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Bénévole: plus qu’un don de temps, un don de soi

Sylvie Delfaure est une de ces “donneurs de temps” dont la Ville souhaite reconnaître l’engagement (consulter notre article Le pass bénévolat présenté aux associations). Avec une énergie communicative, elle propose des activités créatives aux personnes atteintes de cancer à travers Méli-Mélo des doigts de fées, une association qu’elle a créée et préside. Un engagement bénévole qui fait sens. Ils sont 8.000 comme elle, “d’utilité publique”, à l’échelle de la commune.

Natation, poterie, karaté, émaux… Comme tout le monde, Sylvie Delfaure a longtemps jonglé avec les associations, butinant de l’une à l’autre au gré de ses envies. « J’étais plutôt consommatrice, mais j’appréciais aussi la convivialité, le rapport humain, sans être plus investie que ça. » Jusqu’à il y a 12 ans.

Le déclencheur aura été un cancer dont elle parle très ouvertement : « Lorsque j’ai bénéficié de soins socio-esthétiques, des massages du cuir chevelu, car avec le traitement j’avais perdu mes cheveux, l’esthéticienne m’a confié qu’elle intervenait auprès de personnes qui ne voyaient que les soignants et se retrouvaient en rupture sociale complète. Le cancer fait peur et isole. Moi, j’ai eu la chance d’avoir un environnement familial, amical, social qui a été sans faille tout au long de mon parcours. Ce soutien était tellement fort que je l’ai perçu comme un don, un privilège qu’il fallait quelque part que je rende. »

Comme Sylvie Delfaure, les bénévoles donnent de leur temps et beaucoup d’eux-mêmes dans les associations. À l’échelle de la commune, cela représente plus de 8 000 personnes d’utilité publique œuvrant tout au long de l’année.

Une idée germe, autant par générosité que « pour faire un pied de nez à la maladie ». À cette époque, ce que l’on appelle les soins de support était bien moins développé. « Parallèlement aux protocoles de soins, il n’y avait pas vraiment d’activités adaptées permettant aux personnes fragilisées de se recentrer sur elles-mêmes, de s’évader du traitement, car une personne ne se limite pas à sa maladie : je suis Sylvie, pas un cancer sur pattes… » Alors, pour redonner de ce qu’elle a reçu et forte de ce constat qu’il fallait absolument offrir aux malades autre chose pour se récréer autant que se recréer, elle a l’idée de mettre en place des activités d’arts créatifs, son dada. D’abord au sein de la Ligue contre le cancer, puis dès l’année suivante en créant son association briviste Méli-Mélo. « Ce n’est pas un groupe de parole, on n’est pas là pour ressasser mais pour apporter une bouée d’oxygène, sortir la tête du protocole de soins. Ne serait-ce que pour venir à un atelier, il faut prendre le temps de s’habiller, de se pomponner, reprendre confiance en soi… C’est sans prétention, ce sont de petits pas qui font qu’on va mieux chaque jour. »

Sylvie commence par des activités très simples, puis se démène pour trouver du financement et des intervenants professionnels conciliants. « Il fallait des ateliers de qualité et que l’argent ne soit pas un frein pour la personne. Avec une adhésion de 20 euros, on peut faire de la poterie, de l’art floral, du cartonnage, de la peinture… et même du yoga. On peut aussi juste venir boire un café, se poser. »

L’association, qui compte une trentaine de membres, vit en quasi-autonomie. « On fonctionne avec une subvention des 3C (Centre de coordination en cancérologie, NDLR) et principalement sur la vente des articles qu’on fabrique pour les marchés de Noël et l’organisation de spectacles. Chacun aide à hauteur de ses moyens. » Le pivot de Méli-Mélo s’efface volontiers au profit du « on ». « Une association ne peut fonctionner qu’avec plusieurs personnes de tous horizons. On apporte autant qu’on reçoit et l’on apprend beaucoup en se rapprochant des autres. Il y a des rencontres extraordinaires. Bien sûr, il peut y avoir des difficultés, mais ce n’est pas forcément négatif, ça fait partie de la vie d’un groupe. C’est tellement enrichissant de partager. Moi, ça nourrit mon quotidien. C’est un peu ma soupape. Il faut être conscient que sans le bénévolat, il n’y aurait pas d’associations et, quel que soit le domaine, elles jouent un rôle indispensable de lien social. »

Une expérience qui l’a révélée. Auparavant aide-soignante, elle s’est même reconvertie animatrice sociale à l’Ehpad de Bel Air. « Je devais avoir quelque chose en moi et il y a eu le déclic. » Avec une vitalité communicative, Sylvie jongle entre famille, travail et ses deux associations. Car elle a aussi créé De fil en fil, une autre association de patchwork et de broderie basée celle-ci à Saint-Viance et dont elle est aussi présidente. « C’est du don de soi, du don de temps. Être bénévole m’apporte beaucoup de bonheur. »

Marie Christine MALSOUTE

Marie Christine MALSOUTE

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