La marche en hommage aux 17 personnes tuées dans l’attaque de Charlie Hebdo et les prises d’otages qui ont suivi a réuni plus de 10.000 personnes cet après-midi à Brive.
Un rassemblement sans précédent. Ils étaient aujourd’hui plus de 1,5 million à Paris et plus de 2,5 millions en province. Une journée historique. Dans le département aussi, nombreux sont les manifestants à avoir pris part à des marches républicaines en hommage aux personnes tuées pendant l’attaque terroriste de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, et les prises d’otages qui ont suivi.
Ils ont ainsi été 10.000 à Tulle. 10.000 également à Brive, des anonymes de tous les âges et tous les horizons, beaucoup de familles venues avec leurs enfants; des élus également, à l’image du maire de Brive Frédéric Soulier, du député Philippe Nauche ou encore du sénateur Claude Nougein qui ont été aperçus dans la foule. Une mobilisation impressionnante donc initiée dans la cité gaillarde vendredi soir sur Facebook par Jérôme Levisse, un Saint-Pantaléonnais de 23 ans. “Je suis apolitique, je ne fais partie d’aucune association, d’aucun syndicat, je n’ai pas de religion, je suis neutre, Français avant tout. Ces valeurs de liberté, je les porte dans mon cœur et je sais qu’elles sont chères à beaucoup de gens aussi, d’où ma volonté d’organiser ce rassemblement solidaire.”
Emmanuel Dève, de la librairie Bulles de papier, se trouvait dans la foule cet après midi. Encore sonné, meurtri, “comme tout le monde ici”, il a rappelé le pouvoir des images: “Mieux vaut un petit dessin que de grands discours, dit l’expression. Charlie a porté cela à son paroxysme. Nombre de leurs dessins faisaient office de coups-de-poing, c’était bête et méchant comme ils disaient, c’était souvent bien vu, ravageur… Ils nous incitaient à nous interroger sur certaines dérives”, rappelle-t-il, pointant le festival d’Angoulême, à la fin du mois, où bien sûr, “ces événements seront sur toutes les bouches et dans tous les cœurs.”
Devant le théâtre, où le rendez-vous était donné à 14h15, entre 5.000 et 7.000 personnes étaient présentes, armées de nombreux dessins, écriteaux, pancartes et stylos pointés en l’air. Une foule déjà compacte qui a continué à grossir et ce sont bien 10.000 personnes, selon la police, qui ont fait le tour de la première ceinture du boulevard. Aussi, alors que le bout du cortège marchait encore sur l’avenue de Paris, sa tête, déjà, avait atteint la collégiale.
Pour Claudie, venue avec sa fille, comme pour Louis, venue avec sa mère, c’est une première. L’une, octogénaire, comme l’autre, collégien, n’ont jamais encore manifesté. Mais aujourd’hui, ils ont voulu faire le déplacement: “Ça me fait du bien d’être là”, a confié Claudie après avoir partagé son émoi et son impossibilité, ces derniers jours, de se décrocher des informations. Louis, 13 ans, est venu marcher lui aussi, pour les libertés, contre le terrorisme et les amalgames contre lesquels on les a mis en garde au collège où certains professeurs, délaissant provisoirement leur programme, ont offert aux jeunes un espace d’échanges et de débats bienvenus.
Le rassemblement, qui a commencé par la Marseillaise, s’est achevé une heure plus tard, par une minute de silence. Il aura permis à la foule de scander de nombreux slogans en hommage aux disparus et contre la barbarie; le mot liberté figurant en tête, pas très loin du “On n’a pas peur”, et de l’historique “Je suis Charlie”.