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CCI de Corrèze dans la tourmente: une vingtaine d'emplois en balance

intro cci

“Les CCI sont assassinées par asphyxie et avec préméditation.” La phrase a été prononcée ce matin par le président de la CCI de Corrèze. Pour Jean-Louis Nesti, les mots sont à la hauteur de la gravité de la situation et la déception que lui inspire la mise à la diète des CCI par Bercy. “C’est une trahison qui nous oblige à des sacrifices”. Le plus inquiétant d’entre eux étant la vingtaine d’emplois qui serait menacée.

Hold-up programmé à la CCI de Corrèze“. L’intitulé de la conférence de presse, tenue ce matin à l’immeuble consulaire de Brive, par Jean-Louis Nesti, président de la CCI de Corrèze et Michel Pédamond, directeur, affichait clairement la couleur. Le visage grave, un écusson “Stop”, épinglé sur sa veste, Jean-Louis Nesti a mainte fois répété les termes de “colère, “déception”, “trahison” pour qualifier la contribution demandée par Bercy aux CCI, parlant même d'”assassinat par asphyxie et avec préméditation”.

monsieur nestiLes raisons de son indignation sont les mesures “injustes, anti-proximité, anti-efficacité et anti-compétitivité basées sur le rapport IGF, commandé à charge par le ministre de l’économie de l’époque, plein de contre-vérités et repris, sans qu’on n’ait pu en discuter, dans le cadre du projet de loi de finance 2015.”

Ainsi, en 2015, les comptes des CCI seront prélevés de 500 millions d’euros. Ceux de la CCI de Corrèze l’ont déjà été de 700.000 euros cette année; et, dici 2015, elle sera encore débitée de 1,715 million soit un total de 2,4 millions. “C’est énorme. Nos réserves vont être asséchées. On va se retrouver en 2016 en cessation de paiement. N’importe quelle entreprise déposerait la clé sous la porte dans ces conditions.” En outre, à cette ponction s’ajoute une diminution des ressources que la CCI puisait dans les taxes aux entreprises. “Moins 7% en 2014 (soit 400.000 euros), – 17% en 2015 (soit 850.000 euros), etc. Soit, d’ici 4 ans, une réduction progressive du tiers du montant de cette taxe.

“Quand je suis venu au consulaire, cela fera 30 ans en 2015, je ne pensais pas que ce serait pour gérer un plan social”, a indiqué le président. “Nous sommes des bâtisseurs. Là on nous demande de casser. De faire le sale boulot.” Car ces chiffres auront une conséquence directe, notamment en terme d’emplois. Une vingtaine, sur 70 que compte la CCI de Corrèze, serait d’ailleurs en danger, “même si on va tout faire pour minimiser l’impact de cette réduction des budgets.”

vue de brive de la cciL’autre conséquence porte sur les missions des CCI. Si l’avenir du campus consulaire n’est pas remis en question, le projet étant déjà lancé, son accouchement sera probablement bien plus douloureux qu’escompté. “Les 2,4 millions d’euros qu’on veut nous voler sur nos fonds propres devaient précisément servir d’apport pour financer ce projet à 5,4 millions d’euros. Ainsi, au lieu de prendre sur nos réserves, on devra prendre sur le fonctionnement. Cela nous obligera à faire des choix dans nos missions.” Et le président de citer l’exemple de “Passez le cap”, un dispositif  grâce auquel on a sauvé sans bruit des TPE en les accompagnant dans les coups durs jusqu’au tribunal de commerce.” Il poursuit: “La solution, quelle sera-t-elle ? Que l’on grignote sur notre rôle de service public et que l’on facture tout, devenant ainsi des sociétés de service?” Voilà qui ne lui plaît guère. “En outre, nous avions des projets de valorisation et de mise en valeur du centre de congrès. Comment fera-t-on ? On ne sait pas.”

“Aujourd’hui, on nous reproche d’être trop riche, d’avoir été des gestionnaires rigoureux.  Mais l’argent mis de côté, on ne voulait pas le capitaliser, mais l’investir. Ce qu’on a fait en participant à l’aéroport, aux pépinières d’Ussel, Brive et Tulle, avec des aides aux commerçants, associations de zones… Tout cela sera probablement remis en cause”, déplore-t-il. “Si l’on fait des CCI low cost, ce sera de plus en plus difficile de bien accompagner les entreprises.  Mais je vais me battre jusqu’au bout pour les défendre. Je vais demander à être reçu par l’administration pour leur montrer qu’ils font une grosse erreur et qu’il y a danger. Sans compter qu’au bout du compte, qui va payer quand les CCI n’auront plus d’argent? Ce seront les contribuables.” De même, pour l’aéroport. “Si on ne peut plus payer, il faudra bien que quelqu’un prenne notre place…”

Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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