, on s’était donné un jour de repos par semaine, mais on ne s’est accordé qu’une pause à Venise et une autre un mois et demi plus tard à Istanbul. On a pédalé tous les jours, même malade sous la pluie, car on avait toujours envie d’aller voir quelque chose. Le plus bizarre, c’est qu’on n’avait jamais une minute de calme en journée. Il y avait toujours quelque chose à faire, ranger la tente ou l’installer, réparer le vélo, faire le sac… On a pris des livres que l’on n’a même pas ouvert.”
Face au barrage de la langue, nos deux compères ont trouvé l’astuce: “Dans chaque pays, on essayait de trouver quelqu’un parlant anglais, on lui faisait traduire une liste de mots courants et on se fabriquait notre petit lexique. On est toujours arrivé à se faire comprendre.” Malin, le tandem de choc.
“Ce qui m’a le plus marqué, c’est la générosité des gens qui nous accueillaient chez eux, couraient pour nous offrir des fruits. Même ceux qui étaient pauvres voulaient nous donner à manger. C’est un choc culturel.” Dans l’histoire, le vélo s’est révélé un excellent choix: “C’est un bon moyen de contact. C’est plus rapide qu’à pied, on arrivait à couvrir entre 120 et 150 km par jour. On était indépendant, pas besoin d’essence et moins de panne mécanique.”
Les deux compères avaient chargé chacun leur vélo de quatre sacoches. “Deux sur la roue avant, deux autres sur la roue arrière. Nous avions prévu une grosse trousse de réparation. Ça nous a évité du perdre du temps, car quelquefois, on a dû réparer au milieu de nulle part.”
De son expédition, Benjamin passe vite sur les moments douloureux: “J’ai été un peu malade en Turquie et en Azerbaïdjan et sur la fin, on a eu pas mal de pluie”. Ses souvenirs les plus forts: “La Bosnie. Il y a un contraste entre ce pays très beau et les traces de la guerre. Près de la Croatie, nous avons couvert 50km où l’on ne voyait que des maisons détruites. Nous étions très mal à l’aise, jusqu’à arriver enfin sur des villes très dynamiques. La Georgie aussi est très belle et le nord de la Turquie, des paysages irréels.”
Benjamin et Romain vont créer un site pour raconter leur aventure. “On a rempli un cahier de notes pendant notre voyage, donc ça va aller vite.” Et bien évidemment, ils l’ont intitulé “cycling frogs”.