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Avec “Meurtres à Lascaux”, Pierre-Yves Demars invente le paléopolar

intro pierre yves demars

Meurtres à Lascaux du Briviste Pierre-Yves Demars se situe à la frontière de la vérité et de la fiction, de la science et du roman policier. Un territoire où le préhistorien est tout à son aise pour tirer les fils d’un genre nouveau qu’il a appelé le paléopolar. A noter que l’auteur sera en dédicace au Cultura du centre-ville ce vendredi après-midi de 14h à 18h.

portraitDans le dernier ouvrage de Pierre-Yves Demars, on retrouve toutes les ficelles qui font le sel des romans policiers: meurtres, suspicion, enquête mais aussi histoire d’amour et de rivalités. A la différence près que l’intrigue se déroule il y a 17.000 ans dans le Périgord, à l’époque de la dernière glaciation et qu’elle s’ouvre sur un massacre de rênes orchestré par les Magdaléniens. Au cœur de l’enquête menée par Isard Bondissant, jeune chasseur venu des lointaines Pyrénées pour chercher sa promise Feuille-de-saule, figure le père de cette dernière: Œil de faucon, le peintre de la tribu qui a été assassiné dans la grotte de Lascaux.

Le préhistorien qui a fait sa carrière au CNRS à Bordeaux n’en est pas à son premier ouvrage de fiction. Un genre qu’il a commencé d’explorer il y a longtemps, en même temps qu’il a débuté l’écriture d’articles scientifiques. La littérature et les sciences sont deux passions auxquelles il s’adonne parallèlement, sans qu’il ne voit entre elles de contradictions. Au contraire.

“A 99%, la science consiste en la récupération de données, l’étude des phénomènes et l’interprétation qui nécessite d’avoir de l’imagination. Celle-ci est même féconde car on ne voit que ce que l’on veut bien voir“. Puis il nuance: “Pour autant, en sciences, l’imaginaire est coincé dans les limites des données recueillies.” Une entrave parmi d’autres qui peut générer quelques frustrations: “La science admet et réclame que toute hypothèse doit être réfutable. Ce n’est pas un dogme. On va d’approximations en approximations, recherchant la vérité sans jamais l’atteindre.”

livresMais là où le scientifique, faute d’arguments et de preuves suffisamment probants, reste bloqué, le romancier est à même de se frayer une voie, libre qu’il est de mélanger le vrai et le faux et de laisser planer l’ambiguité, exclue du discours scientifique: “Il doit être court et clair. C’est assez froid et ennuyeux”, reconnaît-il. “Dans le roman, on est libre de choisir son style, sa longueur, il y a plus de plaisir et notamment celui de rouler son lecteur dans la farine“.

Dans Meurtres à Lascaux, plus que de servir à son lecteur des données objectives sur la préhistoire, le but de Pierre-Yves Demars était de l’emmener aux côtés des Magdaléniens pour observer de près comment ils chassent et vivent, pour mieux comprendre qui ils sont. Et pour cela, il est parti de faits avérés comme la chasse aux rênes qui descendaient du Massif Central après la saison estivale. “C’est une contrainte que je m’impose mais qui est pour moi le moyen d’enrichir mon propos.”

Du temps de la préhistoire, explique le spécialiste, il y a des choses que l’on connaît très bien, comme la taille des pierres, et d’autres, dont on ne sait rien. A commencer par les rapports entre les hommes et les femmes. “C’est là que je redeviens écrivain“, et qu’il comble l’espace laissé vacant par la science du bout de son imaginaire et de sa plume. Car si Pierre-Yves Demars rédige ses articles scientifiques à l’ordinateur, il écrit toujours le premier jet de ses ouvrages littéraires à la main “car là, c’est le cœur qui parle“.

Meurtres à Lascaux, Pierre-Yves Demars, 249 pages, chez Gestes éditions, dans la collection Le geste noir. 13€90

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Jennifer BRESSAN

Jennifer BRESSAN

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