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Carole Colin : dame de cœur

C’est une fille de l’eau, de la mer, des lacs et des rivières. D’abord, elle y est née. À La Rochelle, côté océan où elle nage, fait de la voile et travaille comme sauveteuse aquatique. Installée en Corrèze depuis 1985, Carole Colin, 60 ans, exerce le métier d’éducatrice sportive au bord des bassins. Son enseignement, celui qu’elle prodigue sans jamais faillir, n’est pas seulement destiné à celles et ceux qui veulent apprendre à nager, mais aussi consacré aux personnes en situation de handicap. C’est son engagement. Montrer que l’on peut être différent, oui, mais au milieu des autres. Avec tous les autres.

«C’est le cœur de ma motivation, explique-t-elle. C’est pour cela que je me suis tant investie auprès de ce public. Je voulais convaincre qu’ils pouvaient tout faire sans être tenus à l’écart dans un monde qui leur serait réservé : celui du handicap. Pour moi, cette distinction était intolérable.

Alors elle se lance corps et âme dans sa bataille. Elle entraîne d’abord quelques personnes en collaboration avec les ergothérapeutes du centre de rééducation de l’hôpital. Dans ce groupe Handisport Pays Vert, ils ne sont alors que quatre. Quatre dans le petit coin de bassin qui leur est réservé. Deux ans plus tard, le groupe s’agrandissant, d’autres dispositions deviennent vite nécessaires en matière de transport et d’horaires. Le CNB (Club des Nageurs de Brive) accepte de prendre la vacation de Carole et crée avec elle le groupe Handinage. Aujourd’hui, ils sont 31 dans le bassin.

« Dans l’eau, il n’y a pas de différence, ailleurs non plus. »

« Je ne cherche pas à faire des champions, poursuit-elle. Mon but à moi, têtue comme je suis, c’est que chacun puisse mesurer l’étendue de ses progrès ainsi que les bienfaits de son entraînement dans l’eau. Mais ce qui m’importe par-dessus tout, ce qui me réjouit le plus, c’est quand je vois mes nageurs communiquer avec le public de la piscine. Quand je les regarde évoluer avec les valides, alors là, effectivement, il n’y a plus de différence. »Carole se revendique comme une femme dinosaure. C’est comme cela qu’elle se surnomme : madame 3D. « Trois dimensions : d’abord dame, parce que j’en suis une, ensuite dinosaure pour l’espèce et enfin diplodocus parce que c’est gentil. J’appartiens à un autre monde, sourit-elle. À l’époque du numérique et de tous ces outils qui mettent en relation les êtres d’une façon virtuelle, on ne peut plus être écouté. Si on ne favorise pas la communication humaine, la vraie, la société sera faite de gens fermés, austères, peureux et même suspicieux. Des gens qui n’iront pas vers les autres. Moi, c’est tout le contraire. Les autres, c’est ce qui me nourrit. » Lorsqu’elle quittera le bord des bassins, lorsque sa voix joviale et bienveillante ne résonnera plus à la douche ou dans les vestiaires, Carole apprendra à tailler la pierre. « Histoire de voir s’il est possible de la rendre malléable. »

 

 

Frédérique Brengues, Photos : Diarmid COURREGES

Frédérique Brengues, Photos : Diarmid COURREGES

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