Samedi 31 août, le Maryland que Baby tient depuis 35 ans 13 rue Saint-Martin fermera définitivement ses portes. En musique évidemment avec Blues etc! À noter aussi ce soir dès 21h une soirée bœuf pour profiter des dernières impros musicales qui contribuaient à faire le sel de ce café culturel à nul autre pareil dans la cité.
Mardi 27 août en fin de matinée, Gérard Le Brazidec, connu de tous sous le surnom de Baby, a envoyé un mail à tous ses contacts pour annoncer “non sans émotion” la fermeture du Maryland. Il est surpris et touché d’avoir déjà reçu tant de messages émus. “Les gens sont attristés mais ils savaient bien que j’avais mérité de me reposer! J’ai 67 ans”, confie-t-il, “le même âge que ma grand-mère quand elle a repris le café”. Elle l’a tenu 11 ans, lui 35 ans. “Je pense qu’elle serait fière de moi.”
Dès 1999, pour se démarquer, Baby a pris un virage culturel qu’il a entériné en créant l’association L’Art en bar en 2004. Grand bien lui en a pris. Match d’impros, café philo, ateliers d’écriture, soirées littéraires, hypnose… il a osé et ça a payé. Puis il y a eu tous ces concerts surtout, 2500 en tout. Sessions acoustiques irlandaises, rock, jazz manouche et blues, celui de Raoul Ficel notamment. Et Baby de reparler de ces si belles soirées avec Corto Maltese, Francis Lassus, l’ancien batteur de Nougaro ou encore Roger Biwandu qui avait tourné avec Marcus Miller…
Le Maryland a accueilli le tournage d’un film aussi, Le Chant du merle et faisait même son cinéma ces dernières années en s’étant rapproché du festival du moyen-métrage. “Il y aurait un livre à écrire !” Certainement, car c’est un lieu qui avait une âme. A quoi la devait-il ? A sa taille, c’est un lieu tout petit, modeste et convivial avec ses vraies tommettes de Provence au sol! A sa musique. Et à son patron qui savait l’animer avec bienveillance et discrétion. “Tout le monde se sentait bien ici. Beaucoup de couples se sont formés au Maryland, des groupes de musique aussi !” Et tant de secrets ont été partagés : “C’était un vrai confessionnal !”
Baby en a entendu des vertes et des pas mûres pendant 35 ans, des paroles en l’air couvertes par la musique. Car c’est bien cela qui restera in fine. Et c’est donc en musique que le Maryland tirera logiquement sa révérence. Avant que le café ne change de propriétaire et de nom après travaux, il offrira cette fin de semaine ses deux dernières soirées. Un bœuf ce soir, jeudi, et samedi 31 août le concert des Blues etc. Histoire de ne pas tout à fait mettre de point final ? “Je garde sous le coude l’association L’Art en bar. On ne sait jamais ce qui peut arriver…!”, lance-t-il, un sourire généreux éclairant son visage. Sacré Baby ! Tu vas nous manquer !
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Quelques mots d’habitués et de musiciens:
Sam: “Plus de 30 ans que je vais au Maryland. Cet endroit doit sa magie au maître des lieux, Monsieur Baby. Étudiants, on y allait mettre une pièce dans le juke box et sirotait des diabolos et des cafés. On y a connu toutes les aventures européennes du CSP ou de l’OM, avant que cet endroit ne devienne un bar culturel où l’on a pu voir des paquets de concerts, des conférences, des débats, de la poésie, du théâtre d’improvisation, des expos… C’est un lieu ouvert à tous les arts, un lieu d’échanges et d’humanité où j’ai rencontré mes meilleurs amis et de belles personnes, un lieu où tu peux aller seul et te sentir bien malgré tout. On voudrait que ce temps ne cesse jamais. Merci Baby pour tous ces bons moments, pour cette belle parenthèse de joie et de partage, en espérant secrètement que tu vas rouvrir un autre lieu!”
Virginie: “Je ne suis pas cartésienne et la mentalité briviste est assez particulière, mais chez Baby je me suis toujours sentie un peu chez moi, avec la simplicité que j’aime.”
Philippe : “La page du Maryland se tourne, mais cela restera le lieu où j’ai vécu mes plus beaux moment de Blues! L’homme et son café concert seront toujours quelque part dans mon Blues et mes chansons. Merci Baby.” Raoul Ficel
Charly : “Je connais Baby depuis l’époque du lycée, ainsi je sais quelle personne il est. Déjà, il faisait mes devoirs de mathématique, car il était doué dans cette matière, et moi… fainéant. Depuis 35 ans, il œuvre au Maryland et toujours de la même humeur et à la recherche de ce qui pourrait faire vivre son estaminet. C’est pourquoi, il a animé son établissement par la culture, et cela en tout genre (magie, musique, philosophie, théâtre…). L’arrêt de ce café culturel est une perte pour notre ville de Brive. En effet, unique par les matières proposées, il va manquer à nombre de personnes. Il a fait découvrir des talents en donnant la chance aux artistes locaux et parfois-même, à ceux qui venait d’autres pays (Anglais, Américains, etc.) Sans jamais préjuger de la valeur de ses invités, il faisait confiance. C’est aussi cela Baby. La musique qui s’échappait de sa terrasse, le soir, pour inonder de notes le quartier, va laisser un grand vide maintenant. Souhaitons une belle retraite à cet être hors norme : Gérard dit Baby.”