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Brive signe ses premiers engagements d’attractivité médicale

Trois étudiants en médecine percevront une bourse de la Ville pour finir leurs études moyennant l’engagement de travailler plusieurs années à Brive. Deux infirmiers qui se spécialisent, un dentiste qui s’installe, quatre pharmacies s’équipant en téléconsultation bénéficient également d’une aide financière dans leurs projets. C’est la première concrétisation de la démarche lancée il y a sept mois par la Ville pour étoffer l’offre de santé.

À Brive comme ailleurs, la pénurie de médecins généralistes, de praticiens de santé de façon générale, se fait de plus en plus cruellement sentir. Frédéric Soulier a vertement dénoncé “l’incurie de l’administration centrale” qui aura mis du temps à revoir le numerus clausus contingentant le nombre d’étudiants. “Le verrou a sauté mais il faudra dix ans pour retrouver une situation normale.” Pour lui, le choix était limité: “soit on pleure avec tout le monde, soit on réagit, même si la santé est une compétence de l’État et non pas municipale.” Alors comme bon nombre de villes, Brive s’est lancée en décembre dernier dans une démarche d’attractivité médicale et a mis en point des mesures pour faciliter l’installation de nouveaux praticiens. Une réflexion qui a associé avec pertinence de jeunes et futurs médecins.

La Ville est donc entrée en mêlée, en se servant d’ailleurs comme vecteur de communication du capitaine du CAB Saïd Hirèche, dont l’image (un peu mal en point, il faut dire) reproduite à taille réelle sur présentoir, a veillé ce matin sur cette signature inédite. “Plus de 310.000 euros sont engagés par la Ville”, a chiffré le maire. “Mais ce sont des engagements avec conditions de retour“, a-t-il insisté.

Trois étudiants en médecine vont ainsi bénéficier d’une bourse sur leur fin d’études, en contrepartie de pratiquer ensuite de 3 à 6 ans selon le montant de l’aide dans la cité gaillarde. L’un va entamer sa 8e année à Montpellier, une autre sa 5e année à Limoges et le troisième également sa 5e année à Timisoara. Ce dernier, Abdelltif Raissi, 23 ans, se projette déjà: “Je suis prêt à m’engager, je dois donner six années à Brive. Je viens d’un petit village dans le 89, le terroir est le même, Brive ressemble beaucoup à chez moi”, compare-t-il. Une bourse bienvenue pour l’aider dans ses dernières années de formation: “Mon grand frère est déjà médecin généraliste. J’ai raté le concours d’entrée en France d’un demi-point. Comme je ne voulais faire que médecine, je suis parti en Roumanie”, explique cet Icaunais.

Les mesures qui ciblaient au tout début les généralistes ont été élargies au large éventail des professions de santé. Ainsi deux infirmiers libéraux vont pouvoir repartir sur les bancs de l’université pour devenir IPA, Infirmier en pratique avancée. Cette formation leur permettra d’acquérir des compétences relevant du champ médical, dans le suivi des pathologies chroniques. “L’IPA vient en soutien du médecin pas à sa place”, précise Patrick Almeida, convaincu de la pertinence de cette option qui intervient en lien avec les médecins et l’hôpital.

“L’objectif est d’améliorer le suivi des patients, c’est autant de consultations en moins pour les médecins qui pourront prendre d’autres patients”, complète son homologue Stéphane Penaud, lui aussi 15 ans de pratique. “Compliqué” pour autant de reprendre les études: le coût de la formation, le manque à gagner pour suivre ce Master sur deux ans à la faculté de Limoges à raison de deux semaines par mois sans compter les stages. L’aide de la Ville se révèle un vrai atout. “Je pense que cette politique d’attractivité va créer une dynamique au niveau du territoire afin que d’autres professionnels nous rejoignent.”

Le nouveau dentiste qui va reprendre le cabinet au-dessus de la pharmacie du Pont Cardinal, va bénéficier d’une avance remboursable pour l’achat d’équipements nécessaires à son installation. “J’ai fait mes études à Clermont, j’ai été diplômé en 2019 et j’ai exercé trois ans dans l’Allier à Montluçon. Je reviens aujourd’hui m’installer à Brive”, se présente-t-il. “Ces nouveaux appareils me permettront de proposer des soins en chirurgie et en implantologie.” Il a prévu de débuter le 19 septembre et croule déjà sous les rendez-vous, tout en cherchant une assistante niveau 2.

Quatre pharmacies, du Soleil, de l’Europe, des Cèdres et du Pont Cardinal, ont également bénéficié d’une aide financière pour s’équiper en borne de téléconsultation. Certaines sont d’ailleurs déjà effectives. La téléconsultation permet de palier à l’absence de rendez-vous avec un médecin. “C’est une offre complémentaire, ça ne remplace pas le médecin, c’est du dépannage”, commente Sandrine Chau de la pharmacie du Pont Cardinal. “C’est quelque chose qui se développe et nous avons déjà eu des demandes. Nous en serons équipés courant juillet. Il s’agit d’une cabine avec différents appareils, d’un lecteur de carte vitale. Un médecin accompagne dans les gestes à effectuer.”

La démarche porte ses premiers effets. “Nous allons continuer en septembre à communiquer auprès des étudiants”, a assuré le maire. L’idée est aussi de favoriser l’accueil d’étudiants en stage, mais aussi des maitres de stages en médecine générale qui font défaut à Brive. Frédéric Soulier a également annoncé un diagnostic santé à l’échelle de l’Agglo.

Photos Raphaël Douenne et Marie-Christine Malsoute

 

 

 

 

 

 

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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